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Philosophie: Ce qui est naturel est-il forcément bon ? (dissertation)

plan détaillé philosophie : l'art est-il utile ?

Publié le 07/04/2024

Extrait du document

« Dissertation de Philosophie Sujet 1 : l’art est-il utile ? « L’art » comme le suppose son étymologie grecque « technè » (technique) se caractérise par un savoir-faire, une maitrise technique. L’adjectif « utile » suppose lui que l’art possède une fonction, qu’il satisfait un besoin. Dans l’Antiquité, on ne faisait pas de distinction entre l’art et l’artisanat, puisque ces deux activités nécessitaient la maitrise de techniques, de savoir-faire. Par exemple, le sculpteur comme le menuiser devaient s’exercer longuement pour développer leur talent. Aujourd’hui, l’art se caractérise par l’ensemble des activités visant à la création esthétique. C’est ce que l’on nomme les « BeauxArts », qui comprennent diverses activités telles l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique, les arts de la scène, le cinéma… Cette définition moderne suppose que l’art se limite au Beau, c’est-à-dire à sentiment de plaisir devant la réalisation, médiatisé par un jugement. On se demande donc si l’art répond à un besoin, s’il sert une cause, s’il a une fonction, c’est-à-dire si l’art répond à un intérêt. Ou bien, si à l’inverse, l’art, qui est un savoir-faire, n’a aucune fonction et ne répond à aucun besoin. En définitive, si l’art est désintéressé. Il s’agira dans un premier temps de montrer que l’art est fonctionnel puisqu’il se décline et permet un accomplissement diversifié. Ensuite, nous démontrerons que malgré ses fonctions multiples, l’art doit nécessairement être esthétique. Enfin, nous observeront que l’art est très souvent limité à son caractère esthétique ou à son processus de création, ce qui ne lui donne pas une fonction utilitaire en soi. OUI – l’art possèdent de nombreuses fonctions, en autres cathartiques et éducatives A. la catharsis : purgation des passions Argument + exemple : L’art est utile puisqu’il permet de transmettre des émotions. Au théâtre, la tragédie permet aux spectateurs de vivre une expérience émotionnelle intense tout en restant dans un cadre fictif. Elle captive l'audience et la conduit à ressentir des émotions telles que la peur, la pitié et la compassion. Selon Aristote, la tragédie suscite chez les spectateurs des émotions fortes liées aux actions des personnages tragiques (meurtre, décès…). En vivant ces émotions par procuration à travers le théâtre, les spectateurs sont purgés de leurs propres émotions excessives (pulsions, désirs). C’est ce qu’Aristote nomme la catharsis, c’est-à-dire la purgation des passions. Celle-ci permet aux spectateurs de réfléchir sur leur conflit pulsionnel et le charactère tragique de la pièce va les conduire à ne pas assouvir leurs passions dans le réel. Ainsi, avec la tragédie grecque Eodipe roi, les spectateurs pouvaient ressentir un sentiment cathartique. B.

l’art pour éduquer Argument + exemple : L'art engagé est une forme d'expression artistique qui cherche à transmettre un message social, politique ou idéologique spécifique. Son utilité réside dans sa capacité à sensibiliser, à mobiliser et à provoquer des changements au sein de la société. L'art engagé est souvent utilisé pour attirer l'attention du public sur des questions importantes telles que les injustices sociales, les droits de l'homme, la discrimination, la pauvreté, les conflits politiques, etc. Les artistes engagés utilisent leur travail pour mettre en lumière des problèmes souvent ignorés ou minimisés par les médias traditionnels. En exposant ces problèmes et en suscitant des émotions chez le public, l'art engagé peut inspirer les individus à agir, à se mobiliser et à lutter. Ainsi, Victor Hugo avec son roman Le Dernier Jour d’un Condamné s’oppose très largement à la peine de mort, dans un contexte où le débat sur la question de la peine capitale était très vif en France. Son roman a eu un impact significatif sur la société française de l’époque. Il a même contribué à promouvoir des réformes législatives en faveur de l’abolition de la peine de mort. MAIS – L’art bien qu’ayant de nombreuses fonctions n’est qu’esthétique : idée de l’art pour l’art A. L’importance du Beau et de notre appréciation de l’art L’art pour l’art est une idée fondamentale qui a émergé au XIXe siècle. Cette idée défend l’idée que l’art doit être apprécié pour sa propre valeur, indépendamment de son utilité. Un principe important de l’art pour l’art est la célébration de la « beauté pour la beauté ». Cela signifie que l’art doit être simplement beau, sans servir de but pratique. C’est ce que soutient Théophile Gautier lorsqu’il affirme « tous ce qui est utile est laid, ce qui est de plus laid dans une maison : les toilettes ». Il suggère ainsi que les objets qui sont considérés comme utiles sont souvent dépourvus de beauté. Par exemple, les toilettes qu’il mentionne, sont rarement considérées comme un objet beau ou esthétique. Il marque ainsi cette rupture entre le Beau et l’utile. Il veut en effet grâce à cette rupture, mettre en lumière l’importance de la beauté dans nos vies et de notre appréciation de l’art. B. critique de l’utilitarisme de l’art Kant nous propose une vision différente de l’art. Pour lui, l’idée selon laquelle l’art devrait être évalué en fonction de son utilité pour être légitime est fausse. Il soutient à l’inverse que l’art possède une finalité désintéressée, c’est-à-dire que l’on tire de l’art un simple plaisir à la contemplation de.... »

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Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

Catégorie : L’art

L’art, cette manifestation exceptionnelle de la créativité humaine, est bien plus qu’une simple expression esthétique. Il agit comme un miroir de l’âme collective de la société, suscitant des débats sur la signification, la perception et le pouvoir transformateur de la beauté. Au cœur de l’art se trouve la quête de compréhension de l’humain et de son rapport au monde qui l’entoure.

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En art, tout s’apprend-il ?

La dissertation philosophique qui suit aborde la question fascinante : « En art, tout s’apprend-il ? ». De nombreux aspects seront examinés pour évaluer si l’art peut être entièrement enseigné ou s’il existe des éléments intrinsèquement innés.

  • Dissertations

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Dire que l’art qu’il n’est pas utilitaire, est-ce dire qu’il est inutile ?

Dans cette dissertation philosophique, nous nous interrogerons sur le rôle et la valeur de l’art. Si l’art n’a pas d’utilité pragmatique, est-ce pour autant qu’il est sans valeur ou même inutile ? Une réflexion qui questionne l’essence même de l’art.

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Créer, est-ce rompre avec la tradition ?

La création artistique est souvent vue comme une forme d’innovation, impliquant une rupture avec la tradition. Cependant, cette dissertation se penchera sur la question de savoir si créer signifie absolument abandonner le passé et ses codes établis.

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Apprécier une oeuvre d’art, cela s’apprend-t-il ?

La capacité d’apprécier une œuvre d’art est souvent vue comme innée. Cependant, la question se pose : est-ce que l’on peut apprendre à apprécier l’art ? Ce sujet complexe interroge le rôle de l’éducation dans notre rapport à l’art.

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L’art nous détourne-t-il de la réalité ?

Cette interrogation nous invite à réfléchir sur la nature de l’art et son rôle dans notre perception et notre compréhension de la réalité.

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Beauté et utilité sont-elles incompatibles ?

La dissertation philosophique qui suit explore la relation complexe entre la beauté et l’utilité. Elle questionne si ces deux concepts sont incompatibles, ou si au contraire, ils peuvent coexister et se renforcer mutuellement dans divers aspects de la vie et de l’art.

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Tout le monde est-il artiste ?

La question « Tout le monde est-il artiste ? » soulève des interrogations profondes sur la nature de l’art et de la créativité. Cette dissertation philosophique explorera les différentes perspectives sur ce sujet, en examinant les définitions traditionnelles de l’artiste et en les confrontant aux conceptions contemporaines.

PHILOTURGOT

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L’ART – CORRIGE DE DISSERTATION- A quoi sert une œuvre d’art ?

L’art est tout d’abord un fait culturel universel: il n’existe pas de société humaine sans qu’une forme ou une autre d’art soit présente (musique, peinture, sculpture, danse, théâtre…). La présence constante du fait artistique semble indiquer une nécessité universelle pour les hommes. Nécessaire, mais pourquoi ? A quoi les œuvres d’art peuvent-elles bien nous servir ?

La question se pose car après tout, l’art ne correspond à aucun besoin primaire : l’homme peut tout à fait survivre sans art. L’art ne serait-il donc qu’un simple « plus », un luxe ? Et si ce n’est pas le cas, en quoi est-il indispensable à l’homme ? L’art doit-il se mettre au service de quelque chose ?

Nous verrons dans une première partie que l’art n’est pas utile à la survie des hommes, et nous distinguerons art et technique. Dans un second temps nous verrons comment l’art est pourtant indissociable du contexte politique et social dans lequel il s’inscrit, et comment on peut mettre l’art au service de toute sorte de fins. Enfin nous tenterons de préciser ce qui fait la spécificité de l’art comme recherche esthétique,  et la nécessité fondamentale des œuvres d’art pour l’être humain, en distinguant bien cette nécessité de la notion d’utilité.

L’Antiquité ne distingue pas l’art de la technique : toute production humaine est désignée par le même mot : τέχνη en grec, ars en latin. L’art est tout simplement le savoir-faire et l’habileté manuelle des hommes. Cependant les œuvres d’art sont depuis le XVIIIème siècle distinguées des objets techniques par le fait qu’elles sont destinées à produire une sensation esthétique sur celui qui en est le spectateur ou l’auditeur. La technique est alors la recherche de l’utile, et l’art est la recherche du beau.

L’art est donc défini comme l’activité par laquelle l’homme produit un spectacle ou un objet qui soit beau. Or la beauté n’est pas nécessaire à la survie. Une œuvre d’art ne correspond à aucun besoin primaire, à aucune utilité pratique. Il arrive certes souvent qu’un objet utilitaire soit aussi un bel objet. Des meubles issus de l’artisanat traditionnel, des œuvres de designers comme Philip Starck ou autres en témoignent.  Mais on peut considérer que l’esthétique est un « plus » destiné à rendre plus attractif un objet qui serait tout aussi utile et fonctionnel sans cela.

L’art est-il dès lors une occupation parfaitement superflue et vaine?

On pourrait en effet penser que les œuvres d’art ne servent qu’à décorer et à embellir le quotidien, à nous évader et à passer le temps. Le monde imaginaire créé par l’art nous sert à fuir le quotidien, à oublier pour un temps nos soucis. Pour nous détendre, nous allons au concert ou au spectacle, nous fuyons alors la réalité dans les songes agréables que nous dispensent les artistes.

Cependant les œuvres ne sont jamais neutres et hors contexte. Elles agissent sur les hommes.

L’œuvre d’art possède  un fort impact social voire politique. L’art peut créer une sensibilité commune entre les hommes. Il peut véhiculer des valeurs. Un peuple se reconnaît dans son art, comme il se reconnaît dans ses croyances religieuses et ses valeurs morales. Les œuvres d’art offrent ainsi à leur époque un miroir dans lequel elle peut prendre conscience d’elle-même. Par exemple, Marcel Duchamp renvoie à l’Europe en guerre l’image de l’absurdité, de la ruine de toutes les croyances antérieures – et aussi l’avènement d’un monde totalement nouveau.

L’art n’est jamais neutre, il véhicule des messages et des valeurs. L’artiste exprime dans son œuvre ses idées par le moyen de sa sensibilité : par des formes, des sons, des couleurs ou des gestes, et non pas par des mots. Un film nous tire des larmes plus facilement que le spectacle de la réalité. L’expression sensible peut avoir un impact beaucoup plus fort qu’un discours, les images frappent les spectateurs bien plus que les mots. L’art peut donc servir à imposer des sentiments ou des idées.  Après la seconde guerre mondiale, le cinéma hollywoodien a propagés l’american way of life et les valeurs des Etats-Unis.

Les hommes de pouvoir peu scrupuleux connaissent bien ces pouvoirs de l’art et trop souvent tentent de s’en servir pour assurer leur propagande. Il n’est malheureusement pas rare dans l’histoire de trouver de tels exemples d’œuvres réduites à n’être que les simples vecteurs d’une idéologie religieuse ou politique.

Mais l’art de propagande est-il encore de l’art ? L’art n’a pas pour fonction de plaire, car plaire, c’est déjà manipuler .

La fréquentation des œuvres d’art nous apprend à voir, à sentir, à penser autrement le réel, et non à le fuir. L’art peut être drôle et grave, il peut révéler des sentiments profonds, complexes, refléter ou sublimer nos désirs et nos angoisses. Une œuvre d’art peut être laide, accusatrice, dérangeante ou inquiétante, elle peut dénoncer des injustices, renverser des conventions, flatter les puissants tout en faisant leur caricature comme Goya par exemple,  mettre en crise des idées reçues.

Ne devrait-on pas dire alors que l’œuvre d’art sert à révéler des vérités enfouies au cœur même des hommes ? L’œuvre d’art est capable d’exprimer le monde sensible mieux que les mots ne peuvent le faire. L’art n’est pas un simple passe-temps, une activité superflue et vaine, futile et dérisoire : elle implique l’homme dans son être et manifeste sa liberté.

Dès lors, l’œuvre d’art peut aussi déplaire, peut-être même le doit-elle. Cela pour éviter à la fois l’académisme et l’asservissement à la propagande. L’artiste authentique crée ses propres règles, et  assume sa position dans le monde.

Au terme de notre analyse, nous avons dépassé à la fois l’idée que l’œuvre d’art soit un simple luxe sans réelle nécessité, et l’idée que l’art se réduise à être au service de quelque chose. Si l’art vaut quelque chose, c’est bel et bien par cette liberté, cette indépendance certes fragile mais fondamentale, qu’il gagne contre les conventions et les manipulations. Il nous apprend à voir, à percevoir autrement. En somme, si l’art doit se mettre au service de quelque chose, c’est de notre liberté.

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La-Philosophie.com : Cours, Résumés & Citations de Philosophie - "Il ne faut pas apprendre la philosophie, mais apprendre à philosopher !"

L’art en philosophie

Le terme art a longtemps désigné les savoir-faire artisanaux, les modes de production et déjà en grec, les termes poiésis et technè recouvraient indifféremment l’activité des artistes et celle des artisans. Néanmoins, l’existence des différents arts dans les sociétés humaines a invité la philosophie, dès son origine, à s’interroger sur eux. Quelle est leur fonction ? Doit-on s’en méfier ?

Dans les faits, l’évolution des arts, et surtout leur diversité rend difficile une définition de l’art au singulier. Car l’art est un terme qui se suffit désormais à lui-même. Aujourd’hui utilisé sans épithète, l’art désigne une forme culturelle qui n’a que récemment été comprise comme autonome, en s’émancipant aussi bien des techniques de production dans sa forme que des religions dans son contenu.

Mais surtout, parler de l’art au singulier implique un jugement de valeur : on ne se contente pas d’englober un certain nombre d’objet – des tableaux, des poèmes, des films etc… mais on comprend ainsi une manière d’être (l’artiste, longtemps assimilé au génie) une manière de faire (la création d’œuvres) et une manière de sentir (l’expérience esthétique)

La philosophie de l’art

Art et vérité.

Dans L a République , Platon considère que l’art, plus spécifiquement la peinture et la poésie, est une activité mensongère, puisqu’il consiste à produire des faux-semblants ; en conséquences, dans une cité idéal, on devrait pouvoir se passer d’artiste.

Pour Aristote, l’activité artistique exprime au contraire un authentique effort de connaissance. Dans La Poétique, il déclare que la poésie est “plus philosophique et plus noble que l’histoire”, plus qu’une description pure et simple de faits singuliers. L’art permet d’atteindre une vérité plus générale que la vérité immédiate. Par ce moyen, l’homme peut parvenir à se connaître lui-même. La finalité de l’art peut alors rejoindre l’ambition de la philosophie.

Une philosophie de l’art qui ne s’élève pas contre l’art, mais qui en pense à la fois la nature et la fonction, sera développée au XIXème siècle dans la monumentale Esthétique de Hegel. Quant à la philosophie de Nietzsche, elle procède à une réévaluation de l’artiste.

L’artiste

Non seulement la finalité de l’art pose problème, mais la définition de l’activité artistique et de l’artiste n’est pas simple. Pour définir l’artiste, il faut s’interroger sur ce que la production des œuvres d’art comporte d’énigmatique. Tant qu’elle a été considérée comme une imitation de la nature, l’activité artistique n’était pas comprise comme création originale. Et l’idée de création est passée tardivement à la métaphysique à l’art.

Pour Kant, la puissance de création de l’artiste réside dans son génie, dans sa capacité d’invention. Alors que la technique procède par l’application d’une science, le génie de l’artiste consiste à produire son œuvre sans posséder le savoir de ce qu’il fait.

Mais être artiste implique aussi une manière d’être et de percevoir le monde. L’existence humaine peut alors devenir esthétique pour elle-même. “L’homme n’est plus artiste, il devient lui-même œuvre d’art”, écrit Nietzsche dans La Naissance de la tragédie .

La République - Histoire analysée en images et œuvres d'art | https://histoire-image.org/

L’esthétique

Pour Kant, dans la Critique de la faculté de juger , l’esthétique, est une étude de la subjectivité humaine lorsqu’elle éprouve du plaisir et du déplaisir : le Beau se définit comme “ce qui plaît universellement sans concept”.

Mais cette idée d’une universalité du Beau dépend du privilège accordé par Kant à la beauté naturelle. Dans la contemplation de la nature, le Beau peut-être éprouvé indépendamment des œuvres d’art, ainsi que des époques où elles se situent. Selon Kant, le jugement de goût possède une universalité, mais lorsqu’il se confronte aux œuvres d’art, il risque de perdre ce caractère. Chacun sent ce qu’est la beauté, mais les avis diffèrent sur ce qui est beau. Car le jugement de goût, même s’il semble être strictement individuel, possède un caractère social.

Art et société

Les œuvres d’art possèdent une fonction sociale de cohésion. Elles permettent de relier un groupe humain, elles ont donc une fonction religieuse ; pensons aux tragédies grecques du Moyen-âge. Mais on peut aussi constater que le jugement du goût que l’on porte sur les œuvres d’art a une fonction de distinction, et qu’il sert à séparer des groupes à l’intérieur d’une même société : il y a alors un “bon” et un “mauvais” goût, un goût “vulgaire” et un goût “raffiné”.

La mort de l’art

Avec Hegel, l’esthétique se donne exclusivement l’art pour objet. L’objet de l’esthétique est moins le Beau que la signification des œuvres d’art dans leur diversité. L’art, sous toutes ses formes, est considéré comme le moyen d’expression par lequel la conscience humaine se manifeste historiquement. La dimension historique des expressions artistiques est donc reconnue.

A travers l’histoire, l’art s’est modifié à tel point qu’il a fini par devenir un moyen dépassé : Hegel déclare que l’art “appartient au passé”, ce qui ne veut pas dire qu’on ne produit plus d’œuvres d’art, mais que leur rôle est devenu inessentiel. La “mort de l’art” ne se manifeste pas par un détachement total vis-à-vis des œuvres d’art, mais par l’apparition d’une nouvelle manière de les aborder, plus distanciée et plus savante, que Hegel nomme “esthétique”.

REGARD ELOIGNE: TRAGEDIE ANTIQUE

La nature de l’œuvre d’art

Est-ce que tout peut devenir art .

Il est impossible de définir l’œuvre d’art de manière unique, car ce qu’on définit comme une œuvre d’art varie selon les périodes historiques. La définition de l’art est historique, et elle met aussi bien en jeu notre rapport au passé qu’à l’actualité. Au début du XXème siècle par exemple, lorsque le mouvement Dada se proclame “anti-art”, Marcel Duchamp inventa le “ready-made” en proposant que n’importe quel objet puisse être arbitrairement baptisé œuvre d’art. Il choisit par provocation un qu’un urinoir soit considéré comme une sculpture et soit exposé comme telle. La valeur et la signification de l’œuvre d’art deviennent alors extrêmement problématiques. Aujourd’hui, on peu se demander quand, par exemple, on peut dire d’une photographie c’est de l’art.

L’œuvre d’art et le sacré

Depuis Platon, l’œuvre d’art apparaît comme une réalité intrigante : elle n’a par elle-même qu’une réalité inconsistante, car elle n’a de sens et de valeur que relativement à ce qu’elle “mime”, à ce qu’elle imite sans l’être. Ainsi, un masque est inquiétant parce qu’il simule quelque chose en dissimulant une réalité ; dans un cérémonial magique, il est un accessoire porté pour manifester autre chose.

Plus généralement, les œuvres d’art, tant qu’elles restent perçues comme des fétiches comme des objets magiques ou sacrés, ne sont pas encore appréciées comme œuvres d’art. Le chrétien qui prie devant un crucifix n’est pas là pour admirer (voire pour critiquer) le travail de l’artiste qui l’a sculpté.

La valeur culturelle des œuvres d’art s’est déplacée en situant le sacré dans l’œuvre elle-même, et non pas dans ce qu’elle signifie. Pour Walter Benjamin, l’œuvre authentique dans sa matérialité est reproductible, mais son “aura”, sa valeur culturelle, tient au caractère unique de son apparition.

L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique

La photographie, le disque possède l’avantage de nous familiariser avec une multiplicité d’œuvres qui, sans cela, nous resteraient méconnues. La reproductibilité technique des œuvres d’art les rend plus disponibles, même si elle leur fait perdre leur aura. Cette nouvelle approche des œuvres qui nous est offerte nous invite, selon André Malraux, à constituer un “musée imaginaire” plus vaste et plus riche que tous les musées existants. mais la médiatisation des œuvres d’art remet en cause la perception que nous avons d’elle et le charme qu’elles sont susceptibles d’avoir sur nous.

Fontaine, L'Oeuvre Clé De Marcel Duchamp - ICON-ICON

L’art interesse la philosophie parce qu’il met en jeu, de Platon à Nietzsche, une réflexion sur l’être : l’œuvre d’art, qu’elle séduise ou non par sa beauté, convie encore à s’interroger sur la réalité et à la distinguer de l’apparence immédiate. L’art peut devenir un moyen d’atteindre la vérité : si on l’a condamné comme producteur d’illusions, on peut aussi le considérer comme le révélateur d’une vérité impossible à percevoir autrement. Longtemps indissociable de la religion, l’art a pu ensuite faire l’objet d’un culte autonome, mais ce culte semble menacé par la production industrielle des biens culturels. La réflexion philosophique sur l’art a été relancée par l’importance des mutations techniques de reproduction. Elle est aussi stimulée par les révolutions artistiques qui ont profondément modifié l’art au XXème siècle.

Définitions particulières de philosophes sur l’art :

– L’art selon Aristote : “L’art (technè) est une certaine disposition accompagnée de règle vraie, capable de produire ( Ethique à Nicomaque )

– L’art selon Kant :

  • “L’art se distingue de la nature comme faire d’agir ou effectuer en général et le produit ou la conséquence du premier, l’ouvrage se distingue de même des effets de la seconde. L’art, habileté de l’homme, se distingue aussi de la science (comme pouvoir de savoir) (Critique du Jugement)
  • “Les Beaux-Arts sont les arts du génie” ( Critique du Jugement )

– L’art selon Schopenhauer : “L’art est contemplation des choses, indépendante du principe de raison” ( Le Monde comme Volonté et comme Représentation )

– L’art selon Nietzsche : “L’essentiel dans l’art, c’est qu’il parachève l’existence, c’est qu’il est générateur de perfection et de plénitude. L’art est par essence affirmation, bénédiction, divinisation de l’existence” (La Volonté de Puissance)

– L’art selon Heidegger :”L’essence de l’art, c’est la vérité se mettant elle-même en oeuvre” (Chemins qui ne mènent nulle part)

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30 Comments

fonction de l'art dissertation

j’aime la philosophie

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sarr ngagne says: “j’aime la philosophie” Ce commentaire a besoin d’une argumentation pour devenir pertinent.

Je ne suis qu’en partit satisfait de ces argument qui propose un premier paragraphe pertinent qui néanmoins demande un approfondissement, et peut satisfait des situation selon mois sembles hasardeuse et sans avis, point de vue ni explication.

L’art est très difficile a définir, selon moi elle est relatif a notre rapport avec la contemplation, la réflexion et la critique.

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je suis philosophe congolais et je pense que la définition de l’art n’est pas hors de la culture dans la quelle on se trouve car pour les unes c’est utilité et pour les autres la contemplation…

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l art a pour unique raison que la beauté

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la congolexicomatisation des lois du marché est un bon sujet philosophique

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Que faite vous de l’art contemporain ? a t-il réellement pour but la beauté? n’est ce pas plutôt le sens qui est recherché?

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l’art est l’indefinisable

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Impressionnant, que de réflexion dans ce propos. Aies au moins la pertinence de proposer une définition au lieu d’occulter celles que proposent d’autres philosophes (au sens éthymologique). Pour ma part, l’art correspond à l’équilibre entre technique, contemplation et sens.

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L’art ne pourra être défini que dans son objectif de vouloir montrer la beauté la vérité et le bien

Je n’ai peut être pas assez d’appuis car je n’ai probablement pas suffisamment de facteurs mais je pense que l’Art dans un premier temps réside dans notre perception de la “beauté”, c’est un concept qui englobe des milliers de fenêtres ouvertes sur ce qui chante à l’artiste, à lui de faire germer tel ou tel émotion chez l’observateur. Son but va être de le manipuler en s’appuyant sur des détail qu’il aurait voulu mettre en valeur. Ainsi nous pouvons répondre,( en surface et approximativement bien sur) a deux question, une œuvre d’art est une fenêtre sur le monde, le rôle de l’artiste va être d’y placer un filtre. (en percevant, un traduisant sa perception, puis en l’insérant dans “l’esprit” d’autrui.) Pour ma part, l’Art est donc une passerelle entre le “moi”(universelle évidement) et l”autrui”, autre que les mots (trop peut, hasardeux, inexactes) , qui pourraient être interprétés comme la preuve de notre incapacité à nous comprendre. L’Art serrait donc un mode de communication aux nuances beaucoup plus fines et nombreuses, à l’impacte plus brutal, plus profond.

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Faut-il imiter la nature pour creer quelque chose?

Ya til yne difference entre l’art et lesthetique?

L’art serait pour moi l’esthétique beauté du sujet à développer son sens de création .rien n’est plus beau que l’inspiration c’est donc dire que l’inspiration c’est l’art la plus absolue qu’il existe,la plus créatrice et idéal car à chaque nouvelle inspiration se dégage une nouvelle invention.

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qu est ce que la philosophie

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La philosophie c’est la connaissance sur tt ce que vous pourrais imaginé, lart est different que la philosophie.

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l’art est le fruit de toute contemplation sensitive. mais cependant celle ci répose d’une part sur l’agréable qui s’appuie lui s’appuie sur la sensibilité de individuelle et d’autres part elle repose sur le beau qui lui reste absolue et universel.

une oeuvre d’art a t-elle toujours un sens?

fonction de l'art dissertation

l’art s’éloigne de la technique par l’absence de la connaissance de ceux qui le contemple , lorsque l’humain pourra recréer la nature il n’y aura plus d’art, tout sera technique.

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L’art est-il une technique ?

fonction de l'art dissertation

Pour moi l art est l’ ensemble de tout ce qu’ englobe la beauté naturelle et la culture tourner vers le sens émotionnelle et éducatif

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Arthur 04/03/2019 at 17:53 L’art est-il une technique ?

Oui, c’est une technique.. Pour les grecs, Artiste signifiait Maitre dans n’importe quel metier..

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Chacun à son point de vue pour la question qu’est-ce que l’art car comme pour les œuvres, l’art peur toucher tout le monde mais d’une façon différente pour chaque individu, l’art est comme la parole est cette une façon pour une être humain de s’exprimer et comme la parole, le sens qu’un artiste donne à une oeuvre ne sera pas forcément le même que comprendra la personne qui la voit. C’est pareille pour l’art. L’art est universel et indéfinissable objectivement, c’est mon point de vue.

fonction de l'art dissertation

L’art serait -il cette manière dont nou. s percevons le monde qui nous entour, et celui qui , nous habite;et que nous tentons souvent ,d’exposer à l’autre , sans jamais réussir de façon parfaite…?

fonction de l'art dissertation

Bien sur que l’art est définissable sinon il ne serait pas l’objet de tous ces commentaires! Mais ses définitions sont multiples et dépendent du point de vue, lequel doit nécessairement être précisé lorsqu’on veut en donner une définition, fût-elle une définition négative du genre “on ne peut pas définir l’art”. Il faut peut être rappeler d’abord les deux points de vue primordiaux dans la définition de l’art:

– le point de vue de la production de l’art – point de vue du Faire. Qu’est-ce qui fait qu’un objet est consensuellement défini comme une œuvre d’art et le sépare de l’artisanat ou de l’industrie? Ce premier point de vue doit pouvoir être ‘objectivement’ défini car sans quoi, aucune ‘protection’ d’œuvre d’art n’a de sens: inutile de mettre ces objets dans des musées pour les conserver comme témoignage, inutile de les restituer le cas échéant. – le point de vue de la contemplation d’une œuvre d’art, de sa perception – point de vue Intellectuel. Qu’est-ce qui fait que j’éprouve des sentiments, pas nécessairement positifs d’ailleurs, en contemplant une œuvre d’art? Qu’est-ce qui fait qu’une œuvre d’art ‘exprime’ quelque chose en moi? Ce deuxième point de vue est éminemment subjectif et dépend de la culture et de l’éducation que l’on a reçu. Il demande apprentissage et ouverture d’esprit. Ne pas oublier enfin qu’il s’agit d’une anthropologie, que tous les points de vue sur l’art disent quelque chose de l’Homme au sens universel et que, dans ce sens, l’art est un moyen d’expression de l’espèce, différent du langage, mais avec sa grammaire et son vocabulaire.

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L’art est le passage de représentations subjectives à la matérialisation, dans l’objectif de rendre effectif un sentiment ou une opinion, il peut donc être contemplatif ou conceptuel.

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Et moi je suis peu satisfaite de remises en cause tellement pleines de fautes d’orthographe et de français qu’elles en sont incompréhensibles !

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Et moi je ne suis pas du tout satisfait de ta contestation de la remise en cause. Celle-ci manque en effet de recul pour prendre suffisament de distance afin d’appréhender le propos général derrière les (certes nombreuses) fautes d’othographe et de syntaxe ainsi que de l’humour suffisant pour comprendre l’ironie que pointe notre comparse sur le fait que notre commentateur originel ait donné un avis si court sur le sujet demandant pourtant tant d’élaboration et d’abstraction qu’est la philosphie.

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De toutes façons votre argumentaire est tellement hors de propos que vous n’auriez sans doute rien compris même s’il avait été au fait de l’orthographe. Qui est selon moi un attrape nigaud. On n’a qu’à l’apprendre par cœur l’orthographe et hop! Pas de réflexion là. Pas de grande gloire non plus. À bon entendeur salut!

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L'art n'est-il qu'un divertissement ?

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Nouvelle-Calédonie • Novembre 2012

dissertation • Série L

Définir les termes du sujet

  • Au sens large, ce terme désigne toute pratique requérant un savoir-faire pour être accomplie. Synonyme de technique, il s'oppose au hasard.
  • En un sens restreint, il est l'activité de l'artiste qui crée des œuvres destinées à être contemplées ou écoutées. Il vise la beauté , l' expressivité .

Divertissement

Se divertir, c'est s'amuser, se détendre. L'étymologie nous apprend qu'il s'agit aussi de se détourner des sujets sérieux qui nous préoccupent.

Dégager la problématique et construire un plan

La problématique.

Le problème est dû à une mise en cause de la valeur de l'art . Cette pratique est d'ordinaire fortement valorisée. L'opinion y voit une façon de réaliser ses désirs, d'épanouir sa créativité. Quant aux grandes œuvres, elles sont tenues pour un témoignage essentiel de l'esprit humain. Or le divertissement est une activité agréable mais frivole, une façon de se délasser. L'art appartient-il à cette catégorie ? Ne serait-il qu'un jeu ?

  • Dans un premier temps, nous définirons le lien entre l'art et le divertissement par l'intermédiaire de la notion d'agrément.
  • Puis nous approfondirons l'analyse de la notion de divertissement et nous nous demanderons si elle convient vraiment à la notion d'œuvre d'art ?
  • Enfin, nous montrerons que la façon dont l'art s'adresse à notre sensibilité est complexe. Ceci engage une réflexion sur le thème du goût .

Éviter les erreurs

Il ne faut pas réduire le sujet à une défense de l'art qui négligerait les ressources du verbe divertir.

Les titres en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.

Introduction

Les grandes expositions attirent un public nombreux qui n'hésite pas à patienter parfois pendant des heures avant de pouvoir entrer. Dans l'imaginaire collectif l'art reste attaché à la figure du génie , de l'inventeur solitaire qui réalise des découvertes essentielles. Il est donc étonnant d'envisager que l'art ne puisse être qu'un divertissement. Ce terme a ici une signification dépréciative. On ne s'étonnera pas qu'il soit employé pour qualifier des activités ludiques ou sans prétention mais comment peut-on l'appliquer à l'art ? Celui-ci n'est-il pas l' expression des valeurs les plus hautes d'une civilisation ? Le soin mis à entretenir les œuvres incite à le penser. Serait-ce dû à une illusion ?

1. Le plaisir du divertissement

A. l'agrément.

Nous parlons couramment d'artistes de variétés dont le métier est de distraire un public souvent contrarié par les difficultés du quotidien. Le plaisir est l'effet produit par la qualité d'un divertissement proposé dans le but d' échapper momentanément à une réalité désagréable ou morose.

Il est indéniable que cette signification concerne la pratique artistique. Il semble même que des génies rencontrent sur ce point le jugement du grand nombre. Matisse a déclaré que ses tableaux devaient délasser l'esprit surmené de l'homme moderne. Ceci paraît corroborer l'avis de l'opinion commune quand elle soutient que le but d'un film ou d'un spectacle est de lui faire oublier sa vie de tous les jours.

Ce phénomène n'est d'ailleurs pas forcément surévalué par ceux qui le défendent. Le spectateur sait fort bien qu'il n'assiste pas à un chef-d'œuvre mais réclame un droit à se faire plaisir et apprécie les chanteurs ou les cinéastes qui lui procurent cette satisfaction. Kant, dans sa division des Beaux-arts, donne une place aux arts d'agrément qui embellissent le quotidien en le rendant plus agréable à l'œil. La décoration de jardins ou d'intérieur, les divers ornements comme ceux liés au vêtement constituent des avantages qu'il ne faut pas mépriser car ils participent à la civilisation et aux mœurs.

Le plaisir est donc intrinsèquement lié à l'art et on comprend qu'il soit recherché par un public fatigué par les contraintes du travail et la routine journalière.

B. L'ambivalence de la séduction

L'artiste étant un être doué du pouvoir de plaire par ses œuvres, il devrait donc mettre son talent au service des attentes de ses contemporains et chercher à nous divertir . Chateaubriand ne fut-il pas surnommé l'Enchanteur ? Or, cette affection doit être analysée.

L'enchantement reste un critère encore formel. Il ne dit rien quant à la valeur réelle de ce qui est montré. Faire plaisir risque de n'être que l'argument d'un esprit complaisant à l'égard des désirs vulgaires. Le démagogue sait flatter pour imposer sa présence et ses idées. L'artiste ne serait alors qu'un homme habile, capable de répondre à une attente en appliquant des recettes qui pourraient avoir été testées sur des échantillons de population.

Ce danger menace même ceux qui commencèrent par inventer. Picasso dit en ce sens « qu'imiter les autres est nécessaire mais que s'imiter soi-même est mesquin. » Un artiste novateur peut être victime de son succès en se bornant à répéter des procédés.

[Transition] L'idée de divertissement possède un sens qui nous amène à approfondir notre réflexion.

2. Deux visions de l'œuvre

A. l'art comme faux-semblant.

Dans les Pensées , Pascal donne au divertissement une signification tragique en y voyant la façon dont l'homme se détourne de la réalité de sa condition. Se divertir serait une fuite motivée par la misère de notre situation. L'homme se sait mortel et cette considération lui pèse. Dès lors, tout devient désirable pourvu que l'excitation d'une activité lui fasse oublier sa finitude .

Ainsi, c'est l'ensemble des activités humaines qui devient un divertissement. Non seulement les différents jeux, mais la politique, et toutes les charges qui nous donnent un statut social. La royauté elle-même n'aurait de valeur qu'à cette condition car « un roi sans divertissement est un homme plein de misères ». L'art rentre-t-il dans cette catégorie ?

Pascal l'affirme tout en s'étonnant du pouvoir des représentations artistiques : « quelle vanité que la peinture qui s'attire l'admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux ! » L'art nous détourne de méditer sur notre condition en nous charmant par ses couleurs et ses formes. Ce divertissement, bien que compréhensible, est présenté comme coupable car il nous empêche d'admettre que seule la foi en Dieu nous sauverait. C'est en vain que nous nous divertissons aux spectacles de l'art. Ce plaisir passager nous contraint à le répéter sans jamais nous délivrer de notre angoisse. Cependant, ce jugement rend-il justice à la nature de l'œuvre d'art ?

B. La nature singulière de l'œuvre d'art

Les œuvres d'art sont des réalités particulières au sens où elles possèdent une double nature. Nous les appréhendons par notre sensibilité et elles nous procurent une satisfaction spirituelle . La vue et l'ouïe sont les principaux sens à être sollicités. Or, lorsque nous contemplons un spectacle ou écoutons une musique, nous voyons apparaître des significations comme la joie , la colère , la fierté , etc. La force de l'œuvre vient de la façon dont elle unit ces deux dimensions de manière indissoluble. La signification fait corps avec sa manifestation sensible. Si, par son origine grecque, le mot esthétique renvoie à l'idée de sensation, l'œuvre n'est pas consommable comme un produit nécessaire à nos besoins physiques, elle révèle l' essence d'un sentiment ou d'une valeur. Elle est donc liée à une forme de vérité .

[Transition] Ceci nous engage à réévaluer notre approche de l'œuvre d'art.

3. Réévaluation de l'art

A. art et dévoilement.

Les réflexions d'André Malraux sont centrées autour du concept de métamorphose dans lequel il voit la vérité de l'œuvre d'art. Il s'étonne de la résistance que certaines réalisations opposent au passage du temps . Nous savons bien que les civilisations sont mortelles. Partout abondent les traces de ce qui fut et ne reviendra plus. Ceci ne signifie pas que le passé n'a plus de sens pour nous. La science historienne se charge d'ordonner ces témoignages selon la chronologie. Nous pouvons connaître des faits, les classer de manière intelligible mais la connaissance ne les ressuscite pas. L'époque étudiée est bel et bien révolue.

C'est pourquoi, Malraux estime qu'une œuvre d'art est ce qui conserve une présence par-delà le passage des siècles. Elle ne sollicite pas seulement notre intelligence mais possède une vie énigmatique. Mona Lisa est morte mais La Joconde continue de fasciner. Puisqu'un chef-d'œuvre est ce à quoi on ne peut s'empêcher de revenir, il est plausible de parler de métamorphose pour caractériser la raison de sa vie intemporelle. Les cathédrales gothiques, par exemple, ne furent guère prisées aux xvii e et xviii e siècles avant d'être redécouvertes par le siècle suivant, en les interprétant à sa manière, qui n'est plus la nôtre. L'œuvre peut susciter un nombre illimité d' interprétations et être une source d'inspiration , même si elle traverse des périodes d'oubli. Son pouvoir est fragile mais invincible.

B. L'élargissement de la perception. Le goût

Bergson affirme ainsi que l'artiste est un « révélateur » qui fixe sur sa toile ou dans des mots des visions fugitives , des nuances de sentiments qui traversent notre esprit mais rapidement recouvertes par les exigences de la vie quotidienne. Il souligne ainsi un paradoxe : « c'est parce que l'artiste songe moins à utiliser sa perception qu'il perçoit un plus grand nombre de choses. » Il naît « détaché », c'est-à-dire plus enclin à contempler qu'à utiliser.

Cette thèse est importante car elle donne à l'art une nécessité profonde. Il est lié à la connaissance de soi , de notre vie intérieure et de notre rapport au monde. Les œuvres d'art nous permettent de mieux saisir ce que nous ressentons confusément et c'est pour cela qu'elles nous touchent. Le détachement n'est pas une façon de fuir la réalité mais un recul pour la faire apparaître. Le plaisir pris à l'œuvre est celui d'un goût que nous apprenons à affiner.

Montesquieu note ainsi qu'une jeune personne qui se rend au théâtre manquera d'abord de goût car elle n'aura pas une perception suffisante de ce qu'elle voit. Il lui faudra du temps et de l' expérience pour apprécier la composition qui structure le développement de l'intrigue. Nous pouvons sans difficulté appliquer cette idée à toute forme de spectacle. Ceci est dû au fait que l'œuvre est une représentation qui suit nécessairement certaines règles même si le talent de l'artiste consiste à les moduler pour créer à chaque fois une réalité unique.

[Transition] Il ressort de ceci que le goût est une capacité qui se cultive . Il s'acquiert et se perfectionne par la fréquentation des œuvres.

Ce sujet nous a amenés à considérer l'art sous deux aspects. Il est vrai que l'art, en nous détournant du monde habituel, peut être présenté comme un divertissement qui charme pour un moment. Mais cette signification reste superficielle. Une grande œuvre nous livre la vérité d'un monde , elle dévoile son essence et n'a donc rien d'une activité futile ou secondaire.

L'art nous divertit au sens où il nous détourne de nos habitudes perceptives pour nous rendre plus sensible. Il cultive simultanément notre sensibilité et notre jugement .

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L'art a t-il pour seule fonction de nous plonger dans l'imaginaire ?

Devoir maison. Le professeur a commenté: "devoir d'une grande qualité mais peut être un peu trop approfondi - 15/20".

Au sujet du réel dans les œuvres littéraires, le célèbre écrivain et philosophe Albert Camus déclare «  l’art n’est ni le réel tout seul, ni l’imagination toute seule, mais l’imagination à partir du réel  », de cette manière, nous pouvons définir l’art comme étant le domaine de l’activité humaine lié à la fabrication, qui prend des formes historiques diverses des pyramides d’Égypte jusqu’à l’art abstrait en se basant sur le fictif et le réel. L’art au singulier désigne la création d’œuvres esthétiques autrement dit la création des beaux-arts et est le produit de l’imagination, par opposition au réel dans la mesure où c’est une expérience qui vue et limitée par les barrières d’un monde fictif. La fonction de l’art réside essentiellement en un divertissement et une escapade au réel avec la création d’un monde fictif. Si le terme de « fiction » peut paraître récent et susciter un engouement renouvelé dans le domaine de la philosophie depuis plusieurs décennies, la pratique est forte ancienne et consiste à inventer et raconter des histoires, à imaginer des mondes et des personnages, c’est l’ensemble des choses produites par un esprit de l’imagination.

Nous pouvons observer que les œuvres d’art ne sont pas des objets comme les autres par leur détachement du monde commun, celui de la quotidienneté où les objets et instruments se laissent oublier et du monde de la marchandise où la circulation des objets en fait de simples produits de consommation. C’est dans ce contexte que nous pouvons nous poser la question suivante : la seule fonction de la création artistique est elle seulement de nous plonger dans l’imaginaire ou au contraire nous permettre l’accès à l’effectivité du monde et du réel sous une forme particulière ? Nous verrons de prime abord que la création artistique résulte de la fiction, car elle est une œuvre de l’imagination pour ensuite voir que la fonction de l’art peut également être la manifestation du réel par l’originalité de l’homme. Enfin, nous verrons que l’art peut être symbole du dépassement des barrières fiction/réalité débouchant sur le développement d’une société humaine.

I. La création artistique résulte de la fiction

D’emblée, nous pouvons constater que l’art est tout d’abord fiction parce qu'il nous emmène dans un univers imaginaire qui constitue une entité homogène, cohérente, dotée de sa logique propre. L’imagination ne produit pas seulement des images, mais un imaginaire comme un ensemble d'images constitué en

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Exemple de sujet : L’art nous détourne-t-il de la réalité ?

Le problème consiste ici à remarquer que le statut de l’art est ambigu. L’art procède initialement d’un travail technique qui a pour but de produire une représentation esthétique, c’est-à-dire une oeuvre qui se montre. Mais, pour autant une oeuvre d’art n’est jamais totalement autonome dans le sens où elle représente toujours quelque chose, que cette chose soit une réalité physique (un objet du monde par exemple) ou une idée abstraite qui décide l’auteur de l’oeuvre à la créer. L’art est donc une forme de langage qui n’est pas vraiment autonome, mais qui re-présente ce qui a déjà été présenté. En ce sens, si une oeuvre traduit ce qu’un auteur, un artiste a cherché à y montrer, l’oeuvre d’art n’est jamais vraiment elle-même sans pouvoir non plus être autre chose qu’elle-même, sans pouvoir se substituer à ce qu’elle montre ou décrit. Se poser la question du rapport de l’art à la réalité traduit ce paradoxe puisqu’il semble que l’art est à la fois une production autonome qui a une existence esthétique propre et une illusion qui ment sur elle-même et se fait passer pour une réalité qu’elle n’est pas et dont elle détourne.... [voir le corrigé complet]

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"passe ton bac d'abord ", l’art.

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Remue-neurones …
​Pourquoi des artistes? Pourquoi l’art ? L’art sert-il à quelque chose ? A quoi reconnait-on une oeuvre d’art ? Le Beau est-il toujours la finalité de l’art ? L’art nous détourne-t-il de la réalité ? Pour avoir du goût, faut-il être cultivé ? L’art est-il une illusion ? L’œuvre d’art est-elle une preuve de la liberté ? L’art est-il une forme de langage ? L’art est-il affranchi de toute règle morale ? L’art a-t-il une spécificité par rapport aux autres domaines de l’activité humaine ? L’art dépend-il de règles ou d’un génie créateur ? « Quand y a-t-il art ? »

QUELQUES DEFINITIONS

Art, artiste....

  En latin «  ars  », désignait « l’habileté acquise par l’étude ou la pratique » . Le mot peut donc s’appliquer à toutes les activités humaines qui impliquent la maitrise d’un savoir faire codé   : art de la guerre, art oratoire, art d’être ceci ou cela…

  Jusqu’au XVIIIème, le nom de celui qui pratique les arts est artisan . (de l’italien artigiano .)

  Ce n’est donc que depuis le XVIIIème   siècle et parallèlement à l’apparition du mot « technique » que l’art est qualifié par le terme   « beaux-arts . C’est donc au XVIIIème siècle que la distinction entre artiste et artisan commence à se faire.  

Arts libéraux, Arts mécaniques...

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Art et Technique

 Dans le champ de l’art, le terme de technique recoupe au moins quatre définitions distinctes,   il désigne :

  • les matériaux employés dans la réalisation de l’objet exposé 
  • le savoir faire artisanal de l’artiste
  • une simple manière de procéder,   qui ne suppose pas nécessairement l’acquisition d’un savoir-faire particulier.   (certaines techniques   compromettent la spontanéité d’un geste ou entravent les possibilités de découvertes accidentelles).
  • Enfin, renvoyant aux productions industrielles, la technique désigne l’ensemble des machines
Petit rappel sur l’histoire de l’art ….

QU'EST-CE QUE L 'ART ?

L’oeuvre d’art est un objet paradoxal puisqu’il est à la fois “inutile” dans la mesure où il n’a pas d’utilité vitale ( Du moins en apparence) et en même temps, il n’y a pas de société humaine sans art. Il y a donc un paradoxe : inutile et en même temps essentiel à l’homme.  

Comment alors définir ce qu’est une oeuvre d’art ? D’autant qu’en fonction des époques, la définition peut varier. Au XXI° siècle la question n’est plus tout à fait la même qu’au XVII° ou XVIII°… Aujourd’hui, l’art ne cherche plus le “Beau” , n’est plus soumis à des règles strictes comme il l’était par exemple à l’âge classique. La question que l’on pourra se poser alors sera : Quand y-a-t-il art ?  

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Emmanuel Kant

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Emmanuel Kant (1724-1804) Philosophe allemand. La Critique de la faculté de juger s’intéresse, en particulier, au jugement de goût, dont l’objet est l’œuvre d’art. 

 En droit on ne devrait appeler art que la production par liberté, c’est-à-dire par un libre arbitre qui met la raison au fondement de ses actions. On se plaît à nommer une œuvre d’art le produit des abeilles (les gâteaux de cire régulièrement construits), mais ce n’est qu’en raison d’une analogie avec l’art ; en effet, dès que l’on songe que les abeilles ne fondent leur travail sur aucune réflexion proprement rationnelle, on déclare aussitôt qu’il s’agit d’un produit de leur nature (de l’instinct), et c’est seulement à leur créateur qu’on l’attribue en tant qu’art.

 Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger (1750)

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Pour qu’il y ait « art », il faut qu’il y ait intention. Les abeilles n’ont pas une intention. Elles fabriquent ce que pour quoi elles sont programmées. Elles ne savent rien faire d’autre. .  C’est une activité innée et non une manifestation de l’esprit. Pour Kant, on ne peut donc « appeler art » que la production par liberté ».  

Alain : L’art déborde les règles...

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Alain (Émile Chartier, 1868-1951), dans Système des Beaux-Arts, montre qu’il n’y a pas de commune mesure entre la façon de procéder de l’artisan, maître des règles qui le rendent compétent dans son métier, et la manière de créer de l’artiste dont l’activité (en tant qu’elle est proprement artistique) ne se soumet à aucune règle préalable.

 Il reste à dire en quoi l’artiste diffère de l’artisan. Toutes les fois que l’idée précède et règle l’exécution, c’est industrie. Et encore est-il vrai que l’oeuvre souvent, même dans l’industrie, redresse l’idée en ce sens que l’artisan trouve mieux qu’il n’avait pensé dès qu’il essaie ; en cela il est artiste, mais par éclairs. Toujours est-il que la représentation d’une idée dans une chose, je dis même d’une idée bien définie comme le dessin d’une maison, est une oeuvre mécanique seulement, en ce sens qu’une machine bien réglée d’abord ferait l’oeuvre à mille exemplaires. Pensons maintenant au travail du peintre de portrait ; il est clair qu’il ne peut avoir le projet de toutes les couleurs qu’il emploiera à l’oeuvre qu’il commence ; l’idée lui vient à mesure qu’il fait ; il serait même rigoureux de dire que l’idée lui vient ensuite, comme au spectateur, et qu’il est spectateur aussi de son oeuvre en train de naître. Et c’est là le propre de l’artiste. Il faut que le génie ait la grâce de la nature et s’étonne lui-même.

Un beau vers n’est pas d’abord en projet, et ensuite fait ; mais il se montre beau au poète ; et la belle statue se montre belle au sculpteur à mesure qu’il la fait ; et le portrait naît sous le pinceau. […] Ainsi la règle du Beau n’apparaît que dans l’oeuvre et y reste prise, en sorte qu’elle ne peut servir jamais, d’aucune manière, à faire une autre oeuvre.

Alain, Système des Beaux-Arts , (1920), Livre I, Chap. VII

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La spécificité de la création artistique tient au débordement des règles par l’artiste. C’est par ce dépassement des règles que l’œuvre d’art prend forme au fur et à mesure, sous la main de l’artiste. Aucune règle ne préside, à l’avance, à l’apparition du beau. Alain montre ici que l’artiste ne possède pas une idée déterminée de l’œuvre qu’il réalise. C’est en réalisant son œuvre que la règle qui la détermine est rendue manifeste.  C’est donc bien cette absence préalable d’idée et de règle qui présiderait à la réalisation d’une œuvre qui caractérise l’art. C’est pourquoi l’œuvre d’art est toujours singulière, là où, à l’inverse, l’œuvre technique, suivant un procédé de réalisation prédéfini, peut être reproduite à l’infini. L’œuvre d’art est caractérisée par la non-reproductibilité en raison du fait que la création artistique déborde les règles (pas de règles préexistantes à l’œuvre qui suffisent à déterminer sa création). L’artiste n’est donc pas seulement un artisan car il ne fabrique pas seulement, il crée.  Ce texte suppose reconnu que les artistes sont aussi et d’abord des artisans : ils ont à apprendre les opérations nécessaires à la production d’oeuvres techniquement maîtrisées. Mais l’essentiel de la création artistique est ailleurs : il est, sinon dans l’oubli, du moins dans le débordement des règles, par quoi l’oeuvre prend forme au fur et à mesure qu’elle est produite tandis que l’artiste, spectateur de lui-même, donne corps à la beauté. Nulle règle ne préside, à l’avance, à l’apparition du beau qui devient ainsi, pour lui-même et de manière singulière, sa propre règle. Mais, l’absence de règles, préalables et suffisantes pour la création d’oeuvres d’art, peut être rapportée à l’absence de concept rigoureusement déterminé, dans l’esprit de l’artiste, de ce que devrait être le beau. Ne sachant pas quelle beauté il poursuit, l’artiste ne peut pas savoir non plus selon quelles règles il va l’atteindre. Il en va, semble-t-il, tout autrement pour la production technique : la fonction de l’objet qu’il y a à produire détermine de façon beaucoup plus serrée, dans l’esprit de l’artisan, le concept de cet objet ainsi que les règles à respecter pour sa production.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel,  (1770 - 1831)

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Georg Wilhelm Friedrich Hegel ,  ( 1770  –  1831 )  philosophe  allemand . Son œuvre, postérieure à celle de  Kant   a eu une influence décisive sur l’ensemble de la  philosophie contemporaine .  

En nous plaçant au point de vue du sens commun, nous avons à soumettre à l’examen les propositions suivantes 1° L’art n’est point un produit de la nature, mais de l’activité humaine ; 2° Il est essentiellement fait pour l’homme, et, comme il s’adresse aux sens, il emprunte plus ou moins au sensible ; 3° Il a son but en lui-même. […]  A cette manière d’envisager l’art se rattachent plusieurs préjugés qu’il est nécessaire de réfuter. 1° Nous rencontrons d’abord cette opinion vulgaire que l’art s’apprend d’après des règles. Or ce que les préceptes peuvent communiquer se réduit à la partie extérieure, mécanique et technique de l’art ; la partie intérieure et vivante est le résultat de l’activité spontanée du génie de l’artiste . L’esprit, comme une force intelligente, tire de son propre fonds le riche trésor d’idées et de formes qu’il répand dans ses œuvres. Cependant il ne faut pas, pour éviter un préjugé, tomber dans un autre excès, dire que l’artiste n’a pas besoin d’avoir conscience de lui-même et de ce qu’il fait, parce qu’au moment où il crée il doit se trouver dans un état particulier de l’âme qui exclut la réflexion, savoir, l’inspiration. Sans doute, il y a dans le talent et le génie un élément qui ne relève que de la nature ; mais il a besoin d’être développé par la réflexion et l’expérience. En outre tous les arts ont un côté technique qui ne s’apprend que par le travail et l’habitude. L’artiste a besoin, pour n’être pas arrêté dans ses créations, de cette habileté qui le rend maître et le fait disposer à son gré des matériaux de l’art. […]

2° Une autre manière de voir non moins erronée au sujet de l’art considéré comme produit de l’activité humaine est relative à la place qui appartient aux œuvres de l’art comparées à celles de la nature. L’opinion vulgaire regarde les premières comme inférieures aux secondes, d’après ce principe que ce qui sort des mains de l’homme est inanimé, tandis que les productions de la nature sont organisées, vivantes à l’intérieur et dans toutes leurs parties. Dans les œuvres de l’art, la vie n’est qu’en apparence et à la surface ; le fond est toujours du bois, de la toile, de la pierre, des mots. Mais ce n’est pas cette réalité extérieure et matérielle qui constitue l’œuvre d’art ; son caractère essentiel, c’est d’être une création de l’esprit, d’appartenir au domaine de l’esprit, d’avoir reçu le baptême de l’esprit, en un mot, de ne représenter que ce qui a été conçu et exécuté sous l’inspiration et à la voix de l’esprit. Ce qui nous intéresse véritablement, c’est ce qui est réellement significatif dans un fait ou une circonstance, dans un caractère, dans le développement ou le dénouement d’une action. L’art le saisit et le fait ressortir d’une manière bien plus vive, plus pure et plus claire que cela ne peut se rencontrer dans les objets de la nature ou les faits de la vie réelle. Voilà pourquoi les créations de l’art sont plus élevées que les productions de la nature. Nulle existence réelle n’exprime l’idéal comme le fait l’art. En outre, sous le rapport de l’existence extérieure, l’esprit sait donner à ce qu’il tire de lui-même, à ses propres créations, une perpétuité, une durée que n’ont pas les êtres périssables de la nature. »

Hegel,   Introduction aux leçons d’esthétique (traduction de Charles Bénard et Claire Margat),Le Intégrales de  Philo, Nathan, p. 46-48.

Le beau artistique est plus beau que le beau de la Nature car il est le produit de la pensée, d’une pensée libre . Si les productions de l’esprit sont supérieures, c’est parce qu’elles sont l’expression de l’homme qui prend conscience de lui-même en se contemplant lui-même et en imprimant sa marque sur le monde. (voir exple de l’enfant qui fait des ronds dans l’eau). Tout homme agit sur le monde. Mais l’artiste est celui qui le spiritualise.

QU' EST-CE QU'UNE OEUVRE D' ART

Nelson goodman.

Le philosophe américain Nelson Goodman se demande ici dans quelle mesure n’importe quoi peut être considéré comme une oeuvre d’art:

« La littérature esthétique est encombrée de tentatives désespérées pour répondre à la question «Qu’est-ce que l’art ?» Cette question, souvent confondue sans espoir avec la question de l’évaluation en art «Qu’est-ce que l’art de qualité ?», s’aiguise dans le cas de l’art trouvé – la pierre ramassée sur la route et exposée au musée ; elle s’aggrave encore avec la promotion de l’art dit environnemental et conceptuel. Le pare-chocs d’une automobile accidentée dans une galerie d’art est-il une œuvre d’art ? Que dire de quelque chose qui ne serait pas même un objet, et ne serait pas montré dans une galerie ou un musée – par exemple, le creusement et le remplissage d’un trou dans Central Park 1 , comme le prescrit Oldenburg 2 ? Si ce sont des œuvres d’art, alors toutes les pierres des routes, tous les objets et événements, sont-ils des œuvres d’art ? Sinon, qu’est-ce qui distingue ce qui est une œuvre d’art de ce qui n’en est pas une ? Qu’un artiste l’appelle œuvre d’art ? Que ce soit exposé dans un musée ou une galerie ? Aucune de ces réponses n’emportent la conviction.

 Je le remarquais au commencement de ce chapitre, une partie de l’embarras provient de ce qu’on pose une fausse question – on n’arrive pas à reconnaître qu’une chose puisse fonctionner comme œuvre d’art en certains moments et non en d’autres. Pour les cas cruciaux, la véritable question n’est pas «Quels objets sont (de façon permanente) des œuvres d’art ?» mais «Quand un objet fonctionne-t-il comme œuvre d’art ?» – ou plus brièvement, comme dans mon titre 3 , «Quand y a-t-il de l’art?».

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Ma réponse : exactement de la même façon qu’un objet peut être un symbole – par exemple, un échantillon – à certains moments et dans certaines circonstances, de même un objet peut être une œuvre d’art en certains moments et non en d’autres. À vrai dire, un objet devient précisément une œuvre d’art parce que et pendant qu’il fonctionne d’une certaine façon comme symbole. Tant qu’elle est sur une route, la pierre n’est d’habitude pas une œuvre d’art, mais elle peut en devenir une quand elle est donnée à voir dans un musée d’art. Sur la route, elle n’accomplit en général aucune fonction symbolique. Au musée, elle exemplifie 4 certaines de ses propriétés – par exemple, les propriétés de forme, couleur, texture. Le creusement et remplissage d’un trou fonctionne comme œuvre dans la mesure où notre attention est dirigée vers lui en tant que symbole exemplifiant. D’un autre côté, un tableau de Rembrandt cesserait de fonctionner comme œuvre d’art si l’on s’en servait pour boucher une vitre cassée ou pour s’abriter.

Nelson Goodman, «Quand y a-t-il art ?» (1977), in Manières de faire des mondes , trad.  1992 

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Hannah Arendt,   1906 -   1975

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Hannah Arendt,   1906 –   1975), est une philosophe allemande naturalisée américaine, connue pour ses travaux sur l’activité politique, le totalitarisme et la modernité.  Ses livres les plus célèbres sont Les Origines du totalitarisme (1951), Condition de l’homme moderne (1958) et La Crise de la culture (1961). 

  « Parmi les choses qu’on ne rencontre pas dans la nature, mais seulement dans le monde fabriqué par l’homme, on distingue entre objets d’usage et œuvres d’art ; tous deux possèdent une certaine permanence qui va de la durée ordinaire à une immortalité potentielle dans le cas de l’œuvre d’art. En tant que tels, ils se distinguent d’une part des produits de consommation, dont la durée au monde excède à peine le temps nécessaire à les préparer, et d’autre part, des produits de l’action, comme les événements, les actes et les mots, tous en eux-mêmes si transitoires qu’ils survivraient à peine à l’heure ou au jour où ils apparaissent au monde, s’ils n’étaient conservés d’abord par la mémoire de l’homme, qui les tisse en récits, et puis par ses facultés de fabrication. Du point de vue de la durée pure, les œuvres d’art sont clairement supérieures à toutes les autres choses; comme elles durent plus longtemps au monde que n’importe quoi d’autre, elles sont les plus mondaines des choses. Davantage, elles sont les seules choses à n’avoir aucune fonction dans le processus vital de la société; à proprement parler, elles ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde, qui est destiné à survivre à la vie limitée des mortels, au va-et-vient des générations. Non seulement elles ne sont pas consommées comme des biens de consommation, ni usées comme des objets d’usage: mais elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d’utilisation, et isolées loin de la sphère des nécessités de la vie humaine. »           

Hannah Arendt, La Crise de la culture

H. Arendt montre  la spécificité de l’œuvre d’art par rapport aux autres productions humaines. Les œuvres d’art se distinguent de toute autre production humaine par leur durée « Du point de vue de la durée pure, les œuvres d’art sont clairement supérieures à toutes les autres choses » et aussi par leur inutilité puisque « elles sont les seules choses à n’avoir aucune fonction dans le processus vital de la société » et «Elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d’utilisation».   Elles ont «une immortalité potentielle» parce qu’elles  survivent à l’artiste, puis à la société à laquelle appartenait cet artiste. Mais elles peuvent être détruites ou perdues, et finiront aussi par disparaitre d’où « une immortalité potentielle ».     Ces œuvres d’art ont aussi comme caractéristiques d’appartenir « au monde » C’est à dire à l’ensemble de l’humanité.  Dans l’espace et dans le temps.  La seule finalité de l’art est donc d’être là, d’exister dans le monde.  Ce n’est pas un objet de consommation et ça ne doit pas le devenir. Car c’est précisément parce que les œuvres n’en sont pas, qu’elles ne servent « à rien », qu’elles durent !! Et si « elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d’utilisation, et isolées loin de la sphère des nécessités de la vie humaine »  , c’est précisément pour qu’elles ne deviennent pas de simples objets de consommation. Il leur faut des espaces spécifiques qui demandent un effort pour les atteindre..et les comprendre. Sinon « La culture se trouve détruite pour engendrer le loisir »

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LA QUESTION DU BEAU

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  « Qu’est-ce que le beau ? » . Ce qui est beau pour moi peut être laid pour un autre. Rien n’est plus beau que sa crapaude…pour un crapaud !  Si Hume considère le beau comme subjectif : « la beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses, elle n’est que dans l’âme qui les contemple et chaque âme voit une beauté différente », d’autres comme Kant le distingue de l’agréable et lui attribue une universalité.

L’art relève de la poièsis , c’est-à-dire de la production ou de la création.La conception actuelle de l’art suppose que celui-ci se soit dissocié du religieux. On peut aujourd’hui croiser dans un musée un Piss-christ (Andres Serrano 1987), un masque africain, un nu, un carré recouvert de peinture blanche… La liste n’est pas exhaustive.

C’est au XVIIIe siècle qu’apparaît le concept d’esthétique (dont l’étymologie signifie sensation) •    le Beau est relatif à l’effet qu’il produit, à la sensation qu’il procure •    la sensation a été discréditée par la philosophie platonicienne (suprématie du monde intelligible sur le monde sensible). Méfiance vis-à-vis des illusions opposées à la raison, à la connaissance mathématique de la vérité.

Chez Platon, le beau est toujours associé à la vérité , en est une manifestation. « Le beau, seul, a reçu en partage d’être ce qui se manifeste avec le plus d’éclat de force ravissante » Platon.  

Chez les modernes par contre , la beauté sera réduite à une valeur strictement humaine. La beauté deviendra relative au plaisir qu’elle nous donne. Les choses alors deviennent belles parce que nous les désirons et non parce qu’elles sont désirables .

Kant considérera que l’homme de goût doit immédiatement éprouver du plaisir à la représentation de l’objet. C’est la beauté libre , celle qui fait abstraction de la fonction de l’objet, sa beauté se manifeste dans les formes qui ne visent à rien, qui ignorent le sens, l’utilité   de l’objet. On retrouvera cette idée dans l’abstraction au début du XXe siècle.   (Voir texte de Kant). On retrouve cette idée chez Nietzsche lorsqu’il écrit « ils n’aiment pas une forme pour ce qu’elle est en soi mais pour ce qu’elle exprime. Ce sont les fils d’une génération savante tourmentée et réfléchit à mille lieues des vieux maîtres qui ne se souciaient pas de lire et ne songer qu’à repaître leurs yeux ».  On retrouve cette idée chez Fernando Pessoa : « les choses n’ont pas de signification, elles ont une existence / les choses sont l’unique sens occulte des choses » in Le Gardeur de troupeaux. À être trop attentif au sens des choses, nous les faisons disparaître dans la réalité sensible. Le propre d’une œuvre d’art est d’être une chose « faite » … A vous de voir !

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Dossier du Centre Pompidou sur le Beau.

G.W.F Hegel, supériorité de l'art

Hegel, Introduction à l’esthétique

Georg Wilhelm Friedrich Hegel,  (1770 – 1831)    un philosopheallemand. Son œuvre, postérieure à celle de Kant  a eu une influence décisive sur l’ensemble de la philosophie contemporaine.  

Il est permis de soutenir dès maintenant que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature. Car la beauté artistique est la beauté née et comme deux fois née de l’esprit. Or autant l’esprit et ses créations sont plus élevés que la nature et ses manifestations, autant le beau artistique est lui aussi plus élevé que la beauté de la nature. Même, abstraction faite du contenu, une mauvaise idée, comme il nous en passe par la tête, est plus élevée que n’importe quel produit naturel ; car en une telle idée sont présents toujours l’esprit et la liberté. »

Hegel, L’Esthétique ,1832

Le beau artistique est plus beau que le beau de la Nature car il est le produit de la pensée . Si les productions de l’esprit sont supérieures, c’est parce qu’elles sont l’expression de l’homme qui prend conscience de lui-même en se contemplant lui-même et en imprimant sa marque sur le monde. (voir exple de l’enfant qui fait des ronds dans l’eau). Tout homme agit sur le monde. Mais l’artiste est celui qui le spiritualise.

E. Kant et le beau

« La beauté naturelle est une belle chose ; la beauté artistique est une belle représentation d’une chose» Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger .

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Kant, beauté adhérente et beauté libre

Il existe deux espèces de beauté la beauté libre ou la beauté simplement adhérente. La première ne présuppose aucun concept de ce que l’objet doit être ; la seconde suppose un tel concept et la perfection de l’objet d’après lui. Les beautés de la première espèce s’appellent les beautés (existant par elles-mêmes) de telle ou telle chose ; l’autre beauté, en tant que dépendant d’un concept (beauté conditionnée), est attribuée à des objets compris sous le concept d’une fin particulière.

Des fleurs sont de libres beautés naturelles. Ce que doit être une fleur, peu le savent hormis le bota­niste et même celui-ci, qui reconnaît dans la fleur l’organe de la fécondation de la plante, ne prend pas garde à cette fin naturelle quand il en juge suivant le goût. [..,]

Dans l’appréciation d’une libre beauté (simple­ment suivant la forme) le jugement de goût est pur, On ne suppose pas le concept de quelque fin pour laquelle serviraient les divers éléments de l’objet donné et que celui-ci devrait ainsi représenter, de telle sorte que [par cette fin] la liberté de l’imagina­tion, qui joue en quelque sorte dans la contempla­tion de la figure, ne saurait qu’être limitée.

Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger, Éd. Vrin, 1974

Kant distingue deux types de beauté : L’une, la beauté libre , ne dépend d’aucun but. Sa beauté n’est pas liée à sa fonction . C’est une beauté purement esthétique. (La beauté naturelle sera donc plus souvent une beauté libre .(Oiseaux, crustacés..)  Mais même dans ce cas, si on s’intéresse à la fonction, il ne s’agit plus alors de beauté libre (voir exemple du botaniste)). L’autre, la beauté adhérente , ne peut pas être pensée indépendamment de sa fin ou de sa fonction. Plus loin dans le texte, Kant donne l’exemple d’une église. Pour lui, la beauté du lieu ne peut pas être détachée de sa fonction (la prière) et de son but. Donc pour lui, la beauté naturelle est supérieure à la beauté artistique car elle est purement esthétique tandis qu’il y a une part de plaisir lié à la connaissance dans l’œuvre artistique.

Kant : l'agréable et le jugement de goût

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  Le Beau pour Kant provoque « une satisfaction indépendante de tout intérêt ».  La beauté n’est pas une propriété objective de la chose. C’est les effets que provoque en moi la représentation d’une chose qui me font dire : « c’est beau ».   Le jugement de goût est contemplatif. C’est-à-dire qu’une œuvre que je trouve belle, je ne la trouve pas belle parce que je veux la posséder, où parce que j’aimerais avoir une maison comme celle qui y est représentée… Je n’ai pas « d’intérêt à la trouver belle, et pourtant, je la trouve belle ». Et si je n’y ai pas d’intérêt personnel, cette beauté peut être reconnue par tous. La beauté est donc désintéressée.

D’où la différence que fait Kant entre le goût et l’agréable. L’agréable est lié à mon intérêt (matériel ou moral). Mon appréciation est liée à qqchse qui se passe « hors de moi ». Alors que le jugement de goût n’est lié qu’à l’émotion, à la satisfaction que j’éprouve. C’est à mon imagination, mon émotion que je suis sensible. Donc à des choses qui sont « en moi ». Si le beau peut plaire « universellement », c’est parce que mon gout   n’est pas déterminé par des intérêts  personnels,  il est alors acceptable de penser   que   chacun pourra s’accorder avec moi.

Pour Kant le jugement de goût prétend à l’universel. Pour lui, « est beau ce qui plaît universellement sans concept ». Pour Kant, ce  qui vaut pour un seul ne vaut rien.

Il ne faut pas confondre   le jugement esthétique pur : « la musique de Mozart est belle » du jugement d’agrément : « j’aime le vin des Canaries ». La beauté ne peut se réduire à l’agréable qui procure une sensation de plaisir Kant le précise, cette universalité est sans concept. Or le concept est ce qui permet d’identifier une chose, ce qui donne une règle pratique pour la construire. Mais selon lui, en matière esthétique, il n’y a pas de règles ni pour produire de la beauté, ni pour en juger. Une cathédrale peut répondre au concept  de cathédrale sans être belle.

En résumé  pour Kant : –    Il existe deux sortes de beauté : la beauté libre : spontanément présente dans la nature. Elle est pour Kant supérieure à l’art. Et la beauté adhérente , qui elle est lié à une fonction   –    La beauté ne se réduit pas à l’agréable, source de plaisir puisque la beauté doit être « désintéressée », elle n’a pas d’utilité. ( L’agréable satisfait les sens, le goût s’adresse à l’esprit) –    La beauté ne se réduit pas non plus à un concept de perfection formelle : la beauté n’est pas une connaissance, elle ne peut être démontrée. –    Par contre le beau plait«universellement »   puisque le jugement esthétique se détache de toute considération d’utilité personnelle,  il peut être considéré comme valant pour tous ; Mais le goût dont parle Kant n’a rien de naturel, il correspond aux goûts partagés par une société culturellement privilégiée. C’est le reproche lui fera Bourdieu, sociologue. L’art  au lieu d’unifier la société humaine grâce à son pouvoir de communication, la divise : avec d’un côté les amateurs du « grand art » et de l’autre  la masse qui s’abrutit de divertissements  kitsch ((Disneyland ou le tee-shirt avec la tête de la Joconde)

Le tournant de l'art moderne

Avec l’’art moderne l’œuvre d’art n’a plus à être belle et comme le dit Claudel « Voilà déjà longtemps que l’idée de beauté s’est rassise » . (Voir vos cours d’histoire de l’art)

Au début du XXème, des mouvements comme le dadaïsme se veulent  exister contre l’idée même de Beau.    

L’art moderne implique que ce qui importe dans l’œuvre est son caractère créateur, original, inédit, provocateur,  plus que sa beaut é (voire même à l’exclusion de sa beauté).  

Selon Malraux, une œuvre d’art n’a plus à être belle mais impressionnante. Esthétique du laid, du repoussant, de l’odieux ou horribles (étalages sanglants de boucherie humaine, dans La mariée de Spoerri (ci-dessous) en 1973).

Le tout est de susciter une réaction, un intérêt, comme d’une autre manière les œuvres qu’il faut toucher, voire la créer soi-même en partie ( Ex : Le pénétrable sonore de Soto qu’il faut traverser pour qu’il produise une « musique » assourdissante de cloches de cathédrale.)

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ART ET INSPIRATION

N’importe qui peut-il faire de l’art ? C’est à la Renaissance que se développe le concept de génie . Il est hérité de l’Antiquité, c’est l’idée de « fureur divine » d’inspiration que l’on retrouvera chez les auteurs de la Pléiade. Au Moyen Âge, cette idée était impensable. Seul Dieu était créateur.    L’idée du génie revient avec le romantisme.

Là aussi, voici la position de Kant :   Kant oppose   la création artistique, produit d’un « il faut le faire » non analysable, non transmissible (il est impossible de reproduire un chef d’oeuvre) à la production technique qui est toujours liée à un savoir rationnel et transmissible.     

Au final, Kant définit le génie de manière oxymorique par un art-naturel : le génie est un « favori de la nature » et c’est ce qui donne « les règles de l’art ». Pour lui, quatre traits caractérisent le génie : –    l’originalité : le génie produit hors des règles, il n’y a pas de modèle à ses productions elle ne ressemble à rien et c’est par le « goût » à comprendre comme la culture qu’il va civiliser. Caractérise l’œuvre du génie, c’est son exemplarité –     L’exemplarité : l’œuvre géniale est indéfinissable. Production spontanée selon des règles et des procédés que le génie se donne à lui-même. On pourra analyser à postériori, imiter le génie, mais lui, alors qu’il fait école, n’appartient lui-même à aucune école. Les créateurs se suivent et ne se ressemblent pas… –     Le génie produit sans savoir comment il produit, comme le disait Picasso. Il ne cherche pas, il trouve. Contrairement à l’artisan, l’artiste de génie ne contrôle pas ses opérations de production –  Enfin ce qui différencie l’œuvre du génie dans les beaux-arts, du génie scientifique c’est… qu’aucune découverte scientifique n’est vraiment originale car elle aurait pu être faite par un autre   savant, mais la Pietà ne peut être que l’œuvre de Michel-Ange et La Recherche  du temps perdu ne peut être que l’œuvre de Proust ! L’œuvre est une « exclusivité esthétique », unique, inimitable parce que ça règle et réinventer à chaque fois.

Mais Kant  déprécie la beauté artistique au profit de la beauté naturelle . Kant se rapproche de Platon et de Rousseau pour lesquelles l’art est toujours du côté de l’artifice, de la vanité, de l’illusion, de la tromperie… Kant va donc s’efforcer de naturaliser l’art : puisque l’art est  le produit d’un sujet qui est lui même nature.  « Le paysage se pense en moi écrit Cézanne et je suis sa conscience » . L’artiste devient un voyant, un traducteur…L’artiste devient celui qui puise dans le fond de l’être, celui qui dit, qui montre, qui donne à voir. Il n’est plus celui qui fait, il est celui qui « voit ». Kant annonce le romantisme … C’est donc la nature elle-même qui a voulu l’homme « parlant » et c’est elle qui se dit à travers les figures de l’art : « Terre, n’est-ce pas ce que tu veux, en nous, renaître ? » Rilke (eh oui !) L’artiste a donc le sentiment d’être habité, posséder et possesseur d’une parole qui ne lui appartient pas… L’artiste n’est donc plus un démiurge, virile et tout-puissant…

L'ART SERT-IL A QUELQUE CHOSE ?

Art et imitation.

L’œuvre peut consister en une imitation médiocre de la réalité, sorte de photographie   mais sans réel projet esthétique. C’est un peu la croute du peintre du dimanche… C’est une tentative de reproduction du monde mais toujours inférieur, comme dirait Hegel, à la réalité.  Il n’y a pas d’intention, pas d’esprit.  Mais il peut s’agir aussi d’une volonté de montrer « à travers un tempérament » un coin du monde. On pense alors aux œuvres de Zola , aux oeuvres   des réalistes du 19e.   Plus proche de nous, c’est l’hyperréalisme américain  dénonçant la société de consommation.  

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Platon et l'imitation

Pour Platon,  l’art reste l’illusion d’une  illusion.

Platon critique l’art en tant que copie – il vaut moins que son original – et en tant que discours enchanteur – il nous ment. L’art nous éloigne donc du Vrai et du Bien . Dans Les Lois , il recommande même de « chasser les poètes de la cité  ». Mais s’il approuve la censure, il ne rejette pas tous les arts : formé à l’école de Pythagore qui trouva les lois de l’harmonie, il estime que la musique a une grande valeur pédagogique et qu’elle élève l’âme.  

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Socrate – Il y a donc trois espèces de lit ; l’une qui est dans la nature, et dont nous pouvons dire, ce me semble, que Dieu est l’auteur ; à quel autre, en effet, pourrait-on l’attribuer ? Glaucon – A nul autre Socrate – Le lit du menuisier en est une aussi Glaucon – Oui Socrate – Et celui du peintre en est encore une autre, n’est-ce pas ? Glaucon – Oui Socrate – Ainsi le peintre, le menuisier, Dieu, sont les trois ouvriers qui président à la façon de ces trois espèces de lit. […] Donnerons-nous à Dieu le titre de producteur de lit, ou quelqu’autre  semblable ? Qu’en penses-tu ? Glaucon – Le titre lui appartient, d’autant plus qu’il a fait de lui-même et l’essence du lit, et celle de toutes les autres choses. Socrate – Et le menuisier, comment l’appellerons-nous ? L’ouvrier du lit, sans doute ? Glaucon – Oui Socrate – A l’égard du peintre, dirons-nous aussi qu’il en est l’ouvrier ou le producteur ? Glaucon – Nullement Socrate – Qu’est-il donc par rapport au lit ? Glaucon – Le seul nom qu’on puisse lui donner avec le plus de raison, est celui d’imitateur de la chose dont ceux-là sont ouvriers. […] Socrate – Le peintre se propose-t-il pour objet de son imitation ce qui, dans la nature, est en chaque espèce, ou plutôt ne travaille-t-il pas d’après les œuvres de l’art ? Glaucon – Il imite les œuvres de l’art.(…) Socrate – Pense maintenant à ce que je vais dire ; quel est l’objet de la peinture ? Est-ce de représenter ce qui est tel, ou ce qui paraît, tel qu’il paraît ? Est-elle l’imitation de l’apparence, ou de la réalité ? Glaucon – De l’apparence. Socrate – L’art d’imiter est donc bien éloigné du vrai ; et la raison pour laquelle il fait tant de choses, c’est qu’il ne prend qu’une petite partie de chacune ; encore ce qu’il en prend n’est-il qu’un fantôme. Le peintre, par exemple, nous représentera un cordonnier, un charpentier, ou tout autre artisan, sans avoir aucune connaissance de leur métier ; mais cela ne l’empêchera pas, s’il est bon peintre, de faire illusion aux enfants et aux ignorants, en leur montrant du doigt un charpentier qu’il aura peint, de sorte qu’ils prendront l’imitation pour la vérité. Glaucon – Assurément.  Platon, La République

Pour Platon*, il existe deux mondes. Le monde sensible ( monde trompeur- voir allégorie de la caverne) et le monde Intelligible (monde des idées- qui est celui de la vérité et de la réalité). C’est dans le monde Intelligible que se trouvent les idées parfaites des choses. Et c’est à lui qu’il faut se référer et accéder (Le philosophe est celui qui en connait le chemin et peut y conduire les hommes)

Dans ce texte extrait de La République , Platon inventorie 3 formes de lits :

a) L’Idée du lit, dans le monde Intelligible (dimension divine). C’est le lit absolu. Le « vrai » lit. (Il n’en existe qu’une seule forme)

b) Le lit de l’artisan , le lit de l’artisan traduit dans la matière le lit idéal. Il imite la forme Il n’est lit que par ressemblance avec l’Idée du lit . (Il  en existe plusieurs formes).Mais il garde unlien avec « l’essence » du lit idéal

c) Le lit de l’artiste n’est plus un lit puisqu’il ne représente qu’ « une petite partie du lit ». C’est une imitation de l’apparence du lit de l’artisan qui est déjà lui-même une apparence. Le lit de l’artiste n’a donc plus rien à voir avec l’essence du lit. Le lit de l’artiste imite l’apparence sensible. Aussi on ne pourra atteindre l’idée du lit grâce au lit de l’artiste

 En fait, l a représentation du lit par l’artiste nous égare, nous trompe, nous éloigne de la vérité du lit. C’est pourquoi l’artiste représente un danger.

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Aristote et l'imitation

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Disciple de Platon, fondateur du « Lycée » à Athènes, Aristote est un penseur encyclopédique car aucune des dimensions du savoir humain ne lui est étrangère. Il a rédigé une poétique qui définit l’art de l’épo­pée, de la tragédie et de la comédie. L’ouvrage contenant cette der­nière a malheureusement disparu. C’est cette disparition qui sert de fil d’Ariane au ro man d’Umberto Eco, Le Nom de la rose.  

La poésie* semble bien devoir en général son origine à deux causes, et deux causes naturelles. Imiter est naturel aux hommes et se manifeste dès leur enfance (l’homme diffère des autres animaux en ce qu’il est très apte à l’imitation et c’est au  moyen de celle-ci qu’il acquiert ses premières connaissances) et, en second lieu, tous les hommes prennent plaisir aux imitations.

Un indice est ce qui se passe dans la réalité : des êtres dont l’original fait peine à la vue, nous aimons à en contempler l’image exécutée avec la plus grande exactitude ; par exemple les formes des  animaux les plus vils et des cadavres.

Une raison en est encore qu’apprendre est très agréable non seulement aux philosophes mais pareillement aussi aux autres hom­mes ; seulement ceux-ci n’y ont qu’une faible part. On se plaît à la vue des images parce qu’on apprend en les regardant et on déduit ce que représente chaque chose, par exemple que cette figure c’est un tel. Si on n’a pas vu auparavant l’objet représenté, ce n’est plus comme imitation que l’oeuvre pourra plaire, mais à raison de l’exé­cution, de la couleur ou d’une autre cause de ce genre.

Aristote, Poétique , 4, 1448 b, Éd. Les Belles Lettres,

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Mais il y a une autre forme d’imitation, celle des « modèles idéaux » . C’est à cette imitation là que fait référence Aristote . Il s’agit d’ imiter ce qui est parfait dans la nature .  À la Renaissance, pour Vinci c’est la nature qui donne a l’art ses modèles et l’artiste est celui qui est capable de voir  la perfection de la forme et qui va tenter de l’imiter.       

 Mais l’esthétique de la mimesis n’a jamais été une invitation à reproduire le réel, le propos aristotélicien disant que « l’art imite la nature ou l’achève» signifiant que l’artiste doit être un aussi bon artiste que la nature pour porter à l’expression ce qu’il cherche à en montrer. Or pour rivaliser avec la nature, il faut savoir lui être infidèle. Le corps humain n’a jamais eu les proportions de la statuaire grecque mais ce sont ces proportions qui en montrent la force et l’harmonie. L’homme qui marche  n’a jamais eu les deux pieds rivés au sol, comme dans l’œuvre de Rodin, mais sans cette ruse, le mouvement serait suspendu. L’art est un mensonge qui dit la vérité ; tous les artistes le proclament à leur façon. La servile reproduction ne dévoile rien. Quel intérêt aurait une activité se contentant de reproduire ce qui se donne à la perception immédiate ? 

Si Platon rejette l’imitation parce qu’il y voit une apparence trompeuse qui nous éloigne du chemin de la vérité, en revanche pour Aristote « Imiter est naturel aux hommes ». Pour lui, l’imitation :

•    est source de connaissances •    procure du plaisir Et l’art, en imitant nous permet

•    de regarder ce qui serait insoutenable dans le réel. •    de s’instruire de manière plaisante Et si on ne « reconnait pas » l’objet représenté, on pourra toujours prendre plaisir à son exécution. On peut donc considérer que chez Aristote,   l’art ne se contente pas d’ imiter la nature,   mais plutôt de rivaliser avec elle. L’art   nous permet d’avoir accès à ce que nous cache la nature et nous découvre des choses que nous ne savons pas voir dans la réalité

Il appartient à Aristote d’avoir souligné que l’idée d’imitation dans l’art n’est absolument pas le signe d’une activité inférieure. Si la mimèsis est condamnée par Platon dans La République, livre III, 393-398, et livre X, 595-608, elle apparaît ici comme une tendance naturelle aux hommes qui apporte plaisir et connaissance. Il importe de remarquer que, pour Aristote, la mimèsis n’est pas une pure copie ; elle participe d’une transposition, voire d’une idéalisation qui donne à l’art poétique son caractère exemplaire.

Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831)

  Hegel, philosophe allemand, professeur à l’université de Berlin.  Rejetant la philosophie de Kant qu’il juge formelle et éloignée de la vie, Hegel propose un système visant à présenter l’ensemble de l’histoire et de la culture.    

C’est un vieux précepte que l’art doit imiter la nature ; on le trouve déjà chez Aristote. Quand la réflexion n’en était encore qu’à ses débuts, on pouvait bien se contenter d’une idée pareille ; elle contient toujours quelque chose qui se justifie par de bonnes raisons et qui se révélera à nous comme un des moments de l’idée ayant, dans son développement, sa place comme tant d’autres moments.

      D’après cette conception, le but essentiel de l’art consisterait dans l’imitation, autrement dit dans la reproduction habile d’objets tels qu’ils existent dans la nature, et la nécessité d’une pareille reproduction faite en conformité avec la nature serait une source de plaisirs. Cette définition assigne à l’art un but purement formel, celui de refaire une seconde fois, avec les moyens dont l’homme dispose, ce qui existe dans le monde extérieur, et tel qu’il y existe. Mais cette répétition peut apparaître comme une occupation oiseuse et superflue, car quel besoin avons-nous de revoir dans des tableaux ou sur la scène, des animaux, des paysages ou des événements humains que nous connaissons déjà pour les avoir vus ou pour les voir dans nos jardins, dans nos intérieurs ou, dans certains cas, pour en avoir entendu parler par des personnes de nos connaissances ? On peut même dire que ces efforts inutiles se réduisent à un jeu présomptueux dont les résultats restent toujours inférieurs à ce que nous offre la nature. C’est que l’art, limité dans ses moyens d’expression, ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l’apparence de la réalité à un seul de nos sens ; et, en fait, lorsqu’il ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapable de nous donner l’impression d’une réalité vivante ou d’une vie réelle : tout ce qu’il peut nous offrir, c’est une caricature de la vie.

Hegel,Esthétique, Introduction : Chap. I, Section II, §. 1,tr. fr. S. Jankélévitch, éd. Champs Flammarion, pp. 34-35

Pour Hegel, il est clair que la fonction de l’art n’est pas l’imitation. Il s’agirait alors de refaire en moins bien, ce qui existe déjà. L’art produirait alors des « illusions unilatérales » (c’est-à-dire ne  pouvant être saisie qu’avec la vue, ou l’ouie). Ce qui confinerait l’art dans un but purement formel et le limiterait à ne nous offrir qu’une « caricature de la vie ». Or pour Hegel, l’art doit être l’expression de l’esprit.

 Dans son Introduction à l’esthétique, Hegel évoque « les idées courantes sur l’art ». La première de ces idées est « l’imitation de la nature », idée qu’il fait remonter notamment à Aristote.  . On remarquera cependant que la condamnation d’un art de pure imitation ne peut viser avec exactitude la thèse d’Aristote, pour qui l’imitation n’est pas tout à fait une simple tentative de reproduction. Il n’en demeure pas moins que Hegel souligne l’insuffisance du concept d’imitation pour penser l’essence de l’art.

 On peut relever les critiques suivantes à propos de l’art comme imitation : •    Hegel souligne d’abord qu’il s’agit d’une conception dépassée, correspondant à un moment de l’idée  •    il s’agit d’une idée inutile car il n’y a aucune raison à vouloir représenter ce qui existe déjà et parce que le résultat ne peut être qu’inférieur à l’original   (Hegel reprend en un sens la critique de Platon) ; •    l’invention y est absente  

  L’art comme « caricature de la vie ».

En indiquant qu’un art qui vise l’imitation n’est qu’une caricature de la vie, Hegel souligne l’imperfection de toute imitation par rapport à la réalité. L’artiste ne peut pas, par ses propres moyens techniques, parvenir à reproduire ce que fait la nature, la vie, et qui est perceptible par tous les sens. Son oeuvre sera donc toujours grossière (à grands traits) par rapport à la réalité naturelle, cela à l’image d’une caricature. Ainsi, un tableau ne donne qu’une vision « aplatie » d’un paysage, sans profondeur réelle, sans les « bruits » de la nature réelle…

 on peut s’interroger sur l’idée de Hegel selon laquelle toute oeuvre offre « l’apparence de la réalité à un seul de nos sens »   ; il existe des arts qui semblent convoquer plusieurs sens, et l’on peut se demander si une oeuvre ne pourrait pas être semblable à la « vie » en faisant appel à tous les sens ; on peut faire allusion ici à l’idée d’un « art total »   « Il y a des portraits dont on dit assez spirituellement qu’ils sont ressemblants jusqu’à la nausée. »

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Les raisins de Zeuxis

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Les limites de l’imitation

Art et dévoilement du monde

Il y a parmi les peintures des grottes de Lascaux (18 000 ans d’âge !) la représentation d’une sorte de licorne. Georges Bataille y voit, dans Lascaux ou la naissance de l’art (1955), « une part de rêve qui ne correspond plus au désir d’une chasse heureuse ». L’art ici l’emporte sur le rite, sur les incantations de chasseurs avides de tuer le gibier. Ainsi, l’homme de Lascaux, par sa vision stylisée de l’animal, nie le monde existant et manifeste le désir de faire naître ce qui n’existe pas : il laisse sur la pierre la première trace du génie créateur de l’homme.(Source Philomag) 

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H.Bergson : l'art, un révélateur...

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  LA TECHNIQUE RECHERCHE L’UTILE, L’ART INVITE AU DÉTACHEMENT

Henri Bergson  1859 -19411, est un philosophe français. Il a publié quatre principaux ouvrages dont l’Essai sur les données immédiates de la conscience, et Les Deux Sources de la morale et de la religion en 1932.   prix Nobel de littérature en 1927. 

Différence radicale entre production technique et création artistique : la première est indexée sur la recherche de l’utile tandis que la seconde est libre ou, mieux, libérée de ce genre de préoccupation.  

« A quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience? Le poète et le romancier qui expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et à mesure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps mais qui demeuraient invisibles telle l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur. […]

Remarquons que l’artiste a toujours passé pour un «idéaliste ». On entend par là qu’il est moins préoccupé que nous du côté positif et matériel de la vie. C’est, au sens propre du mot, un «distrait ». Pourquoi, étant plus détaché de la réalité, arrive-t-il à y voir plus de choses? On ne le comprendrait pas, si la vision que nous avons ordinairement des objets extérieurs et de nous-mêmes n’était une vision que notre attachement à la réalité, notre besoin de vivre et d’agir, nous a amenés à rétrécir et à vider. De fait, il serait aisé de montrer que, plus nous sommes préoccupés de vivre, moins nous sommes enclins à contempler, et que les nécessités de l’action tendent à limiter le champ de la vision.

Henri Bergson. La pensée et le mouvant, 1938. PUF, Quadrige1990. p.149 à 151.

Ce texte questionne la finalité de l’art. L’œuvre (l’art) nous permet de voir ce que d’ordinaire on ne sait pas voir. Il permet un dévoilement. Par l’art « une extension des facultés de percevoir est possible » (Bergson ). Il est donc un révélateur. Et il révèle ce qui est.   Mais s’il révèle ce qui est, c’est que ce que l’artiste donne à voir ce n’est donc pas une invention, ce n’est pas une réalité qu’il réinvente : L’art renvoie à l’expérience humaine universelle.    « Approfondissons ce que nous éprouvons devant un Turner ou un Corot : nous trouverons que, si nous les acceptons et les admirons, c’est que nous avions déjà perçu quelque chose de ce qu’ils nous montrent. Mais nous avions perçu sans apercevoir.(…) Le peintre l’a isolée; il l’a si bien fixée sur la toile que, désormais, nous ne pourrons nous empêcher d’apercevoir dans la réalité ce qu’il y a vu lui-même. » in La pensée et le mouvant, p.150.   La vocation de l’art consiste à déchirer les apparences qui dissimulent sous leur abstraction le concret pour faire apparaître ce qui n’apparaît pas à la perception banale.    Pour Bergson ce qui se passe dans l’art est comparable à ce qui se passe pour l’image photographique. Le bain dans lequel on  plonge la pellicule pour faire apparaître l’image ne crée pas cette dernière, il ne fait que la révéler mais sans la solution nécessaire à la fixation de l’image, celle-ci demeurerait invisible. Ainsi en est-il de l’art. L’artiste n’invente pas la réalité qu’il donne à voir mais sans lui elle demeurerait invisible.   Et, de manière paradoxale, si l’artiste est le révélateur du réel, c’est parce qu’à la différence des autres hommes, il y est moins « attaché ». Il est, dit-on, « un distrait », un « idéaliste ».      Il a une manière d’être présent au monde donnant le sentiment de l’absence.     Chez lui le détachement   n’est pas volontaire  il est un état « naturel ».   Pour le commun des mortels, vivre c’est agir.   Nous avons des besoins à satisfaire, des intérêts vitaux et nous sommes tout naturellement enclins à ne saisir du réel que ce qui est en rapport avec ces besoins et ces intérêts matériels. L’arbre en fleurs est pour le paysan la promesse d’une bonne récolte, il n’en perçoit que ce qu’il lui est utile d’en percevoir. Sa perception est intéressée, ses préoccupations le détournant de regarder l’arbre à la manière du peintre Bonnard. Ce dernier ne le voit pas pour ce qu’il pourra en tirer, il le voit pour lui-même.   Aux nécessités de l’action structurant la perception des uns, s’oppose l’attitude contemplative de l’autre.   Il est donc bien vrai que l’art donne à voir. « Il n’imite pas le visible, il rend visible » disait Klee. Il ouvre sur un monde qui, en un certain sens, est bien le monde de tel ou tel artiste.   Mais si ce monde était purement subjectif, l’oeuvre ne nous parlerait pas. Il en est de même en littérature. Si le poète ou le romancier ne savait pas donner à son expérience une dimension universelle, nous ne serions pas émus. Il nous permet de découvrir quelque chose de nous, que nous portions en nous intuitivement mais qui en même temps nous était inaccessible  et qui nous est révélé dans l’œuvre. L’artiste est l’homme en qui la nature ou l’âme se sent, se pense et s’exprime.    C’est dire que l’artiste ne fait pas exister arbitrairement ce qu’il dépeint. Ni il ne le crée absolument, ni il ne se contente de l’imiter. Il n’invente pas ; il découvre au regard une réalité préexistante.   Nous voyons le monde extérieur (nature) et intérieur (esprit) à travers nos sens. C’est à dire une perception. Or c’est précisément la perception de l’artiste et celle du commun des mortels qui diffèrent. La richesse du réel « ne frappe pas explicitement nos sens et notre conscience » donc notre perception est en quelque sorte appauvrie.  

Marcel Proust : L' artiste est un traducteur

  “L’art, c’est l’homme affranchi de l’ordre du temps”    Marcel Proust

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Pour Marcel Proust, comme pour Bergson, l’art  est une forme de dévoilement de l’existence. L’art démultiplie notre perception et nous ouvre à la pluralité du réel. L’art n’est pas seulement ce qui nous permet de nous évader du réel. Il est aussi ce qui nous ouvre au réel et nous apprend à le voir

      “… je m’apercevais que ce livre essentiel, le seul livre vrai, un grand écrivain n’a pas, dans le sens courant, à l’inventer, puisqu’il existe déjà en chacun de nous, mais à le traduire. Le devoir et la tâche d’un écrivain sont ceux d’un traducteur.” Proust, RTP

« Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous voyons le monde se démultiplier, et, autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent à l’infini, et, bien des siècles après que s’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoient encore leur rayon spécial ».

Marcel Proust, (1871-1922), in Recherche du temps perdu (1927)

La grandeur de l’art véritable, (…) c’était de retrouver, de ressaisir, de nous faire connaître cette réalité loin de laquelle nous vivons, de laquelle nous nous écartons de plus en plus au fur et à mesure que prend plus d’épaisseur et d’imperméabilité la connaissance conventionnelle que nous lui substituons, cette réalité que nous risquerions fort de mourir sans avoir connue, et qui est tout simplement notre vie. La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la littérature. Cette vie qui en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l’artiste. Mais ils ne la voient pas parce qu’ils ne cherchent pas à l’éclaircir. Et ainsi leur passé est encombré d’innombrables clichés qui restent inutiles parce que l’intelligence ne les a pas «développés». Notre vie ; et aussi la vie des autres car le style pour l’écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique, mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients de la différence qualitative qu’il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s’il n’y avait pas l’art, resterait le secret éternel de chacun. Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini, et bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont il émanait, qu’il s’appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient encore leur rayon spécial. 

Le texte s’ouvre sur l’idée, paradoxale, que le plus souvent, nous nous ignorons nous-mêmes, nous méconnaissons cette intimité, cette richesse de notre monde intérieur. Parce que nous sommes envahis par “la connaissance conventionnelle”, qui se départit des nuances et vit de préjugés et de lieux communs. Or pour Proust, c’est par l’art que nous pouvons nous révéler à nous mêmes et aux autres. Et ce que l’art révèle de nous, c’est précisément notre part la plus intime, notre réalité authentique, ce qui fait que nous sommes qui nous sommes et non un autre. C’est la finalité de l’art. Et si “la vraie vie, c’est la littérature”, ce qui peut aussi sembler paradoxal, puisque la littérature relève de l’imaginaire, du fictif- c’est que la littérature (et l’art) est l’expression de notre vie intérieure.

analyse du texte ici : http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/articles.php?lng=fr&pg=949

Heidegger, L’origine de l’œuvre d’art

  Dans   L’Origine de l’oeuvre d’art   (1935), Heidegger prend l’exemple, devenu célèbre, des Vieux Souliers aux lacets (1886) de Van Gogh. La modernité du tableau et sa valeur tiennent au fait que Van Gogh n’a pas présenté ces souliers dans un contexte qui leur assigne, logiquement – et utilitairement – leur signification : « autour de cette paire de souliers de paysan, il n’y a rigoureusement rien où ils puissent prendre place : rien qu’un espace vague » (Chemins qui ne mènent nulle part, pp.33-34). Cela ne signifie nullement que ces chaussures restent enfermées dans leur muette présence, au contraire. Mais ce qu’elles ont à nous dire ne porte pas sur une situation, une histoire, ou un scénario. Ce qu’elles ont à nous dire est plus fondamental. Peints par Van Gogh, les souliers dévoilent l’être dont ils proviennent.      

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Dans l’obscure intimité du creux de la chaussure est inscrite la fatigue des pas du labeur. Dans la rude et solide pesanteur du soulier est affermie la lente et opiniâtre foulée à travers champs, le long des sillons toujours semblables, s’étendant au loin sous la bise. Le cuir est marqué par la terre grasse et humide. Par-dessous les semelles s’étend la solitude du chemin de campagne qui se perd dans le soir. A travers ces chaussures passe l’appel silencieux de la terre, son don tacite du grain mûrissant, son secret refus d’elle-même dans l’aride jachère du champ hivernal. A travers ce produit repasse la muette inquiétude pour la sûreté du pain, la joie silencieuse de survivre de nouveau au besoin, l’angoisse de la naissance imminente, le frémissement sous la mort qui menace. Ce produit appartient à la terre, et il est à l’abri dans le monde de la paysanne (…).  Nous n’avons rien fait que de nous mettre en présence du tableau de Van Gogh. C’est lui qui a parlé. La proximité de l’œuvre nous a soudain transporté ailleurs que là où nous avons coutume d’être. L’œuvre d’art nous fait savoir ce qu’est en vérité la paire de souliers » 

Heidegger, L’origine de l’œuvre d’ar t, in Les Chemins qui ne mènent nulle part, 1936, Trad. Wolfgang Brokmeier, Gallimard, coll. Tel  

Heidegger se réfère d’abord  à un simple objet manufacturé,   « un produit connu : une paire de souliers de paysan ».  Objet qui est rattaché à son utilité : « Un tel produit sert à chausser le pied ».Mais l’art n’est pas  une simple imitation du réel. Et pour Heidegger, ce que nous allons voir dans cette représentation des chaussures, c’est le monde familier du paysan… Il nous en montre la vérité parce que l’œuvre va engendrer un réseau de significations. Elle va  permettre l’ouverture à un monde qu’elle porte en elle.  L’œuvre va se dévoiler, révéler la réalité. L’illusion des chaussures va aboutir à un absolu.  Ainsi, ces chaussures de Van Gogh, abîmées, usées, salies, trouvent leur sens   dans la possibilité de nous rendre compte d’un au-delà.  Pour Heidegger, l’oeuvre d’art est ce qui fait advenir la vérité de ce qui est.   Elle ne se réduit pas à une copie du réel – puisqu’elle le dévoile – et n’est pas définie à partir du plaisir esthétique. La beauté est d’abord un mode d’éclosion de la vérité.  

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L'ART POUR SURVIVRE

« Tout peut craquer, mon corps, mes mains, mes jambes,

tant que reste l’Art, je vis. »

Tzvetan Todorov

Création musicale dans les camps d'extermination

Dans certaines situations extrêmes, l’art est un moyen de garder son humanité, de survivre et de se battre contre la barbarie. Vous trouverez  dans la section Français 1° de ce site, une série de réflexions et d’exemples sur ce thème
Un exemple : La musique dans les camps

Certaines pratiques  des nazis  consistaient lors de pendaisons, auxquelles tous les déportés étaient  obligés d’assister, de faire jouer un orchestre ou chanter des airs entraînants et joyeux et de contraindre les détenus à chanter pendant leur déplacement à pied, pendant le travail ou lorsqu’ils reçoivent des coups. Ceci explique que certaines musiques deviennent insupportables après la guerre pour les survivants.

Mais clandestinement, des détenus écrivaient de la musique.

Francesco Lotoro  est un pianiste et compositeur hors norme. Cet italien épaulé par son épouse et entouré de son “Orchestre de musique concentrationnaire”,  redonne voix aux musiciens oubliés. Pas n’importe lesquels : ceux qui furent déportés, emprisonnés, et qui souvent moururent dans les camps d’internement nazis. Avec plus de 4000 partitions déjà retrouvées en plus de 20 ans de recherches, il veut faire vivre cette musique écrite là où la création artistique était acte de résistance, là où la mort était la compagne de chaque jour, là où la vie ne tenait qu’à un fil. Une musique écrite clandestinement par des prisonniers de toutes origines, de toutes religions, dans l’une des périodes les plus sombres de l’Histoire entre 1933 et 1945. En les interprétant aujourd’hui, Francesco Lotoro, le Maestro, veut libérer ces musiques emprisonnées, ainsi que l’âme et l’esprit de tous ceux qui les ont composées. Plongé dans une mission solitaire, à la portée universelle, Francesco Lotoro réveille un pan entier de l’histoire de la musique jusqu’ici passé sous silence. Source de l’article : Fondation pour la mémoire de la Shoah

Art pictural et camps

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Walter Spitzer , déporté alors qu’il a 16 ans, a été sauvé par les résistants du camp de Buchenwald car il savait dessiner. Une nuit de janvier 1945, Walter est réveillé et doit se rendre devant le chef du block du quartier de Buchenwald où il est interné. Quelques heures plus tard, il doit faire partie du “transport” qui mène vers un autre camp où l’espérance de vie est de “ huit jours  “. Dans son livre Walter Spitzer se souvient des paroles formulées au milieu de la nuit : “Nous, le Comité international de résistance aux nazis, avons décidé de te soustraire à ce transport. Depuis que tu es là, nous t’observons. Tu dessines tout le temps, tu sais voir. C’est cela qui nous a décidés. Mais tu dois nous promettre solennellement que, si tu survis, tu raconteras, avec tes crayons, tout ce que tu as vu ici “.

A l’époque, entouré par la mort, l’adolescent ne prend pas conscience de l’importance historique de ses dessins. “Je n’avais aucune prétention historique, ni là, ni plus tard, ni jamais “, raconte-t-il, “et je n’ai jamais pensé que les dessins que je faisais dans les camps étaient un acte de résistance. Je dessinais, tout simplement “.

Avec beaucoup de détails et un trait fin et pointu, Walter dessine des scènes de vie, des gens qui mangent, qui dorment mais il choisit de ne pas dessiner la mort. Il est témoin de pendaisons, de décès à cause de la fatigue ou de la faim, de charrettes de corps entassés. “C’est trop dur “, confie avec pudeur le peintre, toujours profondément marqué par cette période, “c’est trop personnel, le visage de quelqu’un qui est supplicié comme ça, on ne peut pas y toucher “.

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Aujourd’hui, dans son atelier aux mille et une peintures, il n’y a qu’à installer un chevalet pour dessiner. Mais, dans les camps, l’un des plus gros challenges était de trouver le support et les crayons. Walter raconte la fabrication de son premier dessin, lorsqu’il était à Auschwitz III : “ Je me suis procuré un sac de ciment. Il avait quatre couches de papier et celles de l’intérieur sont splendides, couleur papier kraft. Ensuite, j’ai chauffé du charbon de bois dans une gamelle et j’ai dessiné avec un bout de bois calciné  “.

Syrie aujourd'hui

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« Elle va nue, la liberté, Sur les montagnes de Syrie Dans les camps de réfugiés. Ses pieds s’enfoncent dans la boue Et ses mains gercent de froid et de souffrance. Mais elle avance Nous, les exilés, Rôdons autour de nos maisons lointaines Comme les amoureuses rôdent Autour des prisons Espérant apercevoir l’ombre de leurs amants. Nous, les exilés, nous sommes malades D’une maladie incurable Aimer une patrie Mise à mort (…) L’avez-vous vu ?   Maram Al Masri

Randa Mdah , est née dans le village de Majdal Shams dans le Golan syrien occupé, en 1983. Après avoir terminé des cours de peinture et de sculpture au centre Adham Ismail en 2003, elle intègre la faculté des beaux arts de Damas pour obtenir son diplôme en sculpture en 2005. En 2007, elle suit des cours de gravure à « Bezalel», l’académie des arts et de la conception à Jérusalem.

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L' ART DANS LES CAMPS

L' art dans la guerre, rapports art -technique au xx°s..

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La question des rapports entre art et technique engage deux types de débats qui traversent l’histoire de l’art du 20e siècle.

D’une part, le développement des techniques industrielles entraîne une transformation du monde, une modification des rapports sociaux et de notre rapport à ce monde. Comment les artistes parviennent-ils à l’exprimer ? D’autre part le développement technique remet en question la place des savoir-faire traditionnel : en quoi les nouvelles techniques modifient-elles les pratiques artistiques ? Baudelaire définit ainsi la modernité   « (elle) est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable[1] ».

Pour Fernand Léger, le contraste, la rupture et l’angle droit sont les notions qui déterminent l’esthétique des temps modernes. Et, avec elles, le caractère lisse des matériaux usinés, dont les tubes métalliques des chantiers ou les obus lustrés de la Première Guerre offrent une image synthétique. On sait quelle importance aura pour la postérité cette question que Marcel Duchamp adresse à Constantin Brancusi alors qu’il s’extasie avec lui sur le galbe d’une hélice au Salon de l’Aviation de 1912 : « Qui pourra faire mieux que cette hélice ? », « La peinture est morte ».

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En effet, l’art contemporain remet en question l’originalité des œuvres d’art, c’est-à-dire leur caractère unique. Les œuvres d’art, comme les autres produits, peuvent être reproduites ou produites en série. C’est ce qu’illustre l’œuvre d’Andy Warhol (1928 − 1987), et plus généralement le mouvement du pop’art, qui utilise la sérigraphie pour reproduire des photographies ou des dessins par dizaines.

Le philosophe Walter Benjamin s’est intéressé à cette question de la reproduction des œuvres d’art dans son texte L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique (1936). Il y montre en effet comment la reproduction technique ruine l’idée même d’authenticité de l’œuvre d’art, c’est-à-dire son caractère unique. À l’époque de la reproductibilité technique, ce qui dépérit dans l’œuvre d’art, c’est son aura.

Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique , 1939

Pour Benjamin, la possibilité de produire un nombre infini de reproduction de l’œuvre d’art lui fait perdre de son aura : son caractère sacré s’appauvrit. Pour Benjamin, ce qui a toujours caractérisé l’œuvre d’art est son “authenticité”, ou encore son statut d’original. Un original, explique Benjamin, est un objet physique unique et situé en un lieu et un temps précis (hic et nunc). Or la reproduction transporte l’œuvre à domicile, et rapproche l’œuvre du spectateur. En s’intégrant à la culture de masse, l’œuvre d’art est désacralisée. De ce fait, la distinction entre art et technique n’apparaît plus si tranchée, puisque l’art, colonisé par la technique, semble perdre une part de sa dimension sacrée. 

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La réhabilitation de la technique, Simondon

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GILBERT SIMONDON

L’oeuvre philosophique de Gilbert Simondon (1924-1989) réhabilite la technique moderne et permet de penser à nouveaux frais la complexité de sa relation à la pensée esthétique et à l’art. Cette réhabilitation réclame de s’intéresser au « mode d’existence des objets techniques » selon les mots qui composent l’ouvrage le plus connu du philosophe français. Il s’agit d’en finir avec l’ignorance dont beaucoup de théoriciens se rendent coupables à l’égard de la technique, et en particulier à l’égard des machines, ces mal-aimées des temps modernes. De cette ignorance, on passe vite au désamour et à son exclusion de la culture, ce que Simondon regrette, dès le début de Du mode d’existence des objets techniques.

 Se défaire de cette opposition entre technique et culture exige de penser les objets techniques pour eux-mêmes. Deux points sont ici particulièrement importants ; chacun d’eux remet en cause l’idée qu’on se fait habituellement de la technique.

En fait, les objets techniques ne sont pas directement beaux en eux-mêmes, à moins qu’on n’ait recherché un type de présentation répondant à des préoccupations directement esthétiques ; dans ce cas, il y a une véritable distance entre l’objet technique et l’objet esthétique ; tout se passe comme s’il existait en fait deux objets, l’objet esthétique enveloppant et masquant l’objet technique ; c’est ainsi que l’on voit un château d’eau, édifié près d’une ruine féodale, camouflé au moyen de créneaux rajoutés et peints de même couleur que la vieille pierre : l’objet technique est contenu dans cette tour menteuse, avec sa cuve en béton, ses pompes, ses tubulures : la supercherie est ridicule, et sentie comme telle au premier coup d’œil ; l’objet technique conserve sa technicité sous l’habit esthétique, d’où un conflit qui donne l’impression du grotesque. Généralement, tout travestissement d’objets techniques en objets esthétiques produit l’impression gênante d’un faux, et paraît un mensonge matérialisé.

Mais il existe en certains cas une beauté propre des objets techniques. Cette beauté apparaît quand ces objets sont insérés dans un monde, soit géographique, soit humain : l’impression esthétique est alors relative à l’insertion ; elle est comme un geste. La voilure d’un navire n’est pas belle lorsqu’elle est en panne, mais lorsque le vent la gonfle et incline la mâture tout entière, emportant le navire sur la mer ; c’est la voilure dans le vent et sur la mer qui est belle, comme la statue sur le promontoire. Le phare au bord du récif dominant la mer est beau, parce qu’il est inséré en un point-clef du monde géographique et humain.

G. Simondon, Du mode d’existence des objets techniques (1958) Paris, Aubier, 1989 

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L’objet technique n’est pas beau dans n’importe quelles circonstances et n’importe où ; il est beau quand il rencontre un lieu singulier et remarquable du monde ; la ligne à haute tension est belle quand elle enjambe une vallée, la voiture, quand elle vire, le train, quand il part ou sort du tunnel. L’objet technique est beau quand il a rencontré un fond qui lui convient, dont il peut être la figure propre, c’est-à-dire quand il achève et exprime le monde. L’objet technique peut même être beau par rapport à un objet plus vaste qui lui sert de fond, d’univers en quelque sorte. L’antenne du radar est belle quand elle est vue du pont du navire, surmontant la plus haute superstructure ; posée au sol, elle n’est plus qu’un cornet assez grossier, monté sur un pivot ; elle était belle comme achèvement structural et fonctionnel de cet ensemble qu’est le navire, mais elle n’est pas belle en elle-même et sans référence à un univers.

Le texte de Gilbert Simondon se propose de montrer en quel sens il est possible de ressaisir la beauté d’un objet technique partant de l’idée que « les objets techniques ne sont pas directement beaux en eux-mêmes ». En évoquant (paragraphe 1) la supercherie qui consiste à masquer un « château d’eau, édifié près d’une ruine féodale », l’auteur aborde ensuite les conditions de la « beauté propre des objets techniques » (paragraphes 2 et 3). C’est « l’insertion » de l’objet dans un monde « soit géographique, soit humain » qui rend compte d’une émotion esthétique(paragraphe 2), comme le soulignent les exemples de la voilure d’un navire sur la mer gonflée par le vent et « le phare au bord du récif ». C’est la rencontre, précise-t-il ensuite (paragraphe 3), entre l’objet et « un lieu singulier et remarquable du monde », soit « un fond qui lui convient » comme l’expression de ce même monde. Enfin, l’auteur conclut (paragraphe 4) sur la nécessité d’une « éducation technique » pour montrer la beauté de l’objet technique.  

FICHE SYNTHESE ART

  • Les œuvres d’art éduquent-elles notre perception ? (TL, 2014)
  • L’art transforme-t-il notre conscience du réel ? (TS, 2008)
  • Y a-t-il un progrès dans l’art ? (TL, Réunion, 2010)
  • L’art sait-il montrer ce que le langage ne peut pas dire ? (TL, Polynésie, 2008)
  • Pourquoi conserver les œuvres d’art ? (TL, Pondichéry, 2005)
  • L’art est-il un langage ? (TES, Liban, 2005)
  • L’artiste travaille-t-il ? (TS, Pondichéry, 2009)
  • La sensibilité aux œuvres d’art demande-t-elle à être éduquée ? (TS, 2005)
  • Peut-on aimer une œuvre d’art sans la comprendre ? (ST, 2008)
  • Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d’art ? (ST, 2012)
  • L’artiste est-il un artisan ? (ST, Polynésie, remplacement, 2008)
  • L’art peut-il se passer d’une maîtrise technique ? (ST, 2010)
  • L’art nous fait-il connaître le réel ? (TL, Polynésie, 2012)
  • L’art peut-il manifester la vérité ? (TL, Liban, 2008)
  • Une œuvre d’art nous fait-elle rencontrer le réel ? (TL, Amérique du Nord, 2006)
  • L’art est-il moins nécessaire que la science ? (TES, 2011)
  • L’art a-t-il pour fonction d’exprimer ce qui échappe à la science ? (TES, Asie, 2007)
  • Peut-on démontrer qu’une œuvre d’art est belle ? (TS, Amérique du Nord, 2006)
  • L’art est-il un moyen d’accéder à la vérité ? (ST, 2011)
  • L’art nous détourne-t-il de la réalité ? (ST, Polynésie, 2008)
  • L’art est-il l’expression d’une révolte ? (TS, Polynésie, 2013)
  • La liberté de l’artiste rend-elle impossible toute définition de l’art ? (TES, Polynésie, 2009)
  • Peut-on reprocher à une œuvre d’art d’être immorale ? (TES, Pondichéry, 2006)
  • Une œuvre d’art peut-elle être immorale ? (TS, Pondichéry, 2014)
  • Y a-t-il un art d’être heureux ? (TS, Amérique du Nord, 2007)
  • La valeur de l’art réside-t-elle dans son inutilité ? (TL, Asie, 2013)
  • L’art n’est-il qu’un divertissement ? (TL, Liban, 2012)
  • L’œuvre est-elle nécessairement la fin de l’art ? (TL, Antilles, 2010)
  • Est-ce une fonction de l’art que d’embellir la vie ? (TL, Métropole, remplacement, 2009)
  • Les œuvres d’art sont-elles des réalités comme les autres ? (TL, 2007)
  • Une œuvre d’art n’est-elle qu’un objet ? (TL, Asie, 2006)
  • L’art est-il un divertissement ? (TES, Afrique, 2013)
  • Notre intérêt pour l’art s’explique-t-il par un besoin d’évasion ? (TES, Asie, 2012)
  • Une œuvre d’art doit-elle nécessairement donner du plaisir ? (TES, Métropole, remplacement, 2012)
  • La laideur peut-elle intéresser l’artiste ? (TES, Liban, 2012)
  • L’artiste a-t-il besoin de modèles ? (TES, Réunion, 2010)
  • L’art n’est-il qu’un jeu ? (TES, Polynésie, 2010)
  • L’artiste est-il un créateur ? (TES, Pondichéry, 2009)
  • Puis-je apprécier une œuvre d’art sans comprendre sa signification ? (TES, Amérique du Nord, 2008)
  • Toute œuvre d’art veut-elle dire quelque chose ? (TES, Polynésie, 2007)
  • L’artiste est-il maître de son œuvre ? (TS, 2014)
  • L’originalité fait-elle la valeur de l’œuvre d’art ? (TS, Liban, 2012)
  • L’œuvre d’art ne s’adresse-t-elle qu’à nos sens ? (TS, Métropole, remplacement, 2011)
  • L’art peut-il se passer de règles ? (TS, 2010)
  • L’art peut-il se passer de la référence au beau ? (TS, Afrique, 2010)
  • L’humanité peut-elle se passer de l’art ? (TS, Antilles, 2010)
  • L’artiste doit-il chercher à plaire ? (TS, 2009, Amérique du Nord)
  • Peut-on reprocher à l’art d’être inutile ? (TS, 2008, Afrique)
  • Qu’admire-t-on dans une œuvre d’art ? (TS, Pondichéry, 2007)
  • L’art est-il utile ? (ST, Polynésie, 2013. Sujet déjà donné par ailleurs)
  • L’œuvre d’art doit-elle d’abord plaire ? (ST, Antilles, 2013)
  • L’art est-il inutile ? (ST, Antilles, 2011. Sujet déjà donné par ailleurs)
  • L’art répond-il à un besoin ? (ST, Polynésie, 2009)

fonction de l'art dissertation

L'art a-t-il un rôle culturelle ?

Par Olivier

Rédigé le 11 June 2010

4 minutes de lecture

fonction de l'art dissertation

  • 01. I/ Comment définir l'art ?
  • 02. II/ Qu'est-ce qui différencie les beaux-arts de l'art de l'artisan ?
  • 03. III/ Peut-on définir ce qu'est le beau ?
  • 04. IV/ Le beau dépend-il du goût de chacun ?
  • 05. V/ L'œuvre d'art a-t-elle une fonction ?
  • 06. VI/ L'art sert-il à quelque chose ?

L'art ne doit pas seulement être entendu dans le sens de « beaux-arts » : il ne faut pas oublier l'art de l'artisan, qui lui aussi réclame une technique , c'est-à-dire un ensemble de règles à respecter. Il est clair cependant que les beaux-arts n'ont pas la même finalité puisqu'ils recherchent le beau et produisent des objets dépourvus d'utilité.

Chrys

I/ Comment définir l'art ?

Ce n'est qu'au xviii e  siècle que le terme d'art a été réduit à la signification que nous lui connaissons actuellement. Il avait jusque-là servi à désigner toute activité humaine ayant pour but de produire des objets  : en ce sens, l'art s'oppose à la nature, qui est l'ensemble de tout ce qui se fait sans que l'homme ait à intervenir.

L'art réclame toujours des règles  : lorsque l'on est charpentier comme lorsque l'on est musicien, il faut observer des règles si l'on veut produire l'œuvre désirée. C'est exactement ce que veut dire le mot technè en grec : la technique , c'est l'ensemble des règles qu'il faut suivre dans un art donné.

II/ Qu'est-ce qui différencie les beaux-arts de l'art de l'artisan ?

L'artisan a pour but de produire des objets d'usage  : c'est l'usage qu'on va faire de l'objet qui détermine ses caractéristiques et donc la façon dont on va le fabriquer.

L'artiste quant à lui ne vise pas l'utile, mais le beau . Si l'habileté technique est la limite supérieure de l'art de l'artisan, elle est la limite inférieure des beaux-arts : alors qu'on attend d'un objet courant qu'il soit bien conçu et réalisé de façon à être d'usage aisé, on n'attend pas simplement d'un tableau qu'il soit bien peint, mais qu'il éveille en nous le sentiment du beau .

III/ Peut-on définir ce qu'est le beau ?

Deux grandes conceptions s'affrontent dans l'histoire de la philosophie : soit le beau est une caractéristique de l'objet , soit il est un sentiment du sujet. La première doctrine remonte à Platon  : une chose est belle quand elle est parfaitement ce qu'elle doit être ; on peut parler d'une belle marmite, quand cette marmite rend exemplaire l'idée même de marmite.

La seconde est inaugurée par Emmanuel Kant  : le beau n'est pas une caractéristique de l'objet, c'est un sentiment du sujet, éveillé par certains objets qui produisent en nous un sentiment de liberté et de vitalité. En effet, le sentiment du beau est le « libre jeu » de l'imagination et de l'entendement : le beau suscite un jeu de nos facultés par lequel nous éprouvons en nous le dynamisme même de la vie.

IV/ Le beau dépend-il du goût de chacun ?

Selon Kant, la réponse est négative : le beau plaît universellement , même s'il s'agit d'une universalité de droit, et non de fait. Si je juge une œuvre belle alors que mon voisin la trouve laide, la première chose que je tenterai de faire, c'est de le convaincre . C'est ce qui différencie le beau de l' agréable  : l'agréable est affaire de goût et dépend du caprice de chacun, alors que le beau exige l'universalité.

Le beau peut être universel parce qu'il fait jouer des facultés qui sont communes à tous les sujets : le sentiment que j'éprouve devant la belle œuvre peut, en droit, être partagé par tous.

Pour Kant cependant, cette définition vaut aussi bien pour le beau naturel que pour le beau artistique ; en un sens, le beau naturel peut être selon lui supérieur au beau artistique, parce qu'il est purement gratuit : la belle œuvre est faite pour plaire, et cette intention , quand elle est trop visible, peut gâcher notre plaisir ; rien de tel avec un beau paysage.

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V/ L'œuvre d'art a-t-elle une fonction ?

Contrairement à l'objet technique qui trouve la raison de son existence dans son utilité, l'œuvre d'art semble ne pas avoir de fonction particulière. Suffit-il alors de rendre un objet technique inutilisable pour en faire une œuvre d'art ? C'est en tous cas la théorie du ready-made de Marcel Duchamps .

Pour Kant cependant, cette inutilité n'est pas simplement une absence de fonction : elle résulte de la nature même du beau . Dire qu'une fleur est belle ne détermine en rien le concept de fleur : le jugement esthétique n'est pas un jugement de connaissance, il ne détermine en rien son objet, qui plaît sans qu'on puisse dire pourquoi. C'est ainsi parce que le beau plaît sans concept que l'œuvre ne peut pas avoir de finalité assignable.

VI/ L'art sert-il à quelque chose ?

Que l'œuvre d'art n'ait pas de fonction assignable ne signifie pas que l'art ne sert à rien : Hegel , dans son Esthétique , lui assigne même la tâche la plus haute. Une œuvre n'a pas pour but de reproduire la nature avec les faibles moyens dont l'artiste dispose, mais de la recréer .

Dans le tableau, ce n'est donc pas la nature que je contemple, mais l' esprit humain  : l'art est le moyen par lequel la conscience devient conscience de soi , c'est-à-dire la façon par laquelle l'esprit s'approprie la nature et l'humanise. C'est donc parce que nous nous y contemplons nous-mêmes que l'art nous intéresse.

Certes, un outil est aussi le produit de l'esprit humain ; mais il a d'abord une fonction utilitaire et pratique. En contemplant une œuvre d'art en revanche, nous ne satisfaisons pas un besoin pratique, mais purement spirituel : c'est ce qui fait la supériorité des œuvres sur les autres objets qui peuplent notre monde.

La citation

« Est beau, ce qui plaît universellement et sans concept. » (Emmanuel Kant)

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L’art a-t-il un rôle culturel* ?

[color=blue]Salut RDM ! Merci pour le compliment 🙂 Nous avons commencé par Le Sujet en philosophie après qu’importe l’ordre, en S les notions resteront toujours La conscience, l’inconscient et Le désir. Bon apprentissage ![/color]

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Tout d’abord, après avoir défini ce qu’est l’art, nous étudierons l’une de ses problématiques ainsi que l’enjeu de notre réflexion, à savoir ce qu’il apporte à la société. Nous verrons également pour quelles raisons l’art peut être considéré comme le royaume du non-sens, mais qu’en réalité, il est essentiel à la société. Enfin, nous aborderons la façon dont l’art permet de révéler l’invisible.

  I – L’Art est le royaume du non sens

II – L’Art est essentiel à la société

III – L’Art révélateur de l’invisible 

Le terme art vient du latin “ars”, “artis” qui signifie habileté, métier, savoir-faire et du grec “tekhnê” qui signifie technique .

C’est pourquoi, il a longtemps désigné un ensemble de techniques qui s’apparente à l’origine à un savoir-faire.

De l’étymologie, il faut donc retenir que l’art implique de maîtriser une technique essentielle à l’exécution d’un projet. Mais cette explication ne suffit pas car dans ce cas, nombre de domaines pourraient être considérés comme de l’art. La cuisine, la mécanique, la philo par exemple seraient de l’art… 

C’est pourquoi à partir du XVIIIè siècle, il devient synonyme de Beaux-arts . A l’époque, les Beaux-Arts comprennent principalement les arts plastiques (architecture, sculpture, peinture) et les arts musicaux (musique, danse, poésie). Et chacun d’eux a pour fonction de viser le Beau.

Visant le Beau et uniquement le Beau, l’art est donc également désintéressé , à savoir, sans utilité ou fonction. Il est aussi à l’époque affaire d’imitation.

Il s’agit en effet pour l’artiste de saisir la beauté de la réalité, du monde et des personnes dans son œuvre.

Toutefois, cela peut être sujet à débat.

Mais là encore, cette définition a ses limites si l’on observe la création moderne et contemporaine.

L’urinoir de Duchamps que l’on appelle aussi “Ready made” (déjà prêt) a montré que l’art n’était pas uniquement question de savoir-faire. Duchamps est simplement allé chez un marchand d’urinoir et en a choisi un parmi d’autres. C’est le fait d’exposer cet urinoir et surtout de le détourner de sa fonction première qui transforme cet objet en art.

Quant à l’œuvre de Piero Manzoni “Merde d’Artiste” composée de 90 boîtes de conserve contenant des excréments de l’artiste n’est pas non plus qu’affaire de Beau.

Il est indéniable que les excréments restent des excréments. Par ailleurs, ce personnage situé en bas à droite dans “Les Demoiselles d’Avignon” , qui marque le début du cubisme , présente un visage dont les traits se prolongent dans le dos, ce qui n’est pas commun. 

Ainsi à partir du XXème siècle, l’art serait peut-être plus affaire d’idée comme en atteste l’apparition du cubisme, de l’art conceptuel, engagé …

Dès lors se posent des questions :

  • Quelle est donc la fonction de l’art, ce domaine qui n’a cessé de se contredire et  remettre en question sa propre définition ? Et par conséquent quelle est son utilité ? Faut-il vraiment le considérer comme non-essentiel ?

Et de là découle une problématique possible :

  • Comment le propos de l’art, pourrait-il être réduit à sa diversité apparente et contradictoire, alors qu’il flamboie dans nos sociétés depuis la préhistoire ?

L’enjeu de cette réflexion n’est pas sans intérêt car elle permettrait de montrer la nécessité de l’art dans la société. Et ce serait l’occasion de faire taire ceux qui le jugent non-essentiel.

Mais pour cela voyons tout d’abord en quoi l’art est le royaume du non sens…

I – L’ART EST LE ROYAUME DU NON SENS. 

1) L’art est inutile, sans intérêt et injustifiable

L’art est l’apanage du non sens tout d’abord parce qu’il est inutile. Le mot « utile » vient du latin « utor » , et signifie « faire usage de » . Il a également donné le mot « outil ». Ce qui est utile, c’est donc ce dont on peut faire usage, comme un outil . Contrairement aux objets utilitaires, conçus pour prolonger la main de l’Homme, il ne sert à rien.

Mais en plus de ne servir à rien il est aussi sans intérêt, à savoir désintéressé. En effet, pour Kant , lorsque j’observe une œuvre d’art, ce n’est pas dans le but de me procurer cette œuvre d’art, mais simplement pour le plaisir de la contempler.

Par ailleurs, pour beaucoup, il n’est pas possible de justifier les raisons pour lesquelles je trouve un objet beau. En effet, pour Kant, « le beau est ce qui plaît (…) sans concept » à savoir sans qu’il me soit possible d’avoir une représentation claire de ce qu’est le beau. De la même façon, la création artistique, contrairement à la technique qui suppose l’application de règles, dépasse l’entendement, c’est-à-dire  la faculté de connaître et de comprendre de l’artiste. Alain soutient même dans Système des Beaux-arts, que contrairement à l’artisan, l’artiste n’a aucune idée de ce qu’il est en train de créer.

En plus d’être inutile, dépourvu d’intérêt et injustifiable, il n’est aussi pour certains qu’une imitation imparfaite du monde…

2) L’art est une imitation mensongère dangereuse pour la Cité

Platon n’hésite pas à le juger sévèrement. Il n’est selon lui qu’une pâle copie de la réalité, le monde sensible, à savoir le monde dans lequel on vit, qui est lui-même, pour ce philosophe, une piètre copie de la réalité supérieure qui se trouve dans le monde des Idées…

Pire, il est mensonger en trompant l’œil. A ce sujet, on peut citer l’anecdote des peintres Zeuxis et Parrhasios . Lors d’un combat d’artistes, Zeuxis avait peint des raisins avec tant de vérité, que des oiseaux vinrent les becqueter. Fier de sa réussite, il demanda qu’on tirât le rideau masquant le tableau de Parrhasios. Mais voilà, ce fut l’arroseur arrosé puisqu’il ne s’aperçut pas que le rideau était peint sur le tableau. Zeuxis fut obligé de reconnaître que Parrhasios était plus fort que lui, étant donné qu’il n’avait trompé que des oiseaux, et que Parrhasios avait trompé l’Homme qu’il était.

Induisant les Hommes en erreur, Platon proposera même de bannir les artistes de sa Cité idéale dans son ouvrage “La République”.

3) La mort de l’art

Quant à Hegel , il projette quant à lui la fin de l’art. Pour lui : 

« L’art ne fournit plus cette satisfaction que des besoins spirituels que des temps et des peuples anciens ont cherché en lui et trouvé seulement en lui…. L’art est pour nous, suivant le côté de sa plus haute destination, quelque chose du passé. De ce fait, il a perdu pour nous aussi sa vérité et sa vitalité authentique ». 

Appartenant au passé et ne satisfaisant plus nos besoins spirituels, l’art selon Hegel se doit d’être dépassé…

Cependant, dévaloriser l’art peut paraître déplacé, car vivre dans une société sans art ne semble pas souhaitable. De plus, existe-t-il des critères objectifs permettant de définir le beau et les œuvres d’art ou bien est-ce une question d’aléatoire ? Enfin, si l’on débarrasse une société de l’art, ne risque-t-on pas de sombrer dans un monde totalitaire similaire à celui décrit dans “1984” de George Orwell ? Il convient donc d’examiner pourquoi l’art est indispensable à la société.

II – L’ART EST ESSENTIEL À LA SOCIÉTÉ

1) Les règles et l’universalité du Beau et les critères de l’œuvre d’art

Même si il est difficile de le définir, il faut toutefois reconnaître que le beau, au moins jusqu’à la naissance de l’art moderne, répond à des règles de proportions. Cependant, cela se complique par la suite.

La perspective, théorisée par Léonard de Vinci par exemple, permet de représenter les trois dimensions d’un objet en faisant concourir les lignes vers un point de fuite et ce en respectant les proportions des motifs présents dans la scène représentée. 

Le nombre d’or, également appelé nombre divin puisque souvent présent dans le paysage naturel, est aussi un gage de beauté dans la mesure ou, comme la perspective, il permet une certaine harmonie… 

Mais par delà la diversité des œuvres d’art, certains critères permettent aussi d’établir qu’une œuvre est une œuvre…

C’est le cas lorsqu’une création est reconnue en tant qu’art par les experts, présentée dans un lieu artistique signée par un artiste et reconnue comme de l’art par le public…

Voilà donc quelques appuis qui nous permettent de reconnaître une œuvre d’art : 

Si le Beau est désintéressé, sans concept et source de satisfaction nécessaire pour Kant il est aussi Universel. Il s’oppose au goût qui est subjectif et dépend du point de vue de chacun, en valant en tout lieu et en tout temps. 

Plus clairement, si je peux difficilement contester que la Joconde est belle – ce qui est un jugement universel -, je peux affirmer qu’elle ne me plaît pas – ce qui relève de mon goût et il est subjectif – 

Ralliant les hommes d’un point de vue temporel et géographique, l’art est aussi vecteur de cohésion et d’identification sociale.

2) L’Art, vecteur de cohésion et d’identification sociale

Ayant eu durant un certain temps une fonction religieuse , comme le montrent les tragédies et les cathédrales, l’art a longtemps rassemblé la population autour de croyances communes. Et c’est toujours le cas dans la mesure où il réunit les gens autour d’un travail auquel on croit et qui nous procure un certain plaisir.

Mais le goût artistique qui diverge selon les personnes est aussi le fruit d’un apprentissage qui traduit selon Bourdieu une appartenance sociale et l’éducation que l’on a reçue… 

En théâtre, il y a ceux qui aiment le travail de Gwénael Morin et ceux qui aiment les pièces de boulevard. 

Cette catégorisation peut parfois engendrer en effet des complexes d’infériorité , voire de l’humiliation et donc de la souffrance.  

Pourtant l’art est aussi un réel moyen efficace pour apaiser nos souffrances.

3) L’art comme moyen d’apaiser les souffrances de l’existence

Cela est d’ailleurs très bien illustré dans “Toute la philo en BD” ,  où l’on y voit une mère proposer à son fils, en colère, d’écouter une symphonie de Mozart.

C’est aussi l’avis de Schopenhauer qui voit en l’art un moyen de soulager la douleur que crée en nous notre vouloir-vivre, à savoir la force désirante insatiable qui anime nos existences…

Mais si l’art permet de supporter les douleurs de l’existence, il est aussi indispensable à la société en tant qu’espace de réflexion.

4) L’art, un espace de réflexion sur la société et l’Homme

Au sein de l’art, l’artiste questionne librement les dysfonctionnements de la société. Banksy dénonce par exemple les ravages de la guerre en Syrie au 21ème siècle ou encore le pouvoir de l’argent dans son œuvre “La fille au ballon” , qu’il a fait s’autodétruire lors d’une vente aux enchères.

Mais les artistes mettent également en lumière les incohérences des hommes. Tim Noble et Sue Webster dans l’œuvre ”White trash” montrent 6 mois de détritus ménagers accumulés, servant de nourriture à deux mouettes, au côté de deux artistes qui préfèrent boire et fumer.

On peut souligner que c’est aussi ce que faisaient Molière et La Bruyère au XVIIème siècle… 

Pour échapper à la censure, les artistes recourent à divers stratagèmes. Si La Fontaine critiquait le Roi en insérant des animaux dans ses Fables, l’artiste Emir Shiro n’hésite pas à pixéliser sa Joconde tout en l’affublant de deux tétons réalistes et échappe ainsi à la censure des réseaux sociaux, qui interdisent la nudité.

L’art devient de cette façon une image trompeuse qui véhicule un discours vrai, ce qui rejoint la pensée de Proust qui affirmait que « l’art est un mensonge qui dit toujours la vérité » .

Mais en dénonçant les travers humains, on pourrait penser que l’art est un moyen efficace pour assainir nos sociétés. En pointant les dysfonctionnements sociaux, le film “Jusqu’à la garde” de Xavier Legrand dénonce par exemple les violences intrafamiliales, et on peut penser que l’art contribue à l’éveil des consciences et notamment aux avancements de la justice, qui sur ce type de questions est somme toute quelque peu vieillissante… 

Ce n’est pas un hasard si dans les dictatures les artistes opposants aux régimes sont emprisonnés…. Volkov , qui a déposé un étron géant sur une place de Saint-Pétersbourg, qui abrite les tombeaux des victimes de la révolution de 1917, a été emprisonné en 2022 et risque 5 ans d’emprisonnement.

5) L’art est aussi un moyen d’accroître nos vies, à savoir de les rendre plus passionnantes.

Pour Nietzsche , qui préconisait de « faire de sa vie une œuvre d’art » , l’art est vecteur de joie et de perfection. Seul l’art peut donner du sens à une existence qui n’en a pas…

Pour Nietzsche, le Beau n’existe pas en tant que tel, il est seulement créé par le surhomme. Seul le surhomme est un esprit libre créateur de valeur et il y a urgence à abolir les frontières entre l’Homme et l’artiste.

L’abolition des frontières entre l’art et la vie, c’est aussi d’une certaine façon ce que revendique l’Art total. 

Issu du romantisme allemand et défini par Wagner , le concept d’art total est repris par l’Art nouveau dont l’un des principes est d’ insérer l’art dans le quotidien …  Architecture, mobiliers, rampes d’escalier, lampes deviennent avec l’art nouveau de véritables œuvres d’art qui enjolivent notre quotidien…

Mais en plus de constituer un domaine essentiel au bon fonctionnement de la société, l’art semble détenir des pouvoirs qui s’apparentent à la magie.

Plus exactement,  il aurait le pouvoir de rendre visible ce qui est invisible.

III – L’ART RÉVÉLATEUR DE L’INVISIBLE

1) Art expression du divin

Longtemps interdépendante de la religion, la peinture occidentale fut un temps un moyen de transmettre les idées du christianisme aux analphabètes. Au Moyen-âge, les peintres représentent essentiellement des scènes bibliques , porteuses de la parole divine. 

Hegel , dont la pensée apparaît plus tardivement au XIXe siècle, voit même en l’art l’expression de Dieu dans notre monde… Et si il prédit la fin de l’art, ce n’est pas en tant que tel, mais au profit d’une approche plus réfléchie, c’est-à-dire celle de la naissance de la philosophie de l’art , laquelle associe une dimension intellectuelle – celle de la pensée – à la dimension matérielle de l’art- celle qui a recours à la matière.

Mais en plus de nous donner accès à une dimension métaphysique ou située au-delà de notre monde, l’art est aussi un moyen privilégié de découvrir ce qui échappe à notre conscience.

2) Révélateur de vérité

Nietzsche considérait que seul l’art avait la possibilité de révéler la vérité cachée par les censures de la conscience.  

Pour Nietzsche, il est le seul domaine qui révèle la dimension tragique de la vie, tandis que la tendance permanente de l’Homme à conceptualiser est inévitablement édulcorante et lénifiante.Tout sauf un divertissement, l’art est pour Nietzsche l’occasion de r évéler la vie dans son ampleur , c’est à dire à la fois dans sa dimension cruelle et sublime .

Dans le même esprit, Bergson compare l’artiste à un révélateur de papier photographique, lequel pour le penseur et pour paraphraser une phrase de Klee , ne rend pas le visible, mais rend visible la réalité profonde du monde.

C’est aussi ce souci de révéler la vérité que partagent les artistes contemporains qui ambitionnent de nous faire voyager à l’échelle microscopique afin de découvrir une réalité que l’on ne perçoit pas.

3) Voyage à l’échelle infinitésimale

Au XXème siècle, l’art collabore parfois avec la science et met en lumière un monde invisible souterrain en nous faisant voyager à l’échelle nano, à savoir celui des atomes ou de l’ADN.

Sauf qu’en plus d’ouvrir une fenêtre sur le monde de l’infiniment petit, les Nano artistes , qui ont accès à un monde qui nous échappent, peuvent aussi s’interroger sur les conséquences de l’utilisation de nanoparticules – ces particules microscopiques parfois créées par la science et la technique.

Si elles s’avèrent ultra performantes – on peut par exemple construire des ponts rétractables et réparables de façon autonome – ou encore soigner certaines maladies comme le cancer – elles peuvent aussi comporter des risques.

Et c’est aussi la fonction de l’art de mettre en garde sur les dérives futures et éventuelles des pratiques de la société. C’est pourquoi, l’art est aussi un visionnaire.

Pouvant expérimenter librement et sans censure des choses inacceptables dans la société, concentré 24 heures sur 24 sur leurs observations, l’artiste, au même titre que le philosophe, serait pour Nietzsche le seul à pouvoir appréhender et anticiper le futur.

Les nano-artistes imaginent par exemple le monde de demain dans lequel le biocarburant aurait remplacé le pétrole, ou bien les maladies auraient disparu.

C’est ce que fait Michael Burton dans “The Race” en imaginant notamment des espaces cliniques remplis de bactéries où l’homme pourrait fabriquer des anticorps afin d’être immunisé contre les maladies.

Espace de liberté, l’art est aussi l’occasion d’expérimenter de nouvelles formes d’existences. C’est le cas du Bio-art qui met en pratique des perspectives bousculant nos éthiques de façon plus ou moins joyeuses. Laura Cinti a créé un cactus dans lequel elle a injecté de l’ADN humain, si bien que son cactus a remplacé ses épines par des poils pubiens. 

Quant à Edouardo Kac , il a créé un lapin vivant dans lequel il a inséré un gêne fluorescent.

Pour finir, apparu dès la Préhistoire si l’on en croit les dessins de la Grotte de Lascaux, et perdurant bien plus longtemps que l’être humain, l’art semble être pour l’Homme une porte d’accès à l’éternité…

4)  Porte d’accès à l’éternité

Condamné à la finitude, il est naturel que l’Homme questionne les moyens d’accéder à l’éternité au sein de ses œuvres, en insérant notamment l’ADN d’un parent mort dans un arbre afin qu’il continue à vivre comme c’est le cas dans l’œuvre “Bioprésence”.

Mais pour Hannah Arendt , c’est la nature même des œuvres qui est de tendre vers l’éternité contrairement aux objets utilitaires dont la durée est limitée.

Royaume de l’inutile, de l’hétéroclite, questionnant et rompant inlassablement les règles qui l’animent, l’art ne semble à première vue qu’avoir pour fonction de nous procurer du plaisir et d’ insérer un peu de beauté dans nos vies . Même si cela est déjà conséquent, il est aussi un gage du fonctionnement de la société dans la mesure où il met en lumière sa réalité profonde et qu’il est un espace de réflexion et d’interrogation de solutions humanistes et constructives pour l’avenir..

Alors l’art essentiel ou inessentiel à la société ? 

S’il peut apparaître comme un luxe artificiel non à même de satisfaire nos besoin premiers et vitaux, il semble pourtant essentiel à notre humanité, laquelle est aussi tout aussi artificielle, puisqu’elle est un joyeux dépassement de notre nature première.

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01 Avr Qu’est-ce que l’art et à quoi ça sert ?

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Collaboration spéciale de Claude Philippe Nolin , artiste, travailleur culturel et essayiste. 

Vous désirez collaborer à notre blogue ? Écrivez-nous à [email protected] .

Combien parmi vous se sont retrouvés un jour dans l’incapacité de répondre à ces simples questions ? N’avez-vous jamais ressenti cette gêne devant vos interlocuteurs, d’être hanté par ce fameux syndrome de l’imposteur ?

Dans cet article, il vous sera présenté un résumé d’une nouvelle théorie de l’art qui vous apportera, je l’espère, des réponses satisfaisantes à ces questions. C’est la théorie médiatique de l’art.

Ces pages présentent un aperçu de son essai L’art est un média de masse paru en 2020 aux Éditions C. P. Nolin, productions graphiques et culturelles.

Il est en vente ici,  en format numérique.

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Source: www.artmediademasse.ca

Une théorie générale

Cette théorie concerne l’ensemble des pratiques artistiques : les arts visuels, oui, mais aussi la danse, le théâtre, la musique, le mime, l’humour, le cinéma, la bande dessinée, etc.

Théorie médiatique parce que cette définition de l’art est basée sur les théories de la communication, l’art étant vu d’abord comme un média de communication.

Parmi les définitions recensées au cours de mes lectures, bon nombre ne concernent que les arts visuels et plusieurs autres, qu’une école ou un esthétisme en particulier. Certaines théories plus récentes s’attachent davantage à savoir « quand » il y a art. Ces dernières sont plutôt utiles aux institutions et aux collectionneurs afin de s’assurer de l’authenticité des œuvres.

Les philosophes et les théoriciens de l’art se sont évertués durant des siècles à circonscrire ce champ de l’activité humaine depuis un champ d’études particulier : l’esthétique. Instrumentalisées par les élites dans la lutte des classes, les définitions qu’ils ont proposées rendaient souvent plus obscur le rapport de la société avec ses artistes. L’hermétisme de leurs jargons a fini par convaincre la population que l’art était l’affaire des riches. Encore aujourd’hui, l’intellectualisation à outrance du discours artistique creuse ce fossé.

Tout n’est pas nécessairement à rejeter. Il s’agit plutôt de changer de point de vue. Comme lorsque différentes personnes sont concernées par la construction d’un pont. Pour l’architecte, c’est de la création pure. Pour l’ingénieur, c’est un défi. Pour les ouvriers, c’est d’abord un revenu. Pour l’entrepreneur, c’est une occasion d’affaires et pour les financiers, un investissement intéressant. Pour les personnes expropriées, c’est soit une injustice, soit une opportunité. Mais pour la société et les usagers de ce pont, ce sera un lien qui servira à rapprocher les gens et les lieux.

L’important est donc de déterminer quel rôle jouent l’art et les artistes dans la société.

Alors, plutôt que de baser notre définition sur les œuvres, nous allons partir de l’intention des artistes.

L’énoncé : L’art est un média de masse

On dit des artistes qu’ils tentent de s’exprimer par leur art.

Ne devrait-on pas considérer l’art comme étant d’abord et avant tout un média de communication ? Un média qui permet à l’artiste de communiquer des idées, des impressions et des émotions par l’usage de mises en scène esthétiques et transcendantes, d’établir une certaine communion d’esprit avec son public ?

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Source: Vadim Fomenok sur Unsplash.

L’hypothèse

L’art est un média de communication de masse qui permet à l’artiste de communiquer des idées, des impressions et des émotions par l’usage de mises en scène esthétiques et transcendantes visant à établir une certaine communion d’esprit avec son public.

Les fonctions de l’art

L’art a de multiples fonctions.

  • Il permet l’expression des individus.
  • Il permet à chacun d’entrer en communion d’esprit avec d’autres individus, d’avoir l’impression de partager des moments, des sentiments et des émotions avec eux, d’être empathique vis-à-vis de ce qu’ils ressentent.
  • Il permet à chacun de décorer son environnement, de le personnifier.
  • Il a également pour fonction de fasciner, de créer des passions.
  • C’est un instrument d’éducation et de diffusion du savoir, mais, également un outil de propagande et d’endoctrinement.
  • On lui reconnaît des capacités d’introspection.
  • Les Grecs de l’Antiquité avaient découvert sa capacité de catharsis, on l’utilise aujourd’hui en thérapie.
  • De tout temps, il a servi à commémorer les événements, forger les souvenirs, glorifier les individus. Il joue un rôle dans la construction de l’identité des individus et des sociétés.
  • Il est à la fois le résultat d’une culture et un élément qui contribue à sa construction.
  • Il permet le développement de l’imagination, de la créativité.
  • L’art est subversif. Il permet d’interroger les gens sur leurs valeurs, leurs croyances.

Est-il possible de déduire un rôle qui résume toutes ces fonctions ?

Le rôle de l’art : Donner un coup de pied dans la fourmilière

La majorité des gens vivent le nez collé sur leur quotidien. Peu d’individus ont le temps et le recul nécessaire pour analyser la société, pour prendre conscience de la source de leurs émotions ou des rapports qu’ils entretiennent avec les gens. Les artistes en sont généralement.

Le réel est une idée subjective. Nos propres sens sont limités et imparfaits. Notre savoir, incomplet. Une bonne part de nos connaissances sont le fruit d’expériences empiriques, d’un héritage culturel. Durant plusieurs millénaires, les religions et les idéologies ont tenté de pallier notre ignorance par une mythologie et une cosmologie souvent aberrante. Pour compliquer le tout, les caractéristiques physiques mêmes de l’Univers sont en soi un obstacle qui nous empêche de l’apprécier dans sa globalité. Nos connaissances sont donc souvent le fruit de mauvaises interprétations du réel.

L’avancée de la connaissance objective sur cet univers et sur notre propre nature bouscule jour après jour les vieilles idées reçues et rend certains savoirs désuets. Il n’est pas toujours facile de réaménager les vieux schémas de pensée pour faire place aux neufs. Il y a souvent de la résistance, surtout quand notre conception du monde et nos valeurs sont bousculées.

L’art peut contribuer à provoquer ce changement tel un catalyseur. Il permet tant aux individus qu’aux sociétés d’établir ou d’actualiser leurs rapports avec eux-mêmes, avec leur environnement, avec leurs semblables et aussi avec leur propre humanité, bref, d’ajuster leurs rapports avec cette réalité subjective.

On pourrait peut-être émettre l’hypothèse que, sans même que l’artiste ne s’en rende compte, son art prépare l’intellect des individus à recevoir des idées nouvelles.

L’artiste ne nomme pas les choses, il les évoque.

L’œuvre d’art ne dit pas à chacun quoi penser (ce serait de la propagande comme l’ont été l’art religieux et le réalisme socialiste), il se limite à exposer les gens à des expériences afin que ceux-ci réagissent chacun selon leur propre nature et leurs propres valeurs.

Son œuvre agit tel un contaminant. Une fois qu’il a été exposé à une œuvre qui déstabilise son conscient ou son inconscient, l’individu cherchera à retrouver son équilibre. Il peut être affecté autant par une œuvre abstraite que figurative, autant par un geste, une parole, un son ou une ambiance.

Il peut rejeter ce qui le dérange, l’intégrer à ses acquis ou, enfin, se transformer lui-même afin de faire place à ce qui entre en conflit avec ses vieilles structures de pensée. Le but est de conserver sa propre cohérence.

Le rôle de l’art est de permettre tant aux individus qu’aux sociétés d’établir ou d’actualiser leurs rapports avec eux-mêmes, avec leur environnement, leurs semblables et leur propre humanité, bref, d’ajuster leur rapport avec cette réalité subjective.

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Source: Toa Heftiba sur Unsplash.

Les principales caractéristiques de l’art

  • C’est une mise en scène. Elle n’est jamais la réalité, c’est une représentation.
  • L’art contribue à donner forme au réel.
  • C’est un moyen de communication de masse.
  • En art, le bruit dans la communication est une composante du message.
  • La perception d’une même œuvre d’art peut différer d’un individu à l’autre.
  • L’œuvre, est un système de signes dont les codes peuvent être nombreux, entremêlés et non nécessairement partagés, est un jeu qui défie notre intelligence. Ces codes ne sont pas nécessairement conventionnés et sont souvent créés sur mesure par l’artiste pour les besoins de sa création.
  • Toutes les disciplines artistiques utilisent un équivalent des figures de style pour exprimer une idée.
  • L’œuvre d’art privilégie la communion, mais aussi le jeu, l’empathie, la révélation et la fascination.
  • L’œuvre d’art fait appel à un ensemble de caractéristiques qui déterminent son apparence et sa parenté relative à un style défini, à un esthétisme. Sinon, elle en crée un nouveau.
  • L’art relève de la contemporanéité anachronique. Avec le temps, une œuvre peut prendre un nouveau sens. Nous réinterprétons idéologiquement le passé pour donner un sens et justifier notre présent.
  • Le sens d’une œuvre est plus que la somme des éléments qui la constituent.
  • La transcendance de l’art, c’est sa capacité de nous amener ailleurs, d’évoquer une autre réalité.
  • L’art est de nature ontologique (transcendance de soi).
  • L’œuvre d’art s’adresse indistinctement à une ou plusieurs formes de notre intelligence.
  • Nous recherchons par instinct la solution à l’énigme que l’artiste nous propose. Nous voulons trouver un sens à son œuvre.

On pourrait donc conclure qu’à la lumière de toutes ces considérations, l’art peut changer le monde. Mais c’est souvent un individu à la fois…

Pour plus d’information

Vous pourrez lire l’essai « L’art est un média de masse ». Des conférences en ligne sont également disponibles pour petits groupes.

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  • Culture générale

L’art en philosophie : quelques thèses incontournables

  • décembre 13, 2022
  • Par : Gabin Bernard

l'art en philosophie

Cet article s’intéresse aux différentes thèses philosophiques sur l’art. Il tente de recenser les plus importantes d’entre elles.

PLATON, La République , Livre X : l ’art n’est qu’imitation et illusion

La poésie, génératrice d’illusion, est bannie de la cité idéale chez Platon. Dans un extrait, le philosophe grec prend l’image des trois lits : son essence , celui du menuisier ( matériel ) et celui du peintre ( idéal ). L’artiste copie en réalité le lit de l’artisan, lui-même créé à partir du concept. De ce fait, l’art est mensonge et illusion, il ne fait que copier la représentation matérielle d’un concept et non le concept même. “Est-ce représenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qui paraît tel qu’il paraît; est-ce l’imitation de l’apparence ou de la réalité ? – De l’apparence dit-il.” Le Beau artistique n’existe pas pour Platon.

ARISTOTE, Poétique : l’art est imitation

Le disciple de Platon s’en distingue nettement ici. Il observe que les hommes ont tendance à imiter : “Imiter est en effet, dès leur enfance, une tendance naturelle aux hommes”, et ils prennent plaisir à contempler ces imitations. De plus, l’homme aime à apprendre par la contemplation. “Apprendre est un grand plaisir […]. On se plaît en effet à regarder les images car leur contemplation apporte un enseignement.” Notons que Pascal fait référence à cet extrait dans ses Pensées : “Quelle vanité que la peinture qui n’attire l’admiration que par la ressemblance des choses, dont on admire point les originaux.” En résumé, selon Aristote, l’art prend sa source dans le plaisir de l’imitation.

Lire plus : Philosophie du langage : les principales thèses à connaître

HEGEL, Esthétique : distinction entre beauté naturelle et beauté esthétique

L’Esthétique chez Hegel renvoie à la philosophie des beaux-arts. “L’esthétique a pour objet le vaste empire du beau […] c’est la philosophie de l’art, ou plus précisément des beaux-arts.” Mais cette définition exclut le beau dans la nature et ne considère que le beau dans l’art. Cela est d’autant plus vrai que les thèses courantes privilégient le beau naturel. “Mais il est permis de soutenir dès maintenant que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature.” L’esprit est toujours supérieur à la nature ,  en toute idée sont présents toujours l’esprit et la liberté. Hegel conclut : la beauté artistique est supérieure à la beauté naturelle car elle est le fruit de l’esprit. 

HEGEL, Esthétique : l’art n’est pas pure imitation

L’art ne saurait se borner à une simple imitation de la nature. L’opinion courante considère que l’art doit imiter la nature. L’imagination désigne donc cette habileté à reproduire avec fidélité les objets naturels et constituerait alors le but essentiel de l’art. Mais c ette idée restreint l’art à ne reproduire que ce qui existe déjà dans le monde, or l’art est création, il introduit de la nouveauté. Cette tâche reproductrice est inutile (“cette reproduction est du travail superflu”) et présomptueuse. L’art, “limité dans ses moyens d’expression et ne peut produire que des illusions partielles.”

L’art, en s’en tenant à cette définition, ne nous donne qu’une “caricature de la vie”. L’art d’imitation est mesquin et sans grandeur pour Hegel. “L’art, quand il se borne à imiter, ne peut rivaliser avec la nature, et qu’il ressemble à un ver qui s’efforce en rampant d’imiter un éléphant.” L’art est donc médiocre quand il se borne à la simple imitation de la nature. L’art a quelque chose de surnaturel dans son caractère créateur.

HEGEL, Esthétique : l’art doit exclure tout désir

Notre rapport pratique au réel est le désir : “le mode de relations aux choses extérieures est le désir”. L’homme est un être de désir (idée qu’on retrouve chez de nombreux philosophes, dont Spinoza et son conatus en particulier). Dans ce rapport pratique, l’objet est détruit par le sujet. L’homme puise dans les objets sa subsistance, en fait usage et les sacrifie à sa satisfaction personnelle. Le désir maintient l’objet dans son existence sensible et concrète. “Il n’a que faire de tableaux”.

Ainsi, ni l’objet ni le sujet n’y sont libres et indépendants : l’objet est destiné à être détruit et le sujet est prisonnier des intérêts individuels. Au contraire, l’art est libre contemplation par l’esprit : “Les relations de l’homme à l’œuvre d’art ne sont pas de l’ordre du désir. Il la laisse exister pour elle-même, librement, en face de lui, il la considère sans la désirer. ” L’œuvre d’art est vue comme un objet théorique et non pratique. Dès lors, sans même avoir une réalité tangiblement concrète, l’œuvre d’art est dotée d’une existence sensible. L’art est donc libre contemplation par l’esprit, dénuée de tout désir.

HEGEL, Esthétique :  l’art est l’esprit se prenant pour objet

L’esprit a la faculté de se considérer lui-même (par la pensée) : l’esprit peut se prendre lui-même pour objet de pensée. Quant à l’œuvre d’art, bien qu’elle se rapporte au sensible, elle est œuvre d’esprit, “dans la mesure où elles sont jaillies de l’esprit et produites par lui.”. De ce fait, l’art se rapproche plus de l’esprit et de la pensée que de la nature. Les créations de l’art ne sont pas des pensées et des concepts mais “un déploiement extérieur du concept, une aliénation qui le porte vers le sensible.” L’art est l’expression de l’esprit sous forme sensible.

ARENDT, Condition de l’homme moderne : la durabilité de l’œuvre d’art

L’œuvre d’art, unique, n’est pas échangeable. Elle donne à l’artifice humain sa stabilité. Elle n’a pas d’utilité pratique : « l’œuvre d’art doit être soigneusement écartée du contexte des objets d’usage ordinaires.”  “Les œuvres d’art sont de tous les objets tangibles les plus intensément du monde; leur durabilité est presque invulnérable aux effets corrosifs des processus naturels.” Les véritables œuvres d’art traversent les temps, demeurant souvent inaltérées.

Elles acquièrent un statut d’objet immortel créé par l’homme. Arendt met en évidence la permanence de l’art, ce pressentiment d’immortalité “d’une chose immortelle accomplie par des mains mortelles.” L’œuvre d’art échappe par ailleurs à la pensée créatrice lorsqu’elle se matérialise. Le processus de la pensée doit s’interrompre pour la réification matérialisatrice de l’oeuvre. Dans la création de l’œuvre d’art, la pensée est inutile. 

Lire plus : Le Monde chez Nietzsche 

NIETZSCHE, La généalogie de la morale (IIIe Dissertation) : le Beau ne relève pas d’une connaissance mais d’une promesse de bonheur

Nietzsche, au début de cette troisième dissertation, propose une réflexion sur le Beau. Il prend ainsi partie pour la vision de Stendhal , lequel voit dans l’art “une promesse de bonheur”. Au contraire, Kant a défini le beau du point de vue du spectateur désintéressé. Son point de vue est marqué par l’impersonnalité et l’universalité.

“ Au lieu d’envisager le problème esthétique en partant de l’expérience de l’artiste, Kant a médité sur l’art et le beau du seul point de vue du spectateur”. Ce spectateur n’éprouve aucun ravissement face à la beauté: “Est beau, dit Kant, ce qui provoque un plaisir désintéressé.” A l’opposé, Stendhal voit dans le beau “une promesse de bonheur”, il récuse le désintéressement avancé par Kant. La beauté chez Nietzsche ne relève pas d’une connaissance, n’est pas théorique, mais est une expérience érotique.

NIETZSCHE, La volonté de puissance : l’art désigne un total épanouissement

“Sans la musique, vivre aurait été une erreur.” écrit Nietzsche. Pour ce dernier, l ’art est d’une importance vitale, il est joie et plénitude radicale , en plus d’apparaître comme le premier degré de l’effort vers le surhumain. “Ce qui est essentiel dans l’art, c’est qu’il parachève l’existence , c’est qu’il est générateur de perfection et de plénitude: l’art est essentiellement l’affirmation, la bénédiction, la divinisation de l’existence.” L’art, par essence, est affirmation de l’existence, création de nouvelles valeurs.

PLATON, Ion : le poète crée par don divin

D’où vient le génie qu’on accorde aux poètes ? Cette question suscite encore débat aujourd’hui. La vision de Platon est aussi celle de nombreux poètes tel Ronsard. C’est l’inspiration qui anime l’artiste. Le poète est inspiré, il perd la raison : ‘il n’est pas en état de créer avant d’être inspiré par un dieu”. Son privilège divin expliquerait sa spécialisation: il est le réceptacle de la Divinité. C’est aussi cette part de divin qui écarte l’artiste de la société et en fait un homme à part. Le poète crée par l’effet d’un don divin et se fait l’intermédiaire de cette divinité. 

KANT, Critique du jugement : le beau plaît universellement sans concept

“Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l’objet d’une satisfaction universelle.” Citation extrêmement connue, Kant pointe la satisfaction désintéressée et universelle comportant une ressemblance avec le jugement logique. Celui-ci constitue par des concepts une connaissance de l’objet esthétique. Toutefois, cette universalité est subjective et non pas logique: “il a droit à une universalité subjective.” L’universalité du jugement esthétique ne repose pas sur des concepts.

KANT, Critique de la faculté de juger : le jugement de goût ne peut se prouver

Le jugement de goût, dire si l’on apprécie ou non une œuvre, ne peut pas se prouver. Il se situe entre subjectivité et objectivité. En effet, chacun connaît le poncif : “à chacun son propre goût”. Il fonde le goût sur la pure subjectivité. Le second lieu commun du goût est le suivant : “on ne dispute pas du goût”. Celui-ci reconnaît l’absence de concepts déterminés du goût . Néanmoins, pour Kant, il manque une proposition intermédiaire : “on peut discuter du goût.” Or, “là où il est permis de discuter, on doit aussi avoir l’espoir de s’accorder”.

On constate donc l’antinomie du jugement de goût : le jugement ne se fonde pas sur des concepts (autrement on pourrait discuter à ce sujet), et pourtant le jugement se fonde aussi sur des concepts (autrement on ne pourrait même pas discuter à ce sujet). Le jugement de goût ne peut se prouver, et pourtant on peut en discuter. 

KANT, Critique du jugement : le génie est une disposition innée par laquelle la nature fournit des règles à l’art

“Le génie est le talent de produire ce dont on ne peut donner de règle déterminée.” Par conséquent, “l’originalité est sa première qualité.” Donnant des règles à l’art, “ses productions doivent être des modèles, elles doivent être exemplaires”. Le génie ne peut “lui-même décrire” ou expliquer comment il a accompli ses productions “mais il donne la règle par une inspiration de la nature”. Dans le génie, la nature donne des règles à l’art.

NIETZSCHE, Humain trop humain : le génie n’est pas une disposition innée de l’esprit

Encore une fois Nietzsche s’oppose à Kant. Selon lui, c’est le travail qui crée l’œuvre. “L’activité du génie ne paraît pas le moins du monde quelque chose de foncièrement différent de l’activité de l’inventeur en mécanique”. Le génie représente un long travail. Nietzsche l’associe à quelque chose proche de l’activité artisanale. En réalité, c’est pour éviter de l’envier que l’on a employé le terme de génie (“Nommer quelqu’un “divin”, c’est dire: “ici nous n’avons pas à rivaliser.””) mais aussi par aversion pour la genèse laborieuse.  Le génie ne relève d’un miracle, d’un talent inné, il est le fruit d’un long travail.

Bergson, Le Rire : Quel est l’objet de l’art ?

“Quel est l’objet de l’art ? Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l’art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait alors continuellement à l’unissons de la nature.” Bergson 

D’après sa thèse sur le langage “nous ne voyons pas les choses mêmes; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles.” Le langage est trompeur. “Ce sont aussi nos propres états d’âme qui se dérobent à nous dans ce qu’ils ont d’intime, de personnel, d’originalement vécu.” Nous n’apercevons de notre état d’âme “que son déploiement extérieur. Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel”.

L’individualité nous échappe, “nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi à nous-mêmes.” Au contraire, l’artiste vit détaché de tout cela. Le détachement de l’artiste est naturel, inné, mais imparfait. “Si ce détachement était complet, si l’âme n’adhérait plus à l’action par aucune de ses perceptions, elle serait l’âme d’un artiste comme le monde n’en a point vu encore. Elle excellerait dans tous les arts à la fois […]. Elle apercevrait toutes choses dans leur pureté originelle.”

L’art n’a qu’un objet. Celui d’écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées, tout ce masque la réalité même. Bergson conclut avec cette fameuse phrase : “L’art n’est sûrement qu’ une vision plus directe de la réalité .”

BOURDIEU, La Distinction : Le goût est un habitus qui s’ignore

On finit par un peu de sociologie . Le goût est le produit d’un déterminisme social qui permet de se distinguer. D’après Bourdieu, la dimension esthétique s’élabore comme rapport désintéressé au monde: ce désintérêt est un signe distinctif d’une position privilégiée dans la société. La disposition esthétique “est aussi une expression distinctive d’une position privilégiée dans l’espace social“. “Comme toute espèce de goût, elle unit et sépare”. Le goût est également un marqueur social.

Il est “ce par quoi on se classe et par quoi on est classé.”, il est “l’affirmation pratique d’une différence inévitable.” De plus, Bourdieu fait remarquer que ce sont les dégoûts qui sont le plus révélateurs de cet habitus et finit même par affirmer : “les goûts sont avant tout des dégoûts”

Ainsi, le goût est un habitus qui s’ignore.

Lire plus : Trouver le meilleur artisan

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La fonction de l'art dans le roman Un amour de Swann de M.Proust

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Les différentes fonctions de l'art

Par Keland   •  5 Novembre 2022  •  Dissertation  •  354 Mots (2 Pages)  •  315 Vues

Pensez-vous que les artistes soient essentiels dans notre société ? Quelles sont les différentes fonctions de l’art ?

De nos jours, nous entendons souvent parler d'art ; ce sujet est très répandu dans notre société. Il est omniprésent dans nos vies. A l’heure actuelle, il est impossible de ne consommer aucune forme d’art. Mais l’art occupe-t-il une place vraiment importante dans notre société ?

Tout d’abord, l’art nous permet de nous évader et de rêver. Lorsque nous lisons des livres, nous pouvons oublier nos problèmes et notre vie quotidienne et monotone. La littérature, qui est une forme d'art, nous oblige à imaginer les personnages, leurs aspects ou leurs caractéristiques physiques. Cela nous permet également de voyager et de découvrir d’autres univers depuis chez soi, ce qui montre la place importante de l’art dans nos vies.

De plus, nous pouvons nous divertir et nous amuser grâce à certaines formes d’art plus modernes. La bande dessinée mélange le dessin et le texte, et nous montre ainsi l’apparence des personnages. Les histoires de super-héros captivent une grande partie du public grâce au suspens et aux figures emblématiques de certaines histoires. Cela nous distrait et nous occupe, traduisant ainsi la place importante de l’art dans notre quotidien.

Ensuite, l’art nous unis et nous rassemble. Une visite au musée est un excellent prétexte pour passer du temps en famille ou entre amis. Ils nous apportent de la culture mais aussi des connaissances. Les galeries d’art et les expositions sont également un moyen de rencontrer de nouvelles personnes et créer du lien avec autrui, ce qui explique la place importante qu’occupe l’art dans notre existence.

Enfin, l’art dénonce les inégalités et les problèmes sociaux. Depuis toujours, l’Homme se sert de l’art pour défendre ses idées et ses opinions. L’art permet également de montrer au plus grand nombre un fait politique ou social. Comme dans le film Les Temps modernes de Charlie Chaplin, sorti le 24 septembre 1936. Dans cette œuvre, il cherche à dénoncer la période de La Grande Dépression en montrant aux spectateurs les mauvaises conditions de travail des employés dans les usines. Cela montre également la place importante de l’art pour notre éducation.

Culture Comprendre les relations entre art et politique

  • [Cahiers spéciaux]
  • [Solidarité internationale]

Comprendre les relations entre art et politique

L’actrice Rachel Mwanza et Kim Nguyen du film «Rebelle»

Ce texte fait partie du cahier spécial Solidarité internationale

Guernica de Pablo Picasso, 1984 de George Orwell, Rebelle de Kim Nguyen… De tout temps, les oeuvres culturelles évoquent les enjeux de société et les luttes, cherchent à faire changer les choses ou poussent à s’indigner. « Je pense que la culture peut être un moyen fort de faire avancer, à plusieurs niveaux, des enjeux et des intérêts politiques , estime Michèle Rioux, professeure de sciences politiques à l’UQAM et directrice du Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM).   La culture peut éveiller les consciences, mais aussi être utilisée pour les endormir, nuance-t-elle. Je crois que c’est une arme à double tranchant, à laquelle il faut tout de même faire attention. »

Miroir de la société

En effet, l’art peut utiliser la politique autant que la politique peut utiliser l’art… « Cela peut jouer dans les deux sens, on l’a vu par exemple dans l’Allemagne nazie avec les artistes qui faisaient en fait de la propagande » , note la professeure.

De fait, la culture joue un rôle majeur dans la perception des sujets sociaux par le public. « C’est un miroir incroyable de la société » , estime Mme Rioux. Elle prend l’exemple du célèbre chanteur américain Eminem, qui a récemment enregistré et diffusé une vidéo d’un rap engagé, dans lequel il dénonce les agissements du président américain, Donald Trump . « Il y a un révélateur de toute cette violence, de ces enjeux de démocratie aux États-Unis qui interpellent les artistes américains, et donc la culture est le reflet de cette situation, et on va d’ailleurs voir l’art changer à cause de cela » , développe-t-elle. Par ailleurs, pour elle, les oeuvres d’art peuvent refléter la société dans le sens de dénonciation, mais aussi de légitimation.

Puisque les oeuvres d’art sont subjectives, comment le public peut-il s’y retrouver ? C’est notamment le rôle des chercheurs, universitaires ou encore des médias, selon Mme Rioux, de permettre le débat. « Nous devons faire attention, nous avons une responsabilité, c’est-à-dire de toujours avoir cet esprit critique, de remettre en cause, de remettre en question les idées reçues, de multiplier les messages » , défend-elle. Mme Rioux pense qu’il y a un travail à faire pour que la compréhension des oeuvres soit la plus adéquate, la plus informée, d’autant plus dans un univers de fake news . « C’est un défi, le décodage des messages et leur finalité » , commente-t-elle. Finalement, le public doit être en mesure de créer une sorte d’autodéfense intellectuelle face à l’art, afin de pouvoir bien comprendre une oeuvre, tout en sachant prendre du recul.

Culture et défis

La culture peut créer des conflits, éloigner ou encore rapprocher. « Tout dépend du message, de qui le porte et de comment il est utilisé » , avance la professeure de sciences politiques. En outre, les oeuvres contribuent en grande partie à la compréhension du monde et de ses différents enjeux. Si elles peuvent être apolitiques, elles sont toutefois rarement complètement neutres, les artistes étant des membres de la société civile, ils sont aussi sensibles à l’actualité. Mme Rioux insiste donc sur la nécessité de la pluralité dans l’art. « Il faut à tout prix éviter la parole unique, promouvoir la diversité des voix, la tolérance. C’est important parce que la culture, si elle ne s’inscrit pas dans cette diversité, dans une idée de communication de diversité, peut devenir un carcan et être très hermétique » , renchérit la professeure.

Il reste la question du financement des artistes. « Il y a de plus en plus d’art, mais on dirait que personne ne veut payer pour l’art, c’est un problème » , estime Mme Rioux. Elle ajoute que c’est la raison pour laquelle la Coalition pour la culture et les médias — qui regroupe une quarantaine d’organisations — s’est mise en place. « La Coalition est actuellement impliquée et engagée dans une discussion culturelle au sens large, pour s’assurer qu’il va y avoir un milieu soutenu par des politiques adaptées à l’écosystème qui change, avec le numérique notamment » , explique-t-elle. De son côté, la Coalition La culture, le coeur du Québec (CCCQ), revendique notamment un plan d’action pour les ressources humaines en culture dans la province.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir , relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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