Correction de la dissertation

Baudelaire écrit dans le projet d’épilogue des Fleurs du mal  : « Tu m’as donné ta boue et j’en fait de l’or ». Dans quelle mesure ce vers s’applique-t-il à ce recueil poétique ?

Dissertation

Introduction.

Au mois de mai 1860, Charles Baudelaire travaille à un épilogue qu’il doit terminer comme il l’indique à son éditeur Poulet-Malassis : « Je travaille aux Fleurs du Mal . Dans très peu de jours, vous aurez votre paquet, et le dernier morceau ou épilogue, adressé à la ville de Paris, vous étonnera vous-même, si toutefois je le mène à bonne fin (en tercets ronflants) ». On sait ce qu’il en est et le poète n’a jamais achevé ce qui est resté un projet dans lequel Baudelaire déclare son amour pour la ville de Paris (« Je t’aime, ô capitale infâme !) et énumère (lupanar, débauches, vice...) ce qu’il résume à la fin par le terme « boue » : « Tu m’as donné ta boue et j’en fait de l’or ». Le substantif fait donc métaphoriquement référence à tout ce qui est vil, sans valeur voire moralement condamnable puisqu’au mot sont associées des connotations péjoratives se rapportant à l’abjection, à l’infamie (que l’on songe à des expressions comme « traîner dans la boue »). Alchimiste, le poète opère ainsi une transmutation de la boue d’un réel fort prosaïque en un or poétique. Cette citation de l’épilogue signifie-t-elle que le poète s’est rué dans la fange pour en faire le sujet de sa poésie ? Ce serait donner raison à ses détracteurs et, entre autres, à la critique du Figaro qui publiait ces lignes le 5 juillet 1857 : « L'odieux y coudoie l'ignoble, le repoussant s'y allie à l'infect. Jamais on ne vit mordre et même mâcher autant de seins dans si peu de pages ; jamais on n'assista à une semblable revue de démons, de fœtus, de diables, de chloroses, de chats et de vermine. » Peut-on donc affirmer que la poésie de Baudelaire est celle de l’ odieux , de l’ ignoble , en un mot de la boue ? Et si oui, faut-il voir dans l’ouvrage de Baudelaire un amoncellement fangeux moralement condamnable qui ne trouverait aucune justification sinon celle d’une boue qui ferait l'objet d’une transformation ? Nous verrons dans quelle mesure la citation de l’épilogue s’applique au recueil des Fleurs du mal , puis nous montrerons de quel nature est cet « or » poétique, et enfin quels sont les enjeux esthétiques d’une telle conception de la poésie.

Développement

1re partie : les fleurs du mal , œuvre alchimique , baudelaire, le poète de la boue.

Dans le projet d’épilogue, deux vers avant le vers « Tu m’as donné ta boue et j’en fait de l’or », Baudelaire se compare à « un parfait chimiste » lequel effectue donc cette opération de transformation de la boue en or. À l’autre bout du recueil, dès l’adresse « Au lecteur », cette opération de transmutation était — quoique pour des raisons très différentes — déjà évoquée dans la troisième strophe à travers les termes « Satan Trismégiste », « riche métal », « ce savant chimiste ». On trouve même une mention du « chemin bourbeux » emprunté par le poète et nous-même, l ‘« hypocrite lecteur ». La notion de « chimie » poétique voire d’ « alchimie » (que l’on songe à « Alchimie de la douleur ») traverse donc le recueil de part en part, du début à la fin. Le thème de la boue n’est pas moins omniprésent dans le recueil des Fleurs du mal . Qu’on pense au « Sept Vieillards » (« Dans la neige et la boue il allait s’empêtrant »), au « Vin des chiffonniers » (« Au cœur d’un vieux faubourg, labyrinthe fangeux » ) ou encore à « Brumes et pluies » (« Ô fin d’automne, hivers, printemps trempés de boue,/ Endormeuses saisons ! Je vous aime vous loue. »).

Ce ne sont que quelques exemples et l’on pourrait les multiplier (on retrouve le terme dans « Le Cygne », « Le Monstre »...). La boue est manifestement un thème que l’on ne peut manquer dans la poésie de Baudelaire. C’est que littéralement, dans le Paris du XIX e siècle, on marche dans la boue. On en a la preuve chez Baudelaire lui-même dans les Petits poèmes en prose  :

« — Mon cher, vous connaissez ma terreur des chevaux et des voitures. Tout à l’heure, comme je traversais le boulevard, en grande hâte, et que je sautillais dans la boue, à travers ce chaos mouvant où la mort arrive au galop de tous les côtés à la fois, mon auréole, dans un mouvement brusque, a glissé de ma tête dans la fange du macadam. Je n’ai pas eu le courage de la ramasser. »

Mais est-ce à dire que c’est là un simple thème traité par le poète en raison d’une familiarité certes bien ennuyeuse mais inévitable pour le Parisien du Second Empire ? En fait, on a vu et on verra que cette boue était l’objet d’une transmutation, d’une transformation poétique faisant de la laideur quelque chose de beau.

Transformation de la boue en or

Nous l’avons dit, la boue est une métaphore désignant aussi bien ce qui est sale physiquement (le Paris du XIX e siècle) que moralement (ceux qui habitent cette ville). Ainsi, la boue a partie liée avec le mal, avec la misère sociale dans « Le Vin des Chiffonniers » par exemple ou encore ans les deux « Crépuscules » où l’on croise « catins » et « escrocs » (« Le Crépuscule du soir ») et où s’expriment les « rêves malfaisants », « la lésine » (« Le Crépuscule du matin »). En somme, Paris devient chez Baudelaire le lieu allégorique du théâtre du mal dans la section des Tableaux parisiens ou du Vin . Ici, le temps, la vieillesse et la Mort sont omniprésents.

Il appartient toutefois au poète de sublimer cette matière, ce que montre le poème « Le Soleil » dans lequel l’astre transforme le réel :

Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes, Il ennoblit le sort des choses les plus viles, Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets, Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

Mais précisément, comme le soleil, la mission poétique consiste à faire la lumière sur ce qui est caché, à le montrer, à le révéler en somme, à non seulement l’exposer poétiquement, mais par la même occasion à l’embellir. Le laid devient donc beau comme dans « Une Charogne ». Plus précisément, c’est la représentation du laid qui devient belle. À qui s’interrogerait sur un tel choix esthétique, il conviendra de montrer qu’il y a là une dualité (comme le suggère la section Spleen et Idéal ). Le poète ne saurait choisir entre la boue et l’or. Ce ne peut être l’un ou l’autre, mais l’un et l’autre. La femme n‘est-elle pas à la fois muse et vampire (« Les Métamorphoses du vampire »), le poète n’est-il pas à la fois béni et maudit (voir, par exemple « Bénédiction »), etc. ?

2e partie : L’or poétique ou l’unité du dualisme

Correspondance.

L'impossibilité de ce choix se trouve dès le poème « Correspondances », dans lequel Baudelaire exprime l’idée d’un lien entre les contraires : « Dans une ténébreuse et profonde unité, / Vaste comme la nuit et comme la clarté, / Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Dans ces vers, les opposés (la nuit et la clarté) sont donc indissociables (le poète parle bien d’ unité ). On pourrait multiplier les exemples qui soulignent l'entrelacs de la boue et de l’or, du beau et du laid. Que l’on songe aux nombreux oxymores tels que la « superbe carcasse » dans « Une Charogne », à leur coordination (« [...] noire et pourtant lumineuse » dans « Un Fantôme »), ou encore au titre qui fait de la beauté une fleur du mal. Le projet poétique est inscrit dès le titre dans l’alliance de ce nom (« fleurs » connoté méliorativement) et de ce complément (« du mal » connoté péjorativement). etc. Dans « Une charogne », on a une comparaison du cadavre avec une fleur ! Hypotypose de l'objet pour qu’on voie la charogne. Le poète nous met la mort devant les yeux. Excès de réalisme ? Non, rappel philosophique.

Non seulement les contraires sont indissociables, mais ils « se répondent ». Ils sont même constitutifs de la nature humaine. Rappelons-nous de la désormais célèbre double postulation dans Mon cœur mis à nu : « Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan. L'invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre. » Ainsi, la nature humaine est complexe. Un Guy de Maupassant ne dira pas autre chose (voir par exemple la nouvelle « Sur l’eau ») et Charcot ou Freud ne sont pas si loin.

Mais on aurait tort de croire, comme le journaliste du Figaro, que le poète se complait dans une fange immorale. D’une part, on l’a vu, le sujet est inéluctable, c’est une réalité topographique, mais surtout il s’inscrit dans un objectif poétique de transformation qui renvoie à un désir d’ailleurs, autre grand thème baudelairien. Le poème « Mœsta et errabunda » ne dit pas autre chose : « Emporte-moi, wagon ! enlève-moi frégate ! / Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs ! » Baudelaire y évoque au vers 2 « l’immonde cité » qui dit assez par ailleurs la condamnation morale dont elle fait l’objet. Désir d’un ailleurs qui s’exprime tout au long des Fleurs du mal et conclut d’ailleurs le recueil dans « Le Voyage ».

L’art pour échapper à l’ici-bas

En effet, dans « Mœsta et errabunda », l’enjeu consiste bien à quitter cette boue. L’homme qui a les deux pieds dans la boue perçoit, dans un mouvement vertical, les cieux et, de la noirceur, contemple la lumière : « Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue, / Rêve, le nez en l’air, de brillants paradis ; » (« Le Voyage ») Somme toute, on a ici l’idée très platonicienne d’une transcendance perçue à travers le rêve.

Ainsi, les poèmes des Fleurs font valoir l’irrémédiable distance qu’il y a entre le monde et un ailleurs qui s’exprime dans un platonisme évident (remarquer le mot « Idée » avec une majuscule) dans « L’Irrémédiable » :

« Une Idée, une Forme, un Être Parti de l’azur et tombé Dans un Styx bourbeux et plombé Où nul œil du Ciel ne pénètre »

Mais ce qui prédomine alors, c’est l’idée d’une chute de l’humanité tombée dans le péché (la boue) d’où le vocabulaire très religieux qui abonde dans le recueil. Dès lors, seul l’art permet de rendre supportable la laideur du monde et le spleen qu’elle engendre. En somme, l’art, le beau rendent la boue supportable, ils rendent « L’univers moins hideux et les instants moins lourds ». (« Hymne à la beauté »)

On a vu que la boue et l’or étaient indissociables (voir encore à ce sujet « Hymne à la Beauté »). L’un ne va pas sans l’autre. Si la boue du réel est transformée en or de la poésie, y a-t-il là quelque chose de nouveau ? Eh bien, les poètes du XVI e ne faisaient pas autre chose. L’écriture a souvent eu pour objectif de transformer ce qui est douloureux en chant poétique. Que l’on songe au lyrisme d’Orphée ou à Joachim du Bellay qui dans Les Regrets (sonnet XII) écrit :

Je ne chante, Magny, je pleure mes ennuis, Ou, pour le dire mieux, en pleurant je les chante, Si bien qu’en les chantant, souvent je les enchante : Voilà pourquoi, Magny, je chante jours et nuits.

En somme, l'œuvre de Baudelaire s’inscrit dans une tradition poétique que l’on pourrait qualifier de classique, et ce sera l’un des premiers poncifs de la grande réhabilitation de Baudelaire notamment lors du cinquantième anniversaire de sa mort : Baudelaire est un classique. Seulement, ce serait aller un peu vite en besogne et omettre ce qui fait la spécificité de son œuvre.

3e partie : Modernité poétique de Baudelaire : vers une nouvelle définition de l’art

La muse malade de baudelaire.

Le poème « La Muse malade » souligne l’opposition entre un passé grec rayonnant et un présent défini par la maladie et le péché. Dès lors, le poète s’interroge et se demande si sa muse (l’inspiration poétique) n’est pas perdue dans « un fabuleux Minturnes » (terme désignant un marécage romain), ce qui renvoie sinon à la boue du moins au bourbier.

Par ailleurs, dans Les Épaves , le poème « Le coucher du soleil romantique » propose une réflexion sur l’état de la poésie française en 1862. Ce soleil se couchant métaphorise le crépuscule de la poésie romantique et l’émergence de la poésie moderne qui est la poésie de la nuit, de la laideur et de l’angoisse :

L'irrésistible Nuit établit son empire, Noire, humide, funeste et pleine de frissons ;

Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage, Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage, Des crapauds imprévus et de froids limaçons.

On notera que le poète n’a pas d’autre choix que de subir cette disparition du soleil, pas plus qu’un Musset ne pourra échapper au mal du siècle .

Le désenchantement comme sujet poétique

Que restait-il à Baudelaire une fois que le soleil s’était retiré ? Une poésie de la nuit, de la boue, du péché. Mais alors la poésie devient œuvre alchimique et entreprend de transformer cette matière vile en or poétique. Le projet d’épilogue est une conclusion (inachevée voire inachevable ?) qui souligne que l’activité poétique consiste à transformer le mal en fleurs. Baudelaire s’est fait le poète du mal. Cf. projet de préface de la deuxième édition : « Des poètes illustres s'étaient partagé depuis longtemps les provinces les plus fleuries du domaine poétique. Il m'a paru plaisant, et d'autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d'extraire la beauté du Mal. »

C’est donc aussi un défi poétique que le poète exprime dans L’Art romantique :

« Celui qui n’est pas capable de tout peindre, les palais et les masures, les sentiments de tendresse et ceux de cruauté, les affections limitées de la famille et la charité universelle, la grâce du végétal et les miracles de l’architecture, tout ce qu’il y a de plus doux et tout ce qui existe de plus horrible, le sens intime et la beauté extérieure de chaque religion, la physionomie morale et physique de chaque nation, tout enfin, depuis le visible jusqu’à l’invisible, depuis le ciel jusqu’à l’enfer, celui-là, dis-je, n’est vraiment pas poëte dans l’immense étendue du mot et selon le cœur de Dieu. »

Et il ajoute plus loin qu’en restreignant le champ poétique, « Vous infirmez ainsi le sens universel du mot poésie. » En somme, Baudelaire redéfinit la mission poétique traçant la voie (voix ?) à suivre. Que l’on songe à Rimbaud :

« Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l’ai trouvée amère. — Et je l’ai injuriée. »

Mais surtout il brise le lien tout classique entre art et beau. Le vrai, le beau et le bien, au XIX e , vont encore ensemble (persistance de la philosophie néo-platonicienne). Le titre Les Fleurs du mal liant le beau (fleurs) et le mal (laid) sonne comme une provocation. Baudelaire brise ce lien entre le beau et le bien et affirme que le mal peut être beau, suivant en ceci les préceptes romantiques (voir par exemple la préface de Cromwell ou le poème « J’aime l'araignée et j’aime l’ortie » de Victor Hugo dans Les Contemplations ).

On peut enfin citer le projet de préface des Fleurs du mal dans lequel Baudelaire refuse de confondre « les bonnes actions avec le beau langage » et de confondre « l’encre avec la vertu ». Rompant avec la tradition poétique, refusant les sujets faciles (« les provinces les plus fleuries du domaine poétique »), Baudelaire entreprend un défi poétique : « Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d’extraire la beauté du Mal ». En somme, le vrai, le bien et le beau ne s’impliquent plus. C’est « une invention de la philosophaillerie moderne » dit Baudelaire. Le vrai a son domaine : la science. Le bon, la morale. Le beau, l’art. Toute une esthétique moderne vient de naître : de la décadence au surréalisme en passant par le symbolisme.

Les mots de l'épilogue peuvent apparaître comme une réponse au Figaro et il est vrai que le recueil peut se lire comme un douloureux parcours de réussir l'entreprise alchimique mais il serait faux de l’y réduire tant il est vrai que le recueil des Fleurs du mal abonde en poèmes qui illustrent la beauté des choses, les trésors de la mémoire, le temps retrouvé... On peut encore évoquer la dimension sociale de certains poèmes de factures anciennes comme « Le vin des chiffonniers » (voir aussi la préface du livre de poche.) En fait, le recueil de Baudelaire est d’une richesse qui donnerait raison au poète quand il écrit « je me suis arrêté devant l’épouvantable inutilité d’expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit » (projet de préface). Il n’en reste pas moins que les Fleurs du mal si mal accueillies du vivant de l’auteur ont marqué leur siècle et redéfini l’enjeu poétique. Baudelaire bouleverse une France romantique néo-classique, baroque par certains aspects, gothique par d’autres mais fidèle à l’esprit de Raphaël. C’est la France de David et d’Ingres. Si Baudelaire est classique par certains côtés, il est sensible à d’autres conceptions de la beauté qu’il trouve notamment dans la peinture, chez Delacroix, chez Manet ensuite. Voir « Les Phares » (peintres qui ne sont pas classiques et qui ont un autre rapport de la beauté). Ne s’agit-il pas de trouver du nouveau absolument ?

À voir également

  • Carnet de lecture & Dissertation
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  • Plan détaillé de la dissertation sur Baudelaire
  • Dissertation sur les Lettres persanes

Commentaire et dissertation

Commentaire et dissertation

Baudelaire dissertation.

Baudelaire dissertation. Le sujet traité ci-dessous porte su r Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire dans la perspective du parcours associé «  Alchimie poétique: la boue et l’or.  » Le sujet de dissertation est intégralement traité sous forme de plan détaillé. Il peut également permettre de faire une synthèse, une révision dans la perspective de la dissertation.

Sujet de dissertation: Peut-on dire que, dans Les Fleurs du mal , Baudelaire apparaît comme un alchimiste?

Mais en préambule: Qu’est-ce que l’alchimie? Nous nous appuyons sur les définitions proposées par le CNRTL:

  • Définition étymologique: Pratique de recherche en vogue notamment au Moyen Âge, ayant pour objet principal la composition d’élixir de longue vie et de la panacée universelle, et la découverte de la pierre philosophale en vue de la transmutation des métaux vils en métaux précieux.
  • En partic.  [En parlant de création poétique ou du langage] Transformation de la réalité banale en fiction hallucinatoire ou/et poétique.  Alchimie du verbe .

Problématique: Quelle est la fonction de la poésie baudelairienne?

1. La poésie baudelairienne et le lyrisme

Baudelaire, comme nombre de poètes au milieu du XIXème siècle, traite de sujets lyriques.

A. L’amour

A l’instar des poètes depuis l’Antiquité, Baudelaire traite avant tout de la question amoureuse. Citons « L’invitation au voyage » dans laquelle il propose une rêverie amoureuse. Il s’inscrit dans l’évocation de sentiments personnels et utilise la première personne du singulier.

B. Le voyage

Ensuite, Baudelaire a très tôt été forcé de voyager lorsque son beau-père militaire, le général Aupick, a voulu tenter de le mettre dans le droit chemin. Mais cette expérience lui a donné le goût de la découverte de l’exotisme, très en vogue au XIXème siècle.

C. Le spleen

Enfin, les Romantiques traitaient le thème de la nostalgie. Baudelaire va aller plus loin et traiter du spleen . (voir fiche sur le spleen ) Il propose un cycle composé de plusieurs poèmes du même titre afin de mettre en évidence la bataille qui se livre en lui entre l’Idéal et le Spleen . Nous pouvons par exemple renvoyer à «  Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle « .

Lorsque Baudelaire fait oeuvre de lyrisme, il s’inscrit souvent dans la lignée des Romantiques qui l’ont précédé.

2. La poésie dans Les Fleurs du mal : l’alchimie

A. de la banalité à la poésie.

Ainsi, dans « A une passante », Baudelaire donne à lire un poème qui repose sur un instant fugace, la rencontre d’une séduisante inconnue dans la rue.

B. De la laideur à la beauté

En effet, si Baudelaire crée un poème dans la lignée de l’Art pour l’Art avec « La beauté » qui renvoie à la beauté idéale et glacée de la statue, il parvient également et c’est exceptionnel à créer du Beau à partir de la plus grande laideur. Ainsi, dans «  Une charogne » , il décrit avec une grande poésie un cadavre en putréfaction croisé le long d’un chemin de promenade.

C. La beauté dans le mal

  • D’abord, le titre du recueil poétique, Les fleurs du mal , donne à penser grâce à l’oxymore (« fleurs » et « du mal ») la synthèse dont la poésie est capable.
  • Effectivement, Baudelaire se propose d’aborder des thèmes sulfureux tels que le vampirisme ou encore l’homosexualité féminine. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la première édition est interdite et fait l’objet d’un procès . Dans les six poèmes interdits, Baudelaire valorise par la poésie des situations qui sont décriées par la société de son époque.

3. La poésie Baudelairienne: une poésie qui réfléchit sur la poésie

A. la situation du poète.

Or, Baudelaire découvre très vite que le poète est différent du reste de la société. En effet, sa capacité à voir et à dire le monde fait de lui un être d’exception. Il l’explique dans « L’albatros » . Ainsi, cet oiseau est doté de grandes ailes, ce qui apparaît comme un atout en vol mais qui s’avère une grande difficulté sur terre lorsqu’il s’agit de marcher. Dans la morale de cet apologue, Baudelaire explique qu’il faut voir une comparaison entre la situation ambivalente du poète et celle de l’ albatros.

B. Le poète l’alchimiste

Puis, Baudelaire montre à plusieurs reprises dans le recueil que le poète est capable de transfigurer le réel. Effectivement, la beauté de la poésie lui permet de changer l’éclairage que l’on porte sur le réel. Ainsi, dans « Soleil », il compare l’oeuvre du soleil et celle du poète. Car tous deux sont capables de changer la vision que l’on a des choses et tous deux sont nécessaires à la vie.

C. Le voyant

Enfin, dans ses poèmes, Baudelaire va plus loin encore et fait du poète un être capable de déchiffrer des signes que le commun des mortels ne peut voir. Ainsi dans «  Correspondances « , le poète est celui qui déambule dans une forêt de symboles et qui est capable de leur donner du sens.

Merci de ta lecture. N’hésite pas à poster tes remarques et commentaires, il est important pour nous de savoir si le contenu correspond à tes besoins.

En complément de la fiche « Baudelaire dissertation », tu apprécieras certainement d’autres cours. Nous te proposons avant tout ceux ci-dessous:

– Procès des Fleurs du mal

– Analyse du recueil des Fleurs du mal

– Biographie de Charles Baudelaire

– Texte intégral « Une charogne »

– Explication linéaire « une charogne »

– Recuei l Les fleurs du mal en PDF

4 réflexions sur « BAUDELAIRE DISSERTATION »

d’un point de vue méthodologique, ce type de question (question fermée) appelle un plan dialectique

Bonjour, Merci de votre commentaire. En effet, ce type de question permet de recourir au plan dialectique mais il est parfaitement envisageable de construire sa réflexion sur un autre découpage.

Bonjour, je ne comprends pas bien La poésie Baudelairienne: une poésie qui réfléchit sur la poésie, pourquoi la poésie reflechirait-elle sur la poésie ? Merci d’avance pour votre reponse

Bonjour Philippe, Merci de cette question, elle nous permet de clarifier notre propos. La poésie qui réfléchit sur la poésie est en fait un métalangage. Autrement dit, c’est le même processus de réflexion sur soi-même que l’on peut retrouver dans un film qui traite du cinéma, de la façon de produire, de tourner…

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dissertation la boue et l'or

  • April 15, 2023
  • 4 minutes read

L’alchimie poétique dans les Fleurs du mal de Baudelaire

  • Charles Baudelaire , Général

dissertation la boue et l'or

Table of Contents

L’alchimie poétique est un thème fondamental du célèbre recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire. L’idée de transformation et de sublimation, parfois corruption, transcende l’oeuvre, est une clé d’analyse primordiale pour lire ce fascinant ouvrage.

Les Fleurs du Mal est le recueil le plus connu de Charles Baudelaire. Après sa publication en 1857, il est condamné pour obscénité, et plusieurs poèmes sont retirés. Le recueil peut être lu selon plusieurs parcours, l’amour, le spleen, et l’alchimie poétique.

Brève introduction à l’alchimie poétique

Quel est le principe de l’alchimie .

Pour comprendre cette idée d’alchimie poétique, il faut en revenir à cette science mystique datant du IXe siècle avant Jésus Christ. On trouve les traces des premiers alchimistes en Égypte ancienne. Ils pensaient pouvoir transformer les métaux en or et prolonger la vie indéfiniment.

Pour atteindre ces deux buts, les alchimistes recherchaient la pierre philosophale. Cette quête étaient appelée le Grand Oeuvre.

Les traités d’alchimie que l’on a retrouvés mentionnent 3 étapes au Grand Oeuvre supposées déboucher sur la fabrication de la pierre philosophale : l’oeuvre au noir, l’oeuvre au blanc et l’oeuvre au rouge.

L'alchimie poétique dans les Fleurs du mal de Baudelaire (Bac 2023)

Mais donc c’est quoi l’alchimie poétique ?

L’alchimie poétique est une image dérivée de l’alchimie mystique. Le poète compare la poésie à la pierre philosophale dont le Grand Oeuvre serait de pouvoir transformer la banalité du réel en merveille poétique, le laid en beau et le banal en sublime.

Ainsi le poète, par le langage poétique, serait capable de sublimer la réalité, de la transformer en or. La poésie, comme l’alchimie, est également porteuse d’éternité en cela qu’elle fige des image et des sentiments dans le temps. Donc l’alchimie poétique sublime et préserve.

L’alchimie poétique dans les Fleurs du Mal

Qu’est-ce que l’alchimie poétique dans les fleurs du mal .

L’alchimie est rarement mentionnée directement dans le recueil Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Cependant, de nombreux poèmes y font référence en cela qu’ils s’appuient sur la laideur d’un sujet qui devient sublimé par la parole poétique. L’alchimie poétique revient à transformer le réel.

Tout au long du recueil, on retrouve donc des poèmes où la laideur et la banalité du réel sont transformés par le poète, le mal peut recouvrer sa beauté essentielle, ce qui explique le choix de certains sujets très sombres, comme le poème “ À une charogne ” rapprochant la femme aimée d’un cadavre en décomposition.

Qu’est-ce que la boue et l’or dans Les Fleurs du mal ?

Baudelaire évoque lui-même dans son projet d’épilogue la volonté de changer la “boue” en “or”. C’est une manière pour lui d’exposer le processus d’alchimie poétique. On retrouve ce passage de la boue à l’or jusqu’au titre de la partie “Spleen et idéal”.

L’alchimie poétique dans Les Fleurs du mal est donc également liée au spleen, car l’alchimiste cherche aussi à améliorer sa propre vie. Baudelaire pourrait donc lutter contre ce mal de vivre en extrayant la beauté caché dans l’essence de toute chose.

Comment Baudelaire aborde la figure de l’alchimiste ?

Baudelaire aborde de front la figure de l’alchimiste dans le poème “Alchimie de la douleur”. On y peut voir un poète alchimiste qui subit son don puisqu’il ne parvient qu’à une alchimie inversée, c’est à dire que tout ce qu’il fait revient à corrompre le réel.

Poème “Alchimie de la douleur” :

L’un t’éclaire avec son ardeur, L’autre en toi met son deuil, Nature ! Ce qui dit à l’un : Sépulture ! Dit à l’autre : Vie et splendeur ! Hermès inconnu qui m’assistes Et qui toujours m’intimidas, Tu me rends l’égal de Midas, Le plus triste des alchimistes ; Par toi je change l’or en fer Et le paradis en enfer ; Dans le suaire des nuages Je découvre un cadavre cher, Et sur les célestes rivages Je bâtis de grands sarcophages. Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire

On remarque dans ce poème les références à Hermès Trismegiste et au roi Midas. Le premier est le dieu fondateur de l’alchimie dans la mythologie gréco-égyptienne. Le second, roi ayant reçu le don/malédiction de voir tout ce qu’il touchait en or, permet de rapprocher l’alchimiste d’un être maudit.

Par ailleurs, le lexique de la mort est omniprésent dans le poème. Ainsi, Baudelaire crée une figure de poète alchimiste chargé d’un fardeau qu’il ne parvient pas à porter. C’est l’échec de l’alchimie poétique qui est montré ici, comme une souillure supplémentaire du monde.

Quels poèmes de Baudelaire associent la poésie à une quête alchimique ?

Dans Les Fleurs du mal de Baudelaire, de nombreux poèmes sont à associer au thème de l’alchimie poétique. On retrouve par exemple le poème “Alchimie de la douleur”, mais aussi les poème “ À une charogne ” ; “ L’albatros ” ; “Spleen IV” ainsi que plusieurs autres.

En fait, Charles Baudelaire place son recueil sous le signe de l’alchimie dès le titre : “ Les Fleurs du mal ” porte une sorte d’antithèse en opposant la connotation positive des fleurs à l’idée du mal. De plus, la floraison elle-même est une alchimie.

Les nuances de l’alchimie poétique dans Les Fleurs du mal

Présenter Les Fleurs du mal comme un recueil visant uniquement à extraire la beauté du réel serait extrêmement réducteur.

D’abord, il est important de rappeler que le poète, comme Baudelaire le souligne dans “L’albatros” est un être isolé. S’il cherche à montrer l’essence des choses par sa poésie, peu nombreux sont ceux qui peuvent le comprendre.

De plus, l’alchimie peut être vue comme une entreprise vouée à l’échec. En témoigne le poème “Alchimie de la douleur” où le poète n’arrive finalement à bâtir que “de grands sarcophages”.

Est-il condamné, comme l’alchimiste à une quête toujours infructueuse qui revendrait donc à ne faire que remuer la fange sans pouvoir en faire de l’or ?

Pourtant, l’alchimie permet au moins de prolonger la vie d’une certaine façon.

Pensons aux deux derniers vers du poème “À une charogne” : “j’ai gardé la forme et l’essence divine / De mes amours décomposés !” Le poète affirme bien ici qu’après sa mort, la femme conservera son essence au sein de la poésie, l’alchimie n’est donc pas un échec complet.

Pour conclure sur l’alchimie poétique dans Les Fleurs du mal

Si l’idée d’alchimie et de transformation de la boue en or apparait dès le titre du recueil et résonne dans de nombreux poèmes, ne perdons pas de vue que le recueil est vaste et complexe.

Sa lecture alchimique ne doit pas masquer les enjeux symbolistes, la pesanteur du spleen ou encore l’érotisme de certains poèmes.

Cependant, il est important de garder à l’esprit cette volonté de sublimer le réel dans de nombreux poèmes.

Baudelaire n’est pas seul à s’emparer de cet imaginaire de l’alchimiste, on peut citer par exemple “ L ‘alchimiste ” d’Aloysius Bertrand ou “ Vénus Anadyomène ” d’Arthur Rimbaud pour ouvrir la réflexion.

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L'École des Lettres – Revue pédagogique, littéraire et culturelle

Alchimie poétique : la boue et l’or (1re)

Haude de Roux

  • 8 octobre 2019
  • Arts , Littératures

3 commentaires

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Baudelaire, quand le dégoût inspire. Ces rebuts qui émaillent le monde

«  Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte. Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence, Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.  » ( Ibid. )
«  Je m’avance à l’attaque, et je grimpe aux assauts, Comme après un cadavre un chœur de vermisseaux  » (Poème 24, « Spleen et idéal »).
«  Blanche fille aux cheveux roux, Dont la robe par ses trous Laisse voir la pauvreté Et la beauté  » ( Ibid .)
« Le soleil rayonnait sur cette pourriture  », «  Et le ciel regardait la carcasse superbe  ».

Chaïm Soutine, « Carcasse de bœuf », vers 1925. Huile sur toile, 156,21 x 122,55 cm © Albright-Knox Art Gallery, Buffalo (New York).

La sublimation du laid

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«  Et tout cela refroidit lentement à la nuit, à la mort. Aussitôt, sinon la rouille, du moins d’autres réactions chimiques se produisent, qui dégagent des odeurs pestilentielles. »
«  Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s’épanouir. La puanteur était si forte, que sur l’herbe Vous crûtes vous évanouir.  » (« Une Charogne », poème 29, « Spleen et idéal ».)

Joseph Wright, « Alchimiste découvrant le phosphore », huile sur toile, 127 x 101, 6 cm, 1771 © Derby Musueum and Art Gallery

L’élan sacré, le geste mystique

«  Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu, Étalé largement sur la chaude fournaise, Piqué de mille trous par la lueur de braise, Couvrait l’âtre, et semblait un ciel noir étoilé. »

Haude de Roux

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ANNEXE : LA POÉSIE DU XIX e au XXI e SIÈCLE

Exemple d’une progression en trois étapes sur l’objet d’étude des nouveaux programmes 2019 en classe de premières.

Une œuvre : « Les Fleurs du Mal » . Baudelaire, le poète alchimiste

Étape 2, transition

Histoire des arts Une inspiration commune : la carcasse à corps ouvert

Lecture parallèle

Un parcours associé Alchimie poétique : la boue et l’or. La beauté des rebuts

Haude de Roux

Merci beaucoup pour ce travail éclairant !

Travail exemplaire. C’est une nouvelle invitation au voyage

Travail précieux pour nos classes, merci. J’aime beaucoup la manière d’illustrer Baudelaire qui à mon sens parle essentiellement par images.

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Baudelaire, Les Fleurs du mal – Alchimie poétique : la boue et l'or

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BASTIDE EN LETTRES

La littérature e(s)t votre chemin, baudelaire – la boue et l’or, première approche.

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BAUDELAIRE – PARCOURS ASSOCIÉ 1

BAUDELAIRE – PARCOURS ASSOCIÉ : LA BOUE ET L’OR

PREMIÈRE APPROCHE

Jusqu’à présent, nous avons parcouru l’œuvre de Baudelaire en insistant surtout sur la thématique du spleen opposé à l’idéal. Liée à la question de la mélancolie, cette thématique nous a permis de comprendre que les Fleurs du Mal – dont le titre est un oxymore – sont placées sous le signe de l’ambivalence, du paradoxe, de l’opposition, du conflit dont l’âme du poète est le siège. Nous avons également constaté à quel point la ville, qui n’est pas seulement un décor, était un « personnage » majeur du recueil. L’essentiel de la production baudelairienne est lié à cet espace lui aussi ambivalent (attirance / répulsion) au point qu’il lui consacre une section entière : « Tableaux parisiens » dont sont issus par exemple « À une passante » et « Les Aveugles ». À vous de revenir sur mes précédentes explications sur ces différents points.

Nous allons poursuivre notre découverte en nous intéressant maintenant à ce que nous propose le programme officiel en terme de « parcours associé » : LA BOUE ET L’OR ou, pour le dire autrement, la question de L’ALCHIMIE POÉTIQUE.

Il faudra être capable de répondre aux questions suivantes :

  • « La Boue et l’Or » ? D’où vient cette expression ?
  • Quel rapport entretient cette expression avec la notion d’alchimie ?
  • Que doit-on entendre par « alchimie poétique » ?
  • Quels sens peut-on donner à ce nouvel oxymore (« Boue » vs « Or ») ?
  • De quel pouvoir le poète, selon Baudelaire, est-il doté ?
  • En quoi la thématique de la Boue et de l’Or est-elle liée à celle de la ville ?
  • Pourquoi et comment cette thématique place-t-elle Baudelaire comme figure majeure de la « MODERNITÉ » ?
  • De quoi parle-t-on quand on parle de la « modernité poétique » ?
  • Si Baudelaire inaugure cette modernité avec les Fleurs du Mal , comment poursuit-il sa recherche dans ses autres œuvres ?
  • Quels autres poètes vont-ils lui emboîter le pas ?

Mine de rien, si vous vous rendez capables de répondre intelligemment à ces questions (après en avoir compris le bien fondé), et si vous êtes capables de vous appuyer sur des exemples précis de textes, vous ne serez pas loin de bien connaître l’essentiel et serez prêts à comprendre et à retenir – pour toute votre vie (et pas seulement pour le Bac) – pourquoi Baudelaire est un grand poète.

Le cours qui commence va donc largement s’appuyer sur le questionnaire ci-dessus. Mais pour commencer, quittons momentanément les Fleurs du Mal pour découvrir un poème en prose peu connu, que Baudelaire n’a même pas intégré dans son recueil des Petits poèmes en prose , mais qui à lui seul peut donner une idée de la modernité poétique. Le critique François Bon (excellent homme) nous en propose une lecture tout à fait extraordinaire (suivre le lien). La force de ce texte est frappante, surtout dans le contexte particulier que nous vivons :

SYMPTOMES DE RUINE

Symptômes de ruine. Bâtiments immenses. Plusieurs, l’un sur l’autre. des appartements, des chambres, des temples, des galeries, des escaliers, des coecums [1], des belvédères, des lanternes, des fontaines, des statues. – fissures, Lézardes. Humidité promenant d’un réservoir situé près du ciel. — Comment avertir les gens, les nations – ? avertissons à l’oreille les plus intelligents.

Tout en haut, une colonne craque et ses deux extrémités se déplacent. Rien n’a encore croulé. Je ne peux plus retrouver l’issue. Je descends, puis je remonte. Une tour-labyrinthe. Je n’ai jamais pu sortir. J’habite pour toujours un bâtiment qui va crouler, un bâtiment travaillé par une maladie secrète. — Je calcule, en moi-même, pour m’amuser, si une si prodigieuse masse de pierres, de marbres, de statues, de murs, qui vont se choquer réciproquement seront très souillés par cette multitude de cervelles, de chairs humaines et d’ossements concassés. — Je vois de si terribles choses en rêve, que je voudrais quelquefois ne plus dormir, si j’étais sûr de n’avoir trop de fatigue.

Charles Baudelaire, reliquat des Petits poèmes en prose , 1869.

https://www.youtube.com/watch?v=XDnKsVh6gj4

[1] Coecum : terme d’anatomie. Désigne une partie du gros intestin formant une poche.

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  • Cours : Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire

Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire Cours

Parcours : réflexions sur « alchimie poétique : la boue et l'or ».

L'alchimie est une science du Moyen Âge, tandis que l'expression « boue et or » est un extrait d'un poème de Baudelaire. Le parcours invite à réfléchir sur une idée importante pour Baudelaire et de nombreux poètes du XIX e siècle : comment créer de la beauté à partir de la laideur.

L'alchimie est une science ésotérique qui s'est développée au Moyen Âge. Le processus a pour but de percer les secrets de la matière pour transformer un métal vil en métal précieux. Dans une perspective métaphorique, l'alchimie permet au poète de déchiffrer les secrets de l'Univers grâce au pouvoir des mots et du langage.

La deuxième partie de l'intitulé du parcours « la boue et l'or » vient d'un vers de Baudelaire. En 1857, il écrit dans l'esquisse d'un poème : « J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or » (« Orgueil », Les Fleurs du Mal ). Puis, dans un projet d'épilogue pour la deuxième édition du recueil Les Fleurs du Mal en 1861, le poète s'adresse ainsi à Paris : « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or ».

Transformer d'ignobles déchets en métal précieux, tel est l'ambition du poète : « Il m'a paru plaisant, et d'autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d'extraire la beauté du Mal. » (projet de préface pour la deuxième édition des Fleurs du Mal ). Baudelaire s'intéresse au mal sous toutes ses formes :

  • le mal moral car le vice et le sadisme hantent les hommes ;
  • le mal physique car le corps et les nerfs du poète souffrent des douleurs insupportables ;
  • le mal métaphysique car l'âme est angoissée par l'absence de Dieu mais elle est pourtant assaillie par le tourment du péché.

Pour métamorphoser cette boue en or, Baudelaire en fait un sujet de poésie. La sensibilité du poète et sa volonté créatrice l'amènent à porter un nouveau regard sur les objets les plus abjects.

L'intitulé du parcours invite à se poser diverses questions :

  • Faire œuvre de création, est-ce porter un nouveau regard sur un sujet ?
  • Comment la voix du poète invite-t-elle le lecteur à porter un nouveau regard sur un sujet ?
  • Y a-t-il une beauté propre au mal ?
  • Comment la métaphore de la boue et de l'or explique-t-elle le principe de création poétique ?

L'auteur : Charles Baudelaire (1821-1867)

Charles Baudelaire est né en 1821 et mort en 1867. C'est un poète à part, inclassable : il peut à la fois être associé au romantisme, au Parnasse ou au symbolisme. Son recueil Les Fleurs du Mal a eu un fort retentissement au moment de sa publication.

Portrait du poète Charles Baudelaire

Après une jeunesse tumultueuse, marquée par la mort de son père et le remariage de sa mère avec un homme pour lequel Baudelaire n'a guère d'affection, le poète dilapide l'héritage familial en menant une vie de bohème à Paris. Il fréquente les cercles littéraires, lit beaucoup et devient disciple de Théophile Gautier. Sa famille décide de le mettre sous tutelle pour l'arracher à cette vie qu'elle juge scandaleuse. Baudelaire est donc condamné à une existence miséreuse. Il rencontre le peintre Manet et se consacre à la critique d'art. Il découvre également Edgar Allan Poe, écrivain américain alcoolique et indigent, et entreprend de traduire ses œuvres. Comme Poe, Baudelaire préfère rester en marge de la société. Il rejoint ainsi les nombreux artistes qui refusent d'adhérer aux valeurs d'une société bourgeoise et conformiste.

Sous le Second Empire (1851-1870), époque du règne de Napoléon III, le gouvernement impose un retour à l'ordre moral. Le recueil des Fleurs du Mal paraît en juin 1857. Les critiques à son propos sont élogieuses mais le procureur impérial intente un procès à Baudelaire. Ce procès contribue à la malédiction baudelairienne : le poète se sent humilié et incompris. Le procureur, M. Pinard, incrimine treize poèmes du recueil. Ces pièces sont accusées d'outrage aux bonnes mœurs, à la morale religieuse et à la morale publique. Pour les magistrats, parler du corps, de nudité, de volupté, de sexualité et d'homosexualité est condamnable. Les Fleurs du Mal sont considérées comme un livre dangereux. Le poète est condamné à payer une lourde amende et doit retirer six poèmes de son recueil s'il veut le faire paraître. Le texte est modifié et réédité en 1861. Il faut attendre 1949 pour que sa version intégrale soit enfin autorisée.

Dès 1855, Baudelaire commence à rédiger un nouveau recueil : Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris . Il prévoit d'écrire cent poèmes mais n'en rédige que cinquante. En effet, la fin de sa vie est marquée par la maladie. Atteint de syphilis, il meurt en 1867. Son dernier recueil est publié à titre posthume en 1869. En 1897 sont également publiées les notes, pensées et anecdotes de l'auteur sous le titre Mon cœur mis à nu .

L'œuvre : Les Fleurs du Mal , 1857 (1re édition) ; 1861 (2e édition)

Baudelaire voulait retracer la tragédie de l'être humain, cette alternance constante qui le pousse tantôt vers Dieu, tantôt vers Satan. On retrouve cette idée d'opposition dès le titre du recueil et dans la structure en six parties de l'œuvre.

« Dans ce livre atroce, j'ai mis toute ma pensée, tout mon cœur, toute ma religion (travestie), toute ma haine. »

Charles Baudelaire

Lettre à Maître Ancelle

Le recueil s'appelle d'abord Les Lesbiennes en référence aux habitantes de Lesbos, île de la mer Égée, capitale de la poésie lyrique. Puis Baudelaire choisit Les Limbes , titre plus mystérieux. La perspective est plus mystique puisque les limbes sont une sorte d'espace intermédiaire, le lieu où séjournent les enfants morts sans baptême. Mais un autre poète utilise ce titre et Baudelaire doit l'abandonner.

Les Fleurs du Mal est le titre définitif choisi par Baudelaire, troublante alliance que l'on pourrait considérer comme une provocation, une envie de choquer les bien-pensants. En effet, fleur et mal sont deux substantifs que la tradition poétique oppose. En poésie, le terme fleur connote l'innocence, la pureté, et symbolise souvent la jeune fille désirée. Au mal sont associés l'obscurité et l'informe. Baudelaire semble pourtant affirmer qu'il existe une beauté propre au mal.

« Le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album mais qu'il a un commencement et une fin. »

Lettre à Alfred de Vigny

Baudelaire considère que les textes de son recueil forment un tout cohérent. Chaque pièce n'a de signification que mise en regard par rapport aux autres.

Les critiques se sont acharnés à trouver un sens à la structure du recueil mais il est plus prudent de proposer des hypothèses : dans la seconde édition, 126 poèmes sont regroupés en six sections de longueurs très inégales. Ces sections peuvent être considérées comme les étapes d'un voyage explorant la misère de l'homme. Les deux premières sections posent un constat et les quatre suivantes proposent des solutions pour combattre le spleen.

Les six sections de l'édition de 1861 sont les suivantes :

1) « Spleen et Idéal » : 85 poèmes

Si l'être est envahi par l'angoisse, c'est parce qu'il aspire au bonheur mais que rien ici-bas ne peut le contenter. Le poète est donc partagé entre un sentiment de spleen, d'ennui, de mélancolie, et son aspiration à l'idéal.

2) « Tableaux parisiens » : 18 poèmes

C'est une section que Baudelaire a ajoutée entre la 1 re et la 2 de édition. Baudelaire y peint ses errances dans un Paris en pleine mutation. Il y croise des figures insolites et des êtres déchus. Ses flâneries lui font découvrir la modernité urbaine mais accentuent aussi son sentiment de solitude.

3) « Le Vin » : 5 poèmes

L'alcool est présenté comme une échappatoire sombre et dangereuse : il procure un oubli bienfaiteur qui n'est que temporaire.

4) « Fleurs du Mal » : 9 poèmes

La luxure et les amours interdites sont les thèmes majeurs de cette section. Baudelaire les présente comme une autre forme d'évasion. Cependant, cette démarche est vaine. Il s'abandonne à la débauche mais n'échappe pas à son existence misérable.

5) «Révolte » : 3 poèmes

Les tentations charnelles étant illusoires, le poète se révolte contre Dieu en se tournant vers Satan, prince des déchus.

6) « La Mort » : 6 poèmes

Les échappatoires ayant été des échecs, la mort reste le seul espoir de l'homme. Elle est une promesse de voyage qui peut soulager les maux.

Textes-clés

« l'albatros », 1861.

« Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros , vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents 1 compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur , maladroits et honteux , Laissent piteusement 2 leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule 3 ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid ! L'un agace son bec avec un brûle-gueule 4 , L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées 5 Qui hante la tempête et se rit de l'archer 6 ; Exilé sur le sol au milieu des huées , Ses ailes de géant l'empêchent de marcher . »

1 Indolents : insensibles, indifférents. 2 Piteusement : d'une manière qui inspire la pitié. 3 Veule : qui n'a aucune volonté ou aucune force. 4 Brûle-gueule : pipe de marin à tuyau très court. 5 Nuées : gros nuages. 6 Archer : soldat tirant avec un arc.

  • Cruauté et sadisme des marins
  • Valorisation de l'albatros : oiseau majestueux
  • Vision pathétique de l'albatros
  • Déchéance de l'oiseau
  • Comparaison oiseau-poète

Mouvements du texte :

  • Premier mouvement, récit d'une anecdote, des marins torturent un albatros pour se divertir : de « Souvent, pour s'amuser » à « qui volait ! ».
  • Second mouvement, la portée symbolique de l'anecdote : de « Le Poète est semblable » à la fin.

L'essentiel du texte à retenir :

  • La valeur symbolique de l'albatros : « L'Albatros » n'est pas un sonnet mais sa composition y ressemble dans sa progression. Baudelaire raconte une anecdote et explique sa portée symbolique dans la dernière strophe. L'albatros est d'abord décrit comme un oiseau, puis il devient une allégorie. Il illustre l'idée que Baudelaire se fait du poète « maudit » : un être supérieur isolé des hommes à cause de son génie. Baudelaire développe ici un des thèmes chers aux romantiques.
  • Un poète déchiré entre spleen et idéal : ce texte appartient au cycle des poèmes qui célèbrent la grandeur de l'art et du poète dans la section « Spleen et Idéal ». Le poète assoiffé d'idéal au milieu des autres hommes subit l'isolement de l'homme de génie. Pour évoquer ces êtres singuliers que sont les artistes, Baudelaire choisit ici un symbole douloureux : l'albatros représente la dualité de l'homme cloué au sol et aspirant à l'infini.
  • « L'Albatros », une fleur du mal : c'est au-dessus du vide que l'oiseau peut déployer « ses ailes de géant ». La splendeur émane de la dysphorie (état de mal-être) comme le rappelle le titre du recueil. De façon paradoxale, l'angoisse et la tristesse se transforment positivement : l'albatros était « le roi de l'azur » et devient « le prince des nuées ». Il a gagné en jeunesse et en charme.

« Une charogne », 1857

« Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme , Ce beau matin d'été si doux : Au détour d'un sentier une charogne 1 infâme Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique 2 , Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique 3 Son ventre plein d'exhalaisons 4 .

Le soleil rayonnait sur cette pourriture , Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir . La puanteur était si forte , que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride 5 , D'où sortaient de noirs bataillons De larves , qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons 6 .

Tout cela descendait, montait comme une vague , Ou s'élançait en pétillant ; On eût dit que le corps , enflé d'un souffle vague, Vivait en se multipliant .

Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique Agite et tourne dans son van 7 .

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir, Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un œil fâché, Épiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure , À cette horrible infection , Étoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez , ô la reine des grâces, Après les derniers sacrements 8 , Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses, Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine 9 Qui vous mangera de baisers , Que j'ai gardé la forme et l'essence 10 divine De mes amours décomposés ! »

1 Charogne : animal en décomposition. 2 Lubrique : qui manifeste une forte attirance pour les plaisirs charnels. 3 Cynique : insolente et immorale. 4 Exhalaisons : odeurs émanant de certains corps. 5 Putride : en état de décomposition. 6 Haillons : vieux vêtements en lambeau. 7 Van : instrument qui permet de séparer les grains de la paille. 8 Sacrements : rite sacré administré à un mourant. 9 Vermine : vers. 10 Essence : substance essentielle.

  • Lexique de la nature, cadre de la promenade amoureuse
  • Oxymores valorisant la charogne
  • Apostrophes galantes
  • Évocation d'une odeur atroce
  • Analogie entre la femme et la charogne
  • Périphrases pour désigner la charogne et rendre compte de son caractère malsain
  • Détails répugnants
  • Métaphore et champ lexical de l'art et de la création
  • Premier mouvement, une scène idyllique troublée par une vision abjecte : de « Rappelez-vous » à « vous évanouir ».
  • Deuxième mouvement, description plus précise de la charogne : de « Les mouches » à « en se multipliant. ».
  • Troisième mouvement, réflexion sur le processus de création et le pouvoir de la poésie : de « Et ce monde » à « seulement par le souvenir. ».
  • Quatrième mouvement, détail macabre : de « Derrière les rochers » à « avait lâché. ».
  • Cinquième mouvement, portée symboliques, une leçon cruelle adressée à la femme aimée : de « Et pourtant » à la fin.

L'essentiel à retenir du texte :

  • Un poème macabre et ironique : dans ce poème, Baudelaire détourne avec ironie le topos romantique de la promenade amoureuse. En effet, il en appelle aux souvenirs de la femme aimée puisque la pièce s'ouvre sur un impératif : « Rappelez-vous ». Dans un cadre idyllique, le couple fait une atroce découverte. Avec une certaine complaisance et de très nombreuses précisions abjectes, le poète se remémore la vision repoussante d'une charogne. Aucun détail n'est épargné au lecteur et l'objet central du texte semble exercer une étrange fascination sur le poète.
  • Un poème qui renouvelle le topos du memento mori : les poètes de la Pléiade développent au XVI e siècle le motif du carpe diem . Ils invitent la femme à profiter du jour présent, lui rappelant que sa beauté et sa jeunesse sont éphémères. Baudelaire reprend ce motif et rappelle à la femme qui l'accompagne dans cette promenade champêtre qu'elle va mourir ( memento mori signifie en latin « Souviens-toi que tu vas mourir »). Mais il ne s'arrête pas à l'évocation de la mort comme ses prédécesseurs. Il décrit avec une étonnante précision le processus de décomposition du corps. La leçon à tirer de cette découverte, c'est que grâce à l'écriture, le poète peut reconstruire le réel détruit.
  • Un manifeste poétique, extraire la beauté du mal : le poète choisit la charogne comme sujet central de cette œuvre, allant à l'encontre de toute une tradition poétique. S'il magnifie, non sans ironie, cet animal en décomposition, c'est que le plaisir du poète est dans l'écriture, dans le processus de création. La beauté est dans la subversion, dans le rejet des convenances, des normes sociales et de la bonne morale de son époque.

« À une mendiante rousse », 1857

« Blanche fille aux cheveux roux , Dont la robe par ses trous Laisse voir la pauvreté Et la beauté ,

Pour moi, poète chétif 1 , Ton jeune corps maladif, Plein de taches de rousseur, À sa douceur .

Tu portes plus galamment Qu'une reine de roman Ses cothurnes 2 de velours Tes sabots lourds .

Au lieu d'un haillon 3 trop court , Qu'un superbe habit de cour Traîne à plis bruyants et longs Sur tes talons ;

En place de bas troués Que pour les yeux des roués 4 Sur ta jambe un poignard d'or Reluise encor ;

Que des nœuds mal attachés Dévoilent pour nos péchés Tes deux beaux seins, radieux Comme des yeux ;

Que pour te déshabiller Tes bras se fassent prier Et chassent à coups mutins 5 Les doigts lutins 6 ,

Perles de la plus belle eau, Sonnets de maître Belleau 7 Par tes galants 8 mis aux fers Sans cesse offerts,

Valetaille 9 de rimeurs Te dédiant leurs primeurs Et contemplant ton soulier Sous l'escalier,

Maint page 10 épris du hasard, Maint seigneur et maint Ronsard Épieraient pour le déduit 11 Ton frais réduit 12 !

Tu compterais dans tes lits Plus de baisers que de lis 13 Et rangerais sous tes lois Plus d'un Valois 14 !

— Cependant tu vas gueusant 15 Quelque vieux débris gisant Au seuil de quelque Véfour 16 De carrefour ;

Tu vas lorgnant en dessous Des bijoux de vingt-neuf sous Dont je ne puis, oh ! Pardon ! Te faire don.

Va donc, sans autre ornement , Parfum, perles, diamant, Que ta maigre nudité, Ô ma beauté ! »

1 Chétif : qui a peu de forces. 2 Cothurnes : chaussures montantes à semelles épaisses. 3 Haillon : vieux vêtement en lambeau. 4 Roués : personnes débauchées, de petite vertu. 5 Mutins : espiègles, malicieux. 6 Lutins : malicieux. 7 Belleau : poète français de la Pléiade. 8 Galants : hommes qui cherchent à plaire aux femmes. 9 Valetaille : terme péjoratif qui désigne l'ensemble des valets d'une maison. 10 Page : jeune homme au service d'un seigneur. 11 Déduit (ancien français) : divertissement, amusement amoureux. 12 Réduit : local exigu, généralement sombre et pauvre. 13 Lis : autre orthographe de « lys », fleur emblème de la monarchie française. 14 Valois : branche de la dynastie capétienne qui régna sur le royaume de France de 1328 à 1589. Elle succède aux Capétiens directs et précède les Bourbons. 15 Gueusant : mendiant. 16 Véfour : restaurant chic parisien.

  • Connotations positives et sensuelles
  • Lexique de la misère
  • Description méliorative valorisant la sensualité de la femme
  • Allusions au libertinage
  • Subjonctifs de souhait : comme une formule magique
  • Références historiques à la Renaissance, notamment à la Pléiade
  • Verbes de mouvement qui traduisent la liberté de la mendiante
  • Premier mouvement, portrait initial de la mendiante, une muse malade dont le poète entrevoit la beauté : de « Blanche fille » à « sabots lourds ».
  • Deuxième mouvement, processus de métamorphoses et vision onirique d'une femme séduisante et mystérieuse : de « Au lieu » à « Les doigts lutins. ».
  • Troisième mouvement, suite du processus de métamorphose, éloge paradoxal de la mendiante : de « Perles » à « Valois. ».
  • Quatrième mouvement, retour à la réalité et nouveau regard du poète : de « Cependant » à la fin.
  • La mendiante, une muse pour le poète : le poème est dédié à un être déchu en marge de la société. Baudelaire en fait un portrait à la fois exact et ambigu. Il évoque de façon réaliste sa situation misérable et douloureuse. Cependant, il émane de cette femme du charme et de la sensualité. Elle exerce un attrait puissant sur le poète car elle est un être à part et mystérieux.
  • L'alchimie poétique : Baudelaire invite le lecteur à voir au-delà des apparences. Il transforme peu à peu la mendiante en reine de roman. Il la débarrasse de ses haillons pour imaginer ses atours secrets sur un ton malicieux et lui prête de nombreux amants. Le ton du poème se fait incantatoire : le personnage réel devient un personnage fictif par la magie du verbe.
  • Une nouvelle définition de la beauté : les trois premières strophes du poème et les trois dernières encadrent celles où Baudelaire fantasme la mendiante autrement qu'elle n'est en réalité. Cependant, la vision qu'il en propose à la fin du poème n'est pas identique à celle du début : la mendiante est une femme libre dont la nudité n'est plus honteuse et qui n'a pas besoin d'artifices pour être belle.

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Baudelaire, Les Fleurs du Mal

dissertation la boue et l'or

Le programme de première nous invite à étudier Les Fleurs du Mal en suivant le parcours suivant : « alchimie poétique : la boue et l’or ». 

Deux références peuvent éclairer cet intitulé. D’abord, un projet d’épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal  :

Ô vous ! soyez témoins que j’ai fait mon devoir Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte. Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence, Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. ( texte intégral en Annexe 1 )  

Par ailleurs, le sonnet « Alchimie de la douleur » :

Tu me rends l’égal de Midas, Le plus triste des alchimistes ; Par toi je change l’or en fer Et le paradis en enfer. ( texte intégral en Annexe 2 )

Charles Baudelaire

Or, si l’on retrouve bien « l’or » et la « la boue » (ou du moins « le fer ») dans ces deux textes, ainsi que le thème de « l’alchimiste » (ou du « chimiste »), ils semblent dire exactement le contraire. Dans le projet d’épilogue, la poésie présente cette vertu alchimique de transfigurer la « boue » en « or », la laideur en beauté, et peut-être même le mal en chose « sainte » : débarrassé de ses scories, le réel livre son essence pure, heureuse, précieuse. Mais dans « Alchimie de la douleur », le poète apparaît plutôt comme un « Midas » inversé : la science, le bonheur, la beauté, la moralité promises retournent à la boue, et le « paradis » espéré devient « enfer ».

Comment expliquer cette contradiction ? Le procès des Fleurs du Mal a sans doute contraint Baudelaire à présenter sa poésie sous un aspect moins sinistre. On peut envisager une lecture tactique de cet épilogue : il présente une moralité qui fut refusée au poète tout au long du procès. Des éléments biographiques pourraient également nous éclairer : peut-être le sonnet a-t-il été composé en des temps de grande détresse. Surtout, « Alchimie de la douleur » n’est qu’un poème du recueil, situé à la toute fin de la section, « Spleen et Idéal », quand les rêves d’élévation et d’exotisme font place au long cortège d’angoisses, de névroses et d’ennuis. Peut-être ce poème, pessimiste, morbide, appartient-il précisément à la « boue » qui sera, in fine , transformée, transsubstantiée en « or ». L’épilogue révélerait le processus alchimique du recueil.

Robert_Dunkarton_reine_nuit

Faut-il lever cette contradiction ? Trois lectures de l’intitulé sont envisageables, et pourraient guider l’étude du recueil.

1. La « boue » devient « or » : Baudelaire dispose de la pierre philosophale. Des poèmes sont certes prosaïques, désespérants mais, dans le creuset du recueil, ils sont transfigurés.

2. L’« or » devient « boue ». Baudelaire est le grand gâcheur : il dilapide son temps aussi bien que ses dons poétiques. Par ses sarcasmes et ses obsessions, sa poésie profane et corrompt tout ce qu’elle touche.

3. Le recueil est disparate, l’intitulé ne se prête pas à une lecture dynamique. « L’or » côtoie la « boue » comme « le Spleen » « l’idéal ». Des poèmes sont heureux, d’autres terribles, certains moraux, d’autres misérables.

Papillons Redon Oeuvres Baudelaire

Le professeur, en s’aidant du manuel l ‘esprit et la lettre , pourrait proposer une séquence qui montrerait toute l’ambivalence de l’intitulé au programme, « la boue et l’or ».

Séance 1 (1 heure)

Lors d’une première séance, on distribuerait aux élèves les deux poèmes que nous venons d’évoquer ( Annexes 1 et 2 ) ; on leur demanderait de les reformuler puis de les comparer. Ils découvriraient alors la promesse alchimique de la poésie, mais aussi la crainte que cette magie n’opère à rebours. La problématique de la séquence serait alors trouvée : la poésie de Baudelaire propose-t-elle une transformation positive de la réalité ? Est-elle transfiguration ou, au contraire, corruption ?

Cette problématique guiderait les élèves dans leur lecture du recueil (et pourrait faire l’objet d’un devoir à la maison) : quels poèmes relèvent de la « boue », lesquels de « l’or » ? Lesquels montrent une transformation heureuse ? Lesquels relèvent, au contraire de l’altération ou de la dégradation ?

Séance 2 (2 heures)

On consacrerait une autre séance à la lecture analytique du « Soleil » (texte p.44). Le soleil doré accomplit les promesses du prologue. Double du « poëte », il « ennoblit le sort des choses les plus viles », il lave toutes les boues, aussi bien les maladies physiques (« chloroses ») que morales (« soucis).

Séance 3 (1 heure)

Lors de cette séance on comparerait le poème avec le tableau de Turner, Hôtel de ville de Paris (p. 44). La poésie aussi bien que la poésie illuminent et métamorphosent les êtres et les lieux.

Turner Hôtel de ville de Paris Œuvres Baudelaire

Séance 4 (2 heures)

L’étude des « Métamorphoses du vampire » (p. 46), au contraire, montre l’échec de la poésie à transfigurer le réel. Une superbe femme à la « bouche de fraise » devient une horrible « outre aux flancs gluants » et ne présente plus que des « débris de squelettes ». On analyserait de même « Spleen » (p. 43) : les « affreux hurlements » succèdent aux « longs ennuis », l’Angoisse triomphe, et le poète échoue à transformer la boue en or. L’analyse du tableau de Munch, Le Vampire , compléterait cette étude. (p. 46) 

Le vampire Munch

Séance 5 (1 heure)

L’article de Gustave Bourdin, « Ceci et cela » (p.47), permet d’étudier la dimension morale des Fleurs du Mal , et de comprendre le scandale causé par le recueil. Selon ce critique, la boue reste laide et gluante, et les « putridités » évoquées par le poète sont « incurables ». Les élèves seraient amenés à chercher dans le recueil des poèmes pour illustrer ou, au contraire, réfuter l’article.

Séance 6 (2 heures)

Pour réutiliser les acquis des séances précédentes et préparer l’épreuve de la dissertation , on proposerait aux élèves le sujet suivant :

« La poésie a-t-elle pour fonction d’embellir la réalité ? » Pour répondre à cette question, vous évoquerez votre lecture des Fleurs du Mal ainsi que le parcours associé.

En groupe, on l’analyserait et chercherait un plan, des arguments et des exemples. Le manuel propose un corrigé de ce sujet (Méthode Bac, p. 570).

On solliciterait avec profit d’autres textes théoriques de Baudelaire pour répondre à cette question, notamment les Notes nouvelles sur Edgar Poe ( Annexe 3 ), ou le projet de préface pour la seconde édition des Fleurs du Mal ( Annexe 4 ).

Séance 7 (2 heures)

Une troisième lecture analytique, pour les séries générales, conclurait la séquence. Le poème « Correspondances » (p. 42) présente à la fois « l’or » et la « boue », « les parfums frais », et les parfums « corrompus, riches et triomphants », la « clarté » et la « ténébreuse » réalité. Il nous invite à accepter cette réalité repoussante et enivrante, belle parce que multiple. Seul cet alliage de corruption et de lumière permet de déchiffrer les « symboles » et les « confuses paroles ».

Écoutez le texte lu par le comédien

Séance 8 (2 heures)

En guise d’évaluation, les élèves auraient le choix entre deux sujets :

  • Commenter le poème « Le Crépuscule du matin », pour les séries générales (p. 45) ou « L’Albatros », pour les séries technologiques (p. 119).
  • Répondre au sujet de dissertation suivant : « Une poésie évoquant la laideur et la violence du monde est-elle amorale ? » Pour répondre à cette question, vous évoquerez votre lecture des Fleurs du Mal ainsi que le parcours associé.

Fabrice Sanchez Auteur de l’esprit et la lettre Enseignant en lycée (94)

A lire aussi : Quelles lectures choisir pour accompagner les œuvres intégrales ? 

Annexes Annexe 1 : Charles Baudelaire, « Alchimie de la douleur », « Spleen et Idéal », Les Fleurs du Mal , 1857.   LXXXI – ALCHIMIE DE LA DOULEUR

L’un t’éclaire avec son ardeur, L’autre en toi met son deuil, Nature ! Ce qui dit à l’un : Sépulture ! Dit à l’autre : Vie et splendeur !

Hermès inconnu qui m’assistes Et qui toujours m’intimidas, Tu me rends l’égal de Midas, Le plus triste des alchimistes ;

Par toi je change l’or en fer Et le paradis en enfer ; Dans le suaire des nuages

Je découvre un cadavre cher, Et sur les célestes rivages Je bâtis de grands sarcophages.

Annexe 2. Charles Baudelaire, Ébauche d’un épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal , 1861

Tranquille comme un sage et doux comme un maudit

Je t’aime, ô ma très belle, ô ma charmante… Que de fois… Tes débauches sans soif et tes amours sans âme,   Ton goût de l’infini Qui partout, dans le mal lui-même, se proclame… Tes bombes, tes poignards, tes victoires, tes fêtes, Tes faubourgs mélancoliques, Tes hôtels garnis, Tes jardins pleins de soupirs et d’intrigues, Tes temples vomissant la prière en musique, Tes désespoirs d’enfant, tes jeux de vieille folle, Tes découragements

Et tes jeux d’artifice, éruptions de joie, Qui font rire le Ciel, muet et ténébreux.

Ton vice vénérable étalé dans la soie, Et ta vertu risible, au regard malheureux, Douce, s’extasiant au luxe qu’il déploie.

Tes principes sauvés et tes lois conspuées, Tes monuments hautains où s’accrochent les brumes. Tes dômes de métal qu’enflamme le soleil, Tes reines de théâtre aux voix enchanteresses, Tes tocsins, tes canons, orchestre assourdissant, Tes magiques pavés dressés en forteresses, Tes petits orateurs, aux enflures baroques, Prêchant l’amour, et puis tes égouts pleins de sang, S’engouffrant dans l’Enfer comme des Orénoques, Tes anges, tes bouffons neufs aux vieilles défroques Anges revêtus d’or, de pourpre et d’hyacinthe, Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte. Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence, Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.

Annexe 3. Charles Baudelaire, Notes nouvelles sur Edgar Poe, 1857 Je ne veux pas dire que la poésie n’ennoblisse pas les mœurs, — qu’on me comprenne bien, — que son résultat final ne soit pas d’élever l’homme au-dessus du niveau des intérêts vulgaires ; ce serait évidemment une absurdité. Je dis que, si le poète a poursuivi un but moral, il a diminué sa force poétique ; et il n’est pas imprudent de parier que son œuvre sera mauvaise. La poésie ne peut pas, sous peine de mort ou de défaillance, s’assimiler à la science ou à la morale ; elle n’a pas la Vérité pour objet, elle n’a qu’elle-même.

Annexe 4. Projet de préface pour la seconde édition des Fleurs du Mal , 1861 Des poètes illustres s’étaient partagé depuis longtemps les provinces les plus fleuries du domaine poétique. Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d’extraire la beauté du Mal.

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Texte 16, Harmonie du soir

Introduction: Le poème 47 des FDM appartient à la section « Spleen et Idéal » et s’inscrit à la fin d’un cycle de poèmes consacrés à Mme Sabatier , une maîtresse de Baudelaire à laquelle il envoya un exemplaire du recueil accompagné d’une lettre «Tous les vers compris entre la page 84 et la page 105 vous appartiennent» . Le poème se rapproche de la forme fixe du pantoum qui se caractérise principalement par une reprise de vers : les vers 2 et 4 de chaque strophe sont repris comme vers 1 et 3 de la strop he suivante. Il déploie ainsi une forte musicalité et une harmonie que l’ on retrouve dès le titre : « Harmonie du soir ». Dans ce poème constitué de 4 quatrains d’alexandrins, Baudelaire, alors que le soleil se couche évoque son spleen croissant qui, à la fin du poème, se transforme en une extase mystique . LECTURE Nous chercherons à comprendre comment la structure particulière du poème et les correspondances qui y sont établies permettent de transformer le spleen. P our cela, nous procéderons à une analyse linéaire qui suivra les 4 mouvements du poème correspondant s aux 4 strophes : l ’ atmosphère enivrante mais triste du soir devient dans la strophe 2 plus mélancolique ; la strophe 3 partage une atmosphère angoissante tandis que dans la strophe 4 les ténèbres sont dissipées par une lumière intérieure.

I. À partir des motifs de la fleur et de la valse , la première strophe évoque l'atmosphère du soir faite d'ivresse mais aussi de tristesse.

Tout d’abord le vers 1 s’ouvre sur une formule solennelle Voici venir les temps où que l’on retrouve fréquemment dans la Bible. Elle annonce que va arriver un moment privilégié et attendu par le poète, peut être un moment sacré ou un moment de grâce, comme le suggère le mot à la rime du vers 2 encensoir qui renvoie au lexique religieux. Ce premier vers inaugure également un mouvement qui parcourt tout le premier quatrain : à l’aide verbes : v enir, v ibrant, s’é v apore, tournent et puis par deux noms dans le vers 4 : v alse et v ertige. L’allitération en v contribue également à suggérer ce mouvement qui commence par une vibration puis se renforce dans le tournoiement de la valse. Les assonances en i et an qui alternent dans le vers 1 introduisent également un rythme binaire qui scande le vers. Le terme de tige introduit le CL de la nature qui se développe dans le vers suivant et précise le moment annoncé par le titre : le soir. Le vers 2 entame un jeu de correspondances :

  • entre les différents sens selon le principe de la synesthésie En effet aux sens de la vue ( tige ) et de l’ouïe ( vibrant ) amorcés dans le vers 1, se mêle le sens de l’odorat puisque le vers établit une comparaison entre le parfum exhalé par les fleurs, le soir, et le parfum de l’encens diffusé dans une église. Le mouvement de balancement du vers 1 se poursuit avec l’objet de l’ encensoir.
  • entre le monde naturel et le monde spirituel. On observe aussi un mouvement vertical grâce au verbe s’évapore (mouvement ascendant) et à la transformation de la matière (cf. alchimie) propre à l’évaporation (eau , gaz). Le nom encensoir mis en valeur à la rime confirme la correspondance verticale expliquée dans le poème IV « Correspondances » : La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles. Dans le vers 3 le système des synesthésies se développe avec l’association explicite de l’ouïe ( les sons ) et de l’odorat ( les parfums ) pour atteindre une forme de tourbillon qui se prolonge dans le vers suivant avec la valse . Ces associations forment ainsi un ensemble de sensations harmonieuses générées par la nature que la scansion régulière de l’alexandrin (6/6) renforce. Là encore on retrouve une illustration du poème « Correspondances » : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Les rimes masculines embrassées encensoir / soir forment un écho de sonorités envoûtantes et annoncent l’effet de répétition du pantoum sur le thème du soir caractérisé par sa beauté et son charme envoûtant.
  • Le vers 4 qui poursuit le tournoiement avec le nom valse est construit en chiasme et introduit une émotion complexe . En effet tristesse et beauté sont étroitement liés : la valse enchantée des vers précédents est maintenant caractérisée par l’épithète mélancolique , tandis que l’adjectif langoureux , (associé à la volupté) caractérise le nom vertige qui exprime un mouvement d’attraction vers le bas et s’oppose ainsi à l’élévation suggérée au vers 2.

II. La strophe2 reprend les motifs de la fleur et de la valse, mais la mélancolie initiée dans la strophe 1 s’accentue.

La strophe 2 s’ouvre sur un vers déjà connu puisqu’il est repris de la strophe 1, de même pour le vers 7 qui avait introduit la tristesse et la mélancolie dans le premier quatrain. Si cette reprise contribue à mimer en quelque sorte le mouvement grisant de la valse, l’association avec les deux nouveaux vers modifie les effets produits. En effet l’alchimie du vers 5 qui introduit une correspondance verticale et pourrait constituer un envol vers l’idéal et la spiritualité est freiné par la tristesse et même la souffrance des deux vers suivants. Le début du vers 6 est marqué par la diérèse qui accentue l’assonance en i et fait entendre la musique aiguë du violon comme l’affliction intense du cœur qui souffre. La personnification du violon sujet du verbe frémit renforce la présence sensible d’un être qui souffre, sans doute le poète (désigné par métonymie avec le mot cœur ) et le mot cœur suggère la souffrance amoureuse. La comparaison est marquée par une allitération en K c omme un c œur qu' on qui accentue le poids ou l’agressivité de la douleur. Le vers 7 étroitement relié au précédent par la rime embrassée en -ige (aux sonorités aiguës) se charge de davantage de tristesse que dans le premier quatrain. Le vertige qui rime avec afflige évoque davantage le gouffre caractéristique du spleen. Le vers 8 rattaché au vers 5 par la rime constitue un arrêt du mouvement tournoyant et douloureux. Il permet une sorte d’apaisement par un retour à la contemplation du ciel et à la dimension mystique apportée par le terme religieux de reposoir. Ce nom évoque aussi la mort, mais les reposoirs à l’occasion des processions religieuses étaient souvent fleuris , ce qui tisse plutôt un lien avec le vers 5. Enfin ce vers est marqué par une alliance d’adjectifs triste / beau qui traduit une conception baudelairienne de la beauté que le poète définit ainsi dans « Fusées » (notes écrites env. 10 ans avant sa mort, mais publication posthume) « C'est quelque chose d'ardent et de triste [...] qui fait rêver à la fois de volupté et de tristesse » .

III. La strophe 3 voit la tristesse se transformer en angoisse marquée par le passage inéluctable du temps

La strophe reprend selon le même principe du pantoum 2 vers précédents. Le vers 9 produit une nouvelle impression, par sa place et son nouveau contexte. En début de quatrain, il indique que l’idée de souffrance va dominer et le nom cœur repris dans le vers 10 focalise l’attention sur le poète. Le vers 10 est une expansion du nom cœur du vers 9. Un cœur > qu’on afflige                  > tendre                  > qui hait le néant vaste et noir L’adjectif tendre laisse penser que la souffrance est encore plus forte, car ce cœur est particulièrement sensible. Sa tendresse est d’ailleurs juxtaposée à des sonorités rudes : qui hait ce qui renforce l’opposition. Et la césure n’est pas régulière 4/6. Baudelaire éprouve fréquemment un dégoût de l'existence où se mêlent l'angoisse et l'ennui : le spleen. On le retrouve ici dans le peur des ténèbres et dans la hantise du vide conjuguées dans l'expression « néant vaste et noir ». Le vers 11 repris de la strophe 2 prend ici un nouveau sens car le ciel fait suite au néant, rendant l’élévation impossible reposoir ne rime plus avec un mot ce terminant par soir, il est davantage tourné vers la mort (la valse et la fleur sont absentes du troisième quatrain) et le vers suivant .

Le vers 12 propose une image dramatique composée de deux métaphores : celle de la noyade et celle du sang « Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige... ». La première présente la dissolution du soleil couchant , personnifié, comme un anéantissem ent. Quant à l'image du sang, elle est appelée par une analogie entre la couleur rouge et celle du soleil cou chant. Mais elle révèle aussi la projection d'une impres sion personnelle : celle d'un arrêt du cœur ; le sang, normalement s ymbole de vie, puisqu’il se fige renvoie ici à la mort. Le caractère tragique de la scène est souligné par une allitération en s qui crée un sifflement sinistre et la rime qui associe la souffrance afflige / à la mort se fige .

IV. La strophe 4 permet la dissipation des ténèbres grâce au souvenir.

Le vers 13 repris cette fois au début de la strophe va permettre au «cœur», c’est -à-dire au poète souffrant, affligé par le spleen, de devenir le sujet (actif) d’une proposition principale qui se trouve dans le vers 14, juste après. Cela annonce le dépassement du spleen. Le vers 14 introduit un nouveau thème celui du souvenir dénoté par deux noms en début et fin de vers : passé et vestige . Le mot vestige (= trace de ce qui n’est plus, de ce qui a disparu. Étymologiquement, c’est la trace laissée par l’empreinte du pied) est retardé à la fin du vers,      - ce qui provoque un effet d’attente et en renforce l’importance      - ce qui permet d’offrir un contraste plus saisissant entre la fin du vers 13 noir » et le début du vers 14 avec l’adjectif « l umineux ». Ainsi nous sommes plus sensibles à l’irruption de la lumière. On pourrait voir aussi avec le verbe recueillir un écho au lexique religieux : se recueillir, recueillement Le vers 15 prend un nouveau sens car le soleil est associé à la lumière (« lumineux ») du vers 14 et annonce le verbe luir du dernier vers. Ainsi le sang qui se fige et la mort qui l’accompagne semble annulé par la lumière et le souvenir. Le vers 16 constitue la chute du poème, il remplit la fonction de dédicace. L’énonciation change du fait de l’ intrusion de la 2 e personne (« ton ») et de la 1 e personne (« moi ») : la 3 e personne tout au long du poème. Le souvenir qui surgit et éclaire le poète doit être, bien que le texte n’en offre aucune preuve, celui d’une personne aimée à laquelle il s’adress e (et dont la liaison ne serait plus qu’un souvenir). On considère généralement qu’il s’agit de Mme Sabatier. Ainsi le souvenir heureux de leur amour est capable de supplanter le spleen et d’en faire un souvenir lumineux et rayonnant, en forme de soleil, offert par la 3 e comparaison religieuse du poème : « comme un ostensoir ».

Conclusion :

Nous avons pu voir dans cette analyse que Le soir instant privilégié où les fleurs exhalent leur parfum enivrant était aussi source de spleen , de souffrance et d’angoisse morbide avec l’arrivée des ténèbres. La reprise de vers identiques structure la progression du poème et nuance les tonalités propres à chaque strophe mais permet de révéler une extase finale réalisée grâce au souvenir de la femme aimée à qui f inalement ce poème semble dédié.

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Charles Baudelaire,  Les Fleurs du Mal  / « Alchimie poétique : la boue et l’or »

Charles baudelaire et  les fleurs du mal.

La poésie XIXe siècle au XXIe siècle Les fleurs du mal de Charles Baudelaire

PARCOURS - alchimie poétique : la boue et l’or

Licence Creative Commons

Séquence 1

PARCOURS CORPUS Problématique Alchimie poétique : la boue et l’or Le « laid » dans la poésie du 19° siècle

Le laid peut-il constituer un objet et/ou un sujet poétique ?

Victor Hugo : » j’aime l’araignée, j’aime l’ortie… » les contemplations, livre III, 1856. Problématique possible : « Jeter un œil moins superbe » ?

Tristan Corbière, « Le crapaud » Les amours jaunes, (1873) Problématique possible : l’horreur peut-elle contempler la splendeur ?

Jules Laforgue, « Complainte d’un autre dimanche », », Les complaintes, (1885) Problématique possible Faire des vers ou la quête désenchantée de la beauté 

Séquence 2

PARCOURS Œuvre intégrale Problématique Alchimie poétique : la boue et l’or

Les fleurs du mal «J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or" 

L’irrémédiable Problématique possible : la beauté fatale du mal

La charogne Problématique possible : Carpe diem ou memento mori ?

Les petites vieilles Problématique possible : Memento mori ou memento auri ?

Dissertation Baudelaire a écrit "J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or " dans Bribes. Dans quelle mesure cette phrase s’applique –t-elle au recueil Les fleurs du Mal et au projet poétique de l’auteur ?

Consultez les deux séquences bac

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Les Fleurs du mal  illustrées Les Fleurs du Mal , épreuves d’imprimerie avec corrections de Charles Baudelaire Enregistrement sonore des  Fleurs du mal  de Baudelaire

Charles Baudelaire : sa vie et son œuvre , biographie par Charles Asselineau, Paris, 1869

Quiz Baudelaire Fleurs du mal parcours Alchimie poétique

 Exercice pour la classe de 1ère réviser et préparer le bac blanc et l'examen du baccalauréat   Quiz sur le parcours bac  Alchimie poétique la boue et l’or. et le recueil  Les Fleurs du mal, Baudelaire

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 Les fleurs du mal de Charles Baudelaire

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Charles Baudelaire sur  poetes.com Le site est suffisamment riche pour pouvoir imaginer d’organiser une séance de travail, individuelle ou en groupe, en classe ou à la maison, à partir de la page Web consacrée à Baudelaire.

Baudelaire, moderne et anti-moderne Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, Chaire de Littérature française moderne et contemporaine : Histoire, critique, théorie a consacré son cours de l’année 2011-2012 à cette thématique : Baudelaire, moderne et anti-moderne. Pour clore cette année de communications, un colloque a été organisé le 10 avril 2012 sur la même thématique. L’ensemble est consultable sur le site du Collège de France. Une mine d’or. Consulter  le cours  &  le colloque .

Charles Baudelaire La Compagnie des auteurs , par Matthieu Garrigou-Lagrange La série met en lumière que, pour Baudelaire et  Les Fleurs du Mal , la thématique du parcours associé est intimement liée à l’œuvre intégrale et à son auteur. Ces documents vidéo éclairent aussi bien  Les Fleurs du Mal  que la thématique du parcours ; cette dernière pourrait de fait servir de fil directeur à une lecture du recueil. Il faudra donc en jouer, mais veiller à ce que l’œuvre et le parcours fassent bien l’objet de réflexions certes complémentaires mais distinctes.

« Alchimie poétique : la boue et l’or » - contextualiser / problématiser

"la boue et l’or".

  • Origine de la formule La formule trouve son origine dans l’ébauche d’une pièce de vers associée au projet de préface pour la deuxième édition (1861) que Baudelaire s’occupa de préparer au lendemain de son procès. Les pièces condamnées devaient être remplacées par des pièces nouvelles. Les documents qui nous intéressent son consignés dans : Œuvres posthumes et correspondances inédites , Charles Baudelaire ; précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet, Quantin (Paris), 1887 Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k6106059x/f125.item.r=1861 Sélectionner pp.10 & 11
  • " Baudelaire et l’esthétique de la boue " Les chemins de la philosophie , par Adèle van Reeth, le 3 avril 2019 «  À travers "Les Fleurs du Mal", la beauté hante l’oeuvre poétique de Baudelaire. Pourrait-elle être son unique sujet ?  » Un document dont la thématique est directement liée au parcours associé. Une idée de transition intéressante pour mettre en perspective l’œuvre, approfondir et problématiser sa compréhension tout en mettant en place un questionnement plus large sur la création poétique.

 projet d’épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal et le sonnet « Alchimie de la douleur » : deux références pour éclairer « alchimie poétique : la boue et l’or ».

 projet d’épilogue pour la deuxième édition des  Fleurs du Mal  et le sonnet « Alchimie de la douleur » :

  Charles Baudelaire, « Alchimie de la douleur », « Spleen et Idéal »,  Les Fleurs du Mal , 1857.  LXXXI – ALCHIMIE DE LA DOULEUR

L’un t’éclaire avec son ardeur, L’autre en toi met son deuil, Nature ! Ce qui dit à l’un : Sépulture ! Dit à l’autre : Vie et splendeur !

Hermès inconnu qui m’assistes Et qui toujours m’intimidas, Tu me rends l’égal de Midas, Le plus triste des alchimistes ;

Par toi je change l’or en fer Et le paradis en enfer ; Dans le suaire des nuages

Je découvre un cadavre cher, Et sur les célestes rivages Je bâtis de grands sarcophages.

Charles Baudelaire, Ébauche d’un épilogue pour la deuxième édition des  Fleurs du Mal , 1861

Tranquille comme un sage et doux comme un maudit

J’ai dit :

Je t’aime, ô ma très belle, ô ma charmante… Que de fois… Tes débauches sans soif et tes amours sans âme,   Ton goût de l’infini Qui partout, dans le mal lui-même, se proclame… Tes bombes, tes poignards, tes victoires, tes fêtes, Tes faubourgs mélancoliques, Tes hôtels garnis, Tes jardins pleins de soupirs et d’intrigues, Tes temples vomissant la prière en musique, Tes désespoirs d’enfant, tes jeux de vieille folle, Tes découragements

Et tes jeux d’artifice, éruptions de joie, Qui font rire le Ciel, muet et ténébreux.

Ton vice vénérable étalé dans la soie, Et ta vertu risible, au regard malheureux, Douce, s’extasiant au luxe qu’il déploie.

Tes principes sauvés et tes lois conspuées, Tes monuments hautains où s’accrochent les brumes. Tes dômes de métal qu’enflamme le soleil, Tes reines de théâtre aux voix enchanteresses, Tes tocsins, tes canons, orchestre assourdissant, Tes magiques pavés dressés en forteresses, Tes petits orateurs, aux enflures baroques, Prêchant l’amour, et puis tes égouts pleins de sang, S’engouffrant dans l’Enfer comme des Orénoques, Tes anges, tes bouffons neufs aux vieilles défroques Anges revêtus d’or, de pourpre et d’hyacinthe, Ô vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte. Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence, Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.

Comprendre le parcours, Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal Alchimie poétique la boue et l’or. 3

Les Fleurs du mal, Baudelaire, Spleen et Idéal. Commentaires littéraires et linéaires. EAF 2023 10

Baudelaire, les Fleurs du mal, Tableaux parisiens à l'EAF 2023 2

Les questions de grammaire sur Les fleurs du mal de Charles Baudelaire PARCOURS - alchimie poétique la boue et l’or 1

Exercices bac français Baudelaire Les Fleurs du Mal /parcours Alchimie poétique : la boue et l'or-Evaluez votre niveau, testez vos connaissances

Date de dernière mise à jour : 26/11/2022

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Baudelaire, La boue et l'or

Par whillem   •  1 Mai 2021  •  Dissertation  •  954 Mots (4 Pages)  •  6 235 Vues

Baudelaire est un poète français né a paris en 1821, il est l’un des poètes les plus connus du XIXe siècle, car il inclus la modernité comme motif poétique. Il est considéré comme un poète « maudit » car il n’est pas dans les codes de la société de l’époque, ses poèmes ne sont pas bien pris, ils parlent de sujets morbides voir tabous. L’alchimie est l’art de la transmutation, permettant de convertir les métaux les plus vils en or. C’est aussi le cas de la poésie qui cherche à transformer le monde spirituellement par la parole.

Le poète Pierre Reverdy écrivait dans Le Livre de mon bord : « Transmuer la misère en sublime –– voilà le grand, l’incroyable et mystérieux coup d’alchimie. Non pas la matière en une autre matière mais bien la matière en esprit » Cette phrase montre le lien entre le but de la poésie et de l’alchimie qui est peut être finalement le même, transformer le mal en idéal. Nous nous demanderons donc comment ces propos peuvent s’adapter a notre lecture des fleurs du mal.

Dans un premier temps nous allons aborder la quête poétique en parlant du voyage et de la femme aimée et ensuite la quête alchimique en parlant de l’alchimie dans les poèmes de Baudelaire et de sa relation avec le diable.

Baudelaire comme on l’a compris est un homme qui souffre de sa propre existence et qui est sans cesse dans la quête de l’idéal. Le titre du recueil introduit bien l’idée générale de celui ci « les fleurs du mal », les fleurs et le mal sont très opposés, mais ces deux termes sont la car Baudelaire cherche a nous faire comprendre qu’à partir du mal, il vas essayer d’en cultiver quelque chose de bon.

Il s’intéresse à toute sorte de mal, le mal moral car le vice hante les hommes, physique car le corps du poète souffre de douleurs insupportables et métaphysique car l’âme est angoissée par l’absence de dieu mais tourmentée par le péché. Pour transformer le mal, Baudelaire en fait donc un sujet de poésie, La sensibilité du poète l’amène a porter un nouveau regard sur les objects les plus abjects.

En premier lieu nous pouvons considérer que la poésie est un échappatoire à cette triste et ennuyante réalité. Dans Les Fleurs du Mal, Baudelaire fait beaucoup référence à cet ennui et à cet appel de l’ailleurs qui le libérerait de cette misérable condition humaine. Nous pouvons le voir dans le poème « L’invitation au Voyage » où il idéalise un monde et aimerait y vivre. « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. » Il évoque un monde anormalement parfait, ou le bonheur règne et que le monde réel ne saurait comprendre. C’est cette quête onirique remplie d’insatisfaction et de non acceptation de la réalité qui pousse Baudelaire à partir à la recherche d’un monde ou d’un ailleurs qui lui le comblerait. Il ressent indéniablement ce sentiment d’échec existentiel mais la poésie fait donc ici place d’une part en balayant les ennuis du quotidien et la vie réelle morose, et d’autre part en invitant le poète a entreprendre le voyage qui le libérerait de son ennui, un voyage où plus rien ne le contrarierait, ou n’auraient plus leur place le banal, le cruel, juste le bonheur. Très souvent cette recherche du bonheur se fait par un rêve d’un voyage idéalisé car la réalité n’est

IMAGES

  1. L'or et la boue

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  1. Dissertation Baudelaire. 'Tu m'as donné ta boue et j'en fait de l'or"

    Baudelaire, le poète de la boue. Dans le projet d'épilogue, deux vers avant le vers « Tu m'as donné ta boue et j'en fait de l'or », Baudelaire se compare à « un parfait chimiste » lequel effectue donc cette opération de transformation de la boue en or. À l'autre bout du recueil, dès l'adresse « Au lecteur », cette ...

  2. "Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or."

    Construire le plan. Les titres en couleur ou entre crochets ne doivent pas figurer sur la copie. Introduction. [Citation] Quand Baudelaire, dans l'appendice aux Fleurs du mal, écrit « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or. », il développe le sens de l'oxymore du titre qu'il a choisi pour son recueil et nous ouvre son laboratoire.

  3. Dissertation corrigée

    Tout à l'heure, comme je traversais le boulevard, en grande hâte, et que je sautillais dans la boue, à travers ce chaos mouvant où la mort arrive au galop de tous les côtés à la fois, mon auréole, dans un mouvement brusque, a glissé de ma tête dans la fange du macadam. Je n'ai pas eu le courage de la ramasser.

  4. PDF Alchimie poétique, Plan de dissertation Baudelaire la boue et l'or

    Alchimie poétique, la boue et l'or Plan de dissertation Baudelaire Sujet 1: « Celui qui n'est pas capable de tout peindre… tout ce qu'il y a de plus doux et tout ce qu'il y a de plus horrible…, celui-là n'est pas vraiment poète dans l'immense étendue du mot », Ch. Baudelaire.

  5. Dissert Baudelaire 1

    Proposition de corrigé : sujet n° (dissertation sur Baudelaire et le parcours « Alchimie poétique : la boue et l'or ») Le critique Benjamin Fondane écrit : « Non seulement le poète descend dans le sous-sol humain où grouille un monde de stupre et de honte, mais il prend sur lui de montrer que le sous-sol peut donner des fleurs, que cheveu, boue, crasse peuvent aussi chanter.

  6. Dissertation avec corrigé sur le parcours «Alchimie poétique: la boue

    Proposition de corrigé : sujet n°2 (dissertation sur Baudelaire et le parcours « Alchimie poétique : la boue et l'or ») Le critique Benjamin Fondane écrit : « Non seulement le poète descend dans le sous-sol humain où grouille un monde de stupre et de honte, mais il prend sur lui de montrer que le sous-sol peut donner des fleurs, que ...

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  18. Texte 16 / Alchimie poétique : la boue et l'or / TEXTES

    Ainsi le sang qui se fige et la mort qui l'accompagne semble annulé par la lumière et le souvenir. Le vers 16 constitue la chute du poème, il remplit la fonction de dédicace. L'énonciation change du fait de l'intrusion de la 2e personne (« ton ») et de la 1e personne (« moi ») : la 3e personne tout au long du poème.

  19. Alchimie poétique la boue et l'or problématiser EAF 2022

    Exercice pour la classe de 1ère réviser et préparer le bac blanc et l'examen du baccalauréat Quiz sur le parcours bac Alchimie poétique la boue et l'or. et le recueil Les Fleurs du mal, Baudelaire. Quiz bac. Réviser les auteurs EAF, roman, théâtre, littérature d'idées, poésie. Progressez avec les exercices corrigés. Le 27/06/2022.

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    Car j'ai de chaque chose extrait la quintessence, Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or. (Projet d'épilogue à l'édition de 1861) ® Conception du poète alchimiste qui change la boue en or. 2. La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables ...

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  23. Baudelaire, La boue et l'or

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