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Exemple de sujet : Plaisir et bonheur

Dans le Gorgias, Socrate défend l’idée qu’un homme heureux est celui qui est capable de réguler ses désirs, de telle sorte qu’il ne sera pas l’esclave d’une recherche effrénée du plaisir. Se fondant sur une célèbre métaphore d’un tonneau qu’il s’agirait de remplir patiemment des biens les plus précieux et de consolider afin qu’il ne fuie pas, Socrate se voit pourtant opposer par Calliclès une conception plus hédoniste, selon laquelle le breuvage importe peu à condition d’avoir l’ivresse. L’iconoclasme moral de Calliclès, préfigurant la conception sadienne des plaisirs, consiste alors à montrer que l’homme doit rejeter une conception du bonheur uniquement fondée sur la mortification du corps. Le lien entre plaisir et bonheur est en ce sens ambigu. Il faut en effet problématiser la proximité entre les deux termes pour s’apercevoir de toute la difficulté de cette question. Si le plaisir désigne une satisfaction immédiate d’un désir, qui s’accompagne donc d’une sensation de bien-être ressentie par l’homme, le bonheur paraît alors dépendre du plaisir, puisqu’il désigne une satisfaction durable de l’homme, la seule différen... [voir le corrigé complet]

Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

Catégorie : Le bonheur

Le bonheur, idéal ultime de la vie, est le moteur de nos actions et de nos aspirations. Il soulève des questions essentielles sur la nature du contentement, sur ce qui donne un sens à nos existences, et sur les chemins que nous empruntons pour y parvenir. La philosophie nous invite à explorer les concepts de félicité, de satisfaction, et les voies vers un bien-être profond.

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Désirer, est-ce nécessairement souffrir ?

Dans un élan d’interrogation métaphysique, on questionne la nature du désir en lien avec la souffrance. Désirer, est-ce nécessairement souffrir ? Voilà une problématique qui pousse à étudier la dimension existentielle du désir, et sa fusion intrinsèque avec la douleur.

  • Dissertations
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Est-ce à la loi de décider de mon bonheur ?

L’interrogation « Est-ce à la loi de décider de mon bonheur ? » soulève des questions complexes liées à la liberté individuelle, au rôle des institutions et à la définition même du bonheur. Cette dissertation se propose d’analyser ces aspects de manière critique.

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Avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ?

Au cœur de nombreux débats éthiques et philosophiques se trouve cette interrogation : avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ? Cette question brasse de vastes concepts tels que la responsabilité individuelle, l’altruisme et l’égoïsme.

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Dépend-il de nous d’être heureux ?

La question de savoir si notre bonheur dépend de nous-même peut nous conduire à réfléchir profondément dans un cadre philosophique. Cette dissertation se concentrera sur cette problématique, en analysant diverses perspectives et arguments.

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Devons-nous chercher à être heureux ?

Le bonheur, concept central, omniprésent dans nos sociétés actuelles, est-il véritablement un objectif à poursuivre ? Devons-nous réellement chercher à être heureux ? Cette dissertation vise à analyser ces questionnements d’un point de vue philosophique.

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Notre bonheur doit-il quelque chose à la chance ?

La dissertation philosophique sur le thème « Notre bonheur doit-il quelque chose à la chance ? » se penche sur la question de savoir si le bonheur est le fruit du hasard ou le résultat de nos actions et décisions.

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Le bonheur peut-il se passer de liberté ?

La dissertation philosophique qui suit se penche sur la question complexe du lien entre bonheur et liberté. Peut-on réellement être heureux sans être libre ? Ou la liberté est-elle une condition sine qua non du bonheur ?

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Le bonheur est-il affaire de raison ?

La question de savoir si le bonheur est une affaire de raison est l’une des interrogations les plus profondes et fascinantes de ce domaine.

La quête du bonheur est-elle vaine ?

La quête du bonheur est-elle vaine ?

La quête du bonheur est un sujet universel et intemporel qui suscite de nombreux débats. Cette dissertation explorera si cette quête est vaine, en analysant les différentes perspectives philosophiques, psychologiques et sociologiques, afin de comprendre si la poursuite du bonheur est une entreprise futile ou une nécessité humaine.

Un ours cherchant son devoir parmi les étoiles

Suffit-il de remplir ses devoirs pour être heureux ?

La dissertation philosophique qui suit explore la question de savoir si le simple fait de remplir ses devoirs est suffisant pour atteindre le bonheur. Cette interrogation nous invite à réfléchir sur la nature du bonheur et le rôle des obligations dans notre quête de satisfaction personnelle.

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Une vie heureuse est-elle une vie de plaisirs ?

La question de savoir si une vie heureuse est nécessairement une vie de plaisirs est un sujet complexe et débattu en philosophie. Cette dissertation explorera les différentes perspectives philosophiques sur le bonheur, le plaisir et leur interrelation, afin de déterminer si le plaisir est essentiel à une vie heureuse.

L'École des Lettres – Revue pédagogique, littéraire et culturelle

Bac philo : sujets et proposition de corrigé sur le bonheur

Hans Limon

  • 15 juin 2023
  • Actualités , Actualités pédagogiques , Baccalauréat , Philosophie

Les sujets du bac philo 2023

Filière générale :

  • Le bonheur est-il affaire de raison ?
  • Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?
  • Un extrait de  La Pensée sauvage  (1962), de Claude Lévi-Strauss

Filières technologiques :

  • L’art nous apprend-il quelque chose ?
  • Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?
  • Un extrait de la  Théorie des sentiments moraux  (1759) d’Adam Smith

Proposition de corrigé : le bonheur est-il affaire de raison ?

Introduction

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«  Ignorance is bliss  », affirme Cypher, personnage du film de science-fiction  The   Matrix  (1999) préférant être réencodé dans la simulation heureuse de la matrice plutôt que de vivre lucide au beau milieu d’un « désert du réel » au ciel obscurci, dominé par l’intelligence artificielle et le machinisme totalitaire. Avec cette sentence émerge la question de la nature du bonheur : réclame-t-il une part de calcul, de maîtrise et de prévision, un effort d’honnêteté, de réflexion, une conduite morale conforme à certains principes déontologiques, ou n’est-il qu’un état de satisfaction reposant sur la puissance des désirs et faisant feu du bois de l’ignorance, de l’illusion, du matérialisme et de la sensualité ? Le bonheur, étymologiquement affaire de chance, est-il à la portée de notre libre arbitre ? Peut-on travailler à être heureux ou faut-il, au contraire, en opportuniste guettant la moindre occasion, s’y abandonner ? Plutôt que sur la raison, le bonheur ne repose-t-il pas sur la passion ? Est-il marqué du sceau de l’égoïsme ou de la moralité ? Enfin, peut-on à coup sûr se rendre heureux ? Existe-t-il une technique du bonheur ? Dans quelle mesure peut-on se rendre soi-même heureux ? Voici quelques pistes de réflexion, à rédiger et à développer.

Première partie : le bonheur, une affaire de passion ?

L’évidence première définit le bonheur comme un état durable – à distinguer de la joie éphémère – découlant de la satisfaction de tous nos désirs.

  • Calliclès, rhéteur du  Gorgias  de Platon et chantre de « la justice selon la nature », ne conçoit de bonheur que dans l’accroissement des désirs et leur satisfaction subséquente.
  • De son côté, l’utilitarisme prône une moralité basée sur le bonheur du plus grand nombre, au niveau individuel comme au niveau collectif. Ce bonheur étant garanti par un calcul félicifique contrebalançant avantages et inconvénients.
  • Étymologiquement reliée à l’idée de calcul, la raison semble quelque peu abstraite, desséchante et théorique. Plaçant la vie au-dessus de la vérité, Nietzsche n’hésite pas à vanter les vertus de l’oubli et le pouvoir de l’illusion, notamment dans sa dimension artistique. 
  • La psychanalyse freudienne décrit l’économie pulsionnelle par l’intermédiaire du principe de plaisir. Le but de tout désir est d’obtenir satisfaction. En nous confrontant aux limites, normes et interdictions en tous genres, la raison nous précipite dans l’abîme douloureux et maladif du refoulement. 
  • Enfin, que peut l’aride raison aux principes universels face au subjectivisme de fond de tout bonheur ? Quelle prise a-t-elle sur le hasard, dont la faveur et la défaveur peuvent déterminer la trajectoire d’une vie ?

Transition Un bonheur fondé sur la passion n’est-il pas un bonheur animal ? N’y a-t-il pas un bonheur spécifiquement humain dont la raison serait la condition ?

Deuxième partie : la raison au service du bonheur 

En tant qu’instrument – propre à l’homme – permettant de dissocier le vrai du faux, le bon du mauvais, le bien du mal, la raison est garante d’un bonheur sage, stable et équilibré. Il existe donc une dichotomie entre un bonheur animal, matériel, et un contentement consubstantiel à la moralité.

  • Socrate n’hésite pas à qualifier l’homme selon Calliclès de «  pluvier  », un oiseau qui mange et fiente en même temps. Le bonheur platonicien est en effet le fruit d’une tempérance et d’une harmonie entre les trois parties de l’âme : l’ epithumia  ou désir, le  thumos  ou courage, et le  noûs (également  logistikon ) ou l’intellect. Vouloir satisfaire tous ses désirs revient à tenter de remplir un tonneau percé, en l’occurrence celui des Danaïdes.
  • Le bonheur du stoïcien n’est possible que par la distinction entre ce qui dépend de lui et ce qui n’en dépend pas, autrement dit de la prévalence lucide du principe de réalité sur le principe de plaisir. 
  • Aristote fait dépendre le bonheur de la vertu, juste mesure en toute chose acquise par l’habitude, et d’une activité conforme à la raison, part divine de l’homme.
  • Dans sa  Lettre à Ménécée , Épicure, en médecin de l’âme, propose une hiérarchisation éclairée des désirs menant à l’aponie, calme du corps, et à l’ataraxie, sérénité de l’âme.
  • Dans sa correspondance avec Élisabeth, fille du roi de Bohême, Descartes distingue bonheur et béatitude : cette dernière est la conséquence de la générosité, c’est-à-dire le bon usage de notre libre arbitre. S’illusionner revient selon lui à s’étourdir «  avec du pétun  », c’est-à-dire se perdre dans les fameux « paradis artificiels » : dans un langage sartrien, celui qui s’illusionne sait bien, au fond, qu’il s’illusionne. Son bonheur est donc fragile car incessamment menacé par l’immixtion de la réalité.

Transition La raison est-elle un instrument infaillible ? Le bonheur s’offre-t-il immanquablement à tout être raisonnable et moral ? Plutôt qu’un but accessible par une conduite conforme aux prescriptions de l’intelligence et aux injonctions du devoir, le bonheur n’est-il pas un idéal de l’imagination ?

Troisième partie : les limites de la raison et le bonheur comme idéal de l’imagination 

On peut être sensé, altruiste et lucide, sans toutefois être heureux. Si elle est nécessaire au bonheur, la raison n’y suffit pas pour autant.

  • Kant opère une distinction entre doctrine de la vertu et doctrine de la prudence : agir par devoir relève de l’évidence et d’un impératif catégorique, quand se rendre heureux dépend d’impératifs hypothétiques, c’est-à-dire de conseils dont l’effet n’est jamais garanti.
  • Aristote lui-même n’hésite pas à préciser qu’un sage, même vertueux, ne peut pas être heureux si la fortune s’acharne contre lui. Comment, en effet, accéder à la béatitude si je suis enchaîné à une roue en feu qui ne cesse de tourner ?
  • D’autres moyens d’accès au bonheur sont à envisager : la sensibilité, l’intuition ou ce que Pascal, dans ses  Pensées  (1670), nomme « vérités de cœur », par opposition aux « vérités de raison ». Dieu étant l’une de ces vérités de cœur.
  • La lucidité, comme l’explique Kant, est bien souvent une cause de tristesse (d’après l’expression qui lui est consacrée, c’est l’imbécile qui est heureux). Le respect de la loi morale, elle-même identifiée comme fait de la raison ( factum rationis ), ne conduit pas nécessairement au bonheur. Le pouvoir des hommes se limite à s’en rendre digne. Pris en lui-même, le bonheur n’est qu’un idéal de l’imagination qu’un sage peut rechercher, sans l’atteindre, toute une vie durant. Devant cette injustice, la raison n’est aucunement démunie : elle postule un Dieu justicier qui, dans l’au-delà, récompensera – proportionnellement – la moralité par le bonheur.

Conclusion 

Le bonheur n’est pas le fruit du pur hasard, pas plus qu’il n’est la somme d’un calcul savant. Il peut aussi consister en un « lâcher-prise » ou une « intensification du sentiment d’exister » telle que la décrit Rousseau dans Les Rêveries du promeneur solitaire  (1782) : un abandon au pur et simple temps présent. Reste à savoir si l’on peut invoquer une raison collective – une raison d’État ? – garante d’un droit au bonheur que stipule – entre autres – la constitution américaine. Et si, individuel comme collectif, le bonheur est la responsabilité de chacun, n’est-il pas – de nos jours – irrémédiablement conditionné par les médias et les réseaux sociaux ? La sentence de Cypher ne serait-elle pas, dans cette mesure, plus raisonnable qu’il y paraît ?

*Hans Limon est professeur de philosophie au lycée Louis-Massignon d’Abu Dhabi et chargé de projets culturels.

L’École des lettres est une revue indépendante éditée par l’école des loisirs . Certains articles sont en accès libre, d’autres comme les séquences pédagogiques sont accessibles aux abonnés.

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Être heureux, est-ce chercher à satisfaire tous ses désirs ?

Note obtenue 16/20 (terminale ES). Plan très détaillé en trois parties : I – La satisfaction de nos désirs conduit au bonheur, II – Le désir comme malheur, III – Restreindre nos désirs, la condition du bonheur.

Analyse du sujet et introduction rédigée entièrement.

Analyse du sujet

Être heureux : Bonheur signifie bon heur, heur étant dérivé du latin augurium, qui signifie « augure, « chance ». C’est quelque chose qui nous échoit, qui ne dépend pas de nous. La définition académique du bonheur est « aspiration commune à tous, état durable de satisfaction et de plénitude ». Bon, dans bonheur suggère l’idée d’un bien. Mais s’agit-il de l’agréable ou du bien moral ?

Satisfaire : Obtenir ou réaliser l’objet du désir. Agir de façon à contenter un désir, un besoin

Désir : Le désir est la recherche d’un objet que l’on imagine ou que l’on sait être source de satisfaction. Il est donc accompagné d’un sentiment de manque ou de privation. Pourtant, le désir entretient avec l’objet désiré une relation ambivalente : se déplaçant d’objets en objets, il est condamné à l’insatisfaction.

Le problème se pose donc entre la réalisation de mon désir et mon bonheur :

Pour la doxa, la réponse au problème posé est oui. Satisfaire ses désirs procure du plaisir, en satisfaire le plus possible, voire la totalité, nous conduirai vers cet état de plénitude qu’est le bonheur. Pourtant, certaines questions méritent d’être posées : - Est-ce que ce que je désire maintenant m’apportera une satisfaction durable, ou aurais-je besoin de toujours désirer pour rester dans cet état de bonheur ? - Est-ce que je subis mon désir ou naît-il de ma volonté d’être heureux ? - Le bonheur doit-il être vu comme obligatoirement entier et complet ? - Dois-je considérer tout désir comme légitime et réalisable ou les faire passer par le filtre de ma conscience ?

Introduction

Jordan Belfort, personnage principal du film Le loup de Wall Street, de Martin Scorsese, est un multimillionnaire téméraire et sans scrupule. A la tête d’une société boursière, il aurait tout pour être heureux : sa fortune lui permet d’obtenir tout ce qu’il désire : pouvoir, drogues et femme. Allant ainsi de plaisirs en plaisirs, il est persuadé qu’il va droit au bonheur. Mais lorsque ses plaisirs démesurés le conduisent en prison, peut-être réalise-t-il que satisfaire tous ses désirs ne rend pas à proprement parler, heureux. Étymologiquement, le bonheur est l’aboutissement d’une activité (du latin augurium : accroissement, bienfait accordé par les dieux à une entreprise). C’est un état de satisfaction complète et durable, auquel tout être humain aspire. On l’oppose au simple contentement et à la joie, qui sont par nature éphém

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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine

Corrigés du bac philo – filière générale : “Le bonheur est-il affaire de raison ?”

Être heureux pourrait-il relever d’une décision rationnelle ? Le bonheur n’est-il pas plutôt quelque chose vers quoi nous poussent nos sentiments et nos passions, parfois bien à rebours du raisonnable ? Suivez les pistes de Frédéric Manzini pour ce sujet des plus classiques !  Attention, le plan et la réponse suivante sont une proposition de correction : il s’agit ici de pistes possibles de traitement du sujet et non de la copie-type attendue par les correcteurs !

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  • Principales notions mobilisées par le sujet :   bonheur , raison , devoir
  • Auteurs : Aristote , Épicure , Marc Aurèle , Emmanuel Kant

Introduction

« Je dis que pour être heureux, il faut être susceptible d’illusion » , écrit Émilie du Châtelet dans son Discours sur le bonheur  (publié à titre posthume en 1779). La formule a de quoi surprendre, en particulier de la part d’une philosophe et femme de lettres qui a longuement étudié et lu de nombreux livres. Pourtant, ne nous y trompons pas : la marquise du Châtelet est elle-même parvenue à cette conclusion au terme d’une réflexion personnelle qui l’a convaincue qu’il valait mieux se prêter au jeu des apparences, sur les scènes des théâtres comme dans la vie en général, au lieu de chercher à voir ce qui se passe dans les coulisses et au risque de briser la magie du spectacle. Donc la question se pose : le bonheur est-il affaire de raison ou peut-il se nourrir d’illusions ? Quel rôle la rationalité joue-t-elle dans la quête du bonheur : n’est-elle d’aucun secours ou permet-elle de le garantir à coup sûr ?

1) Chacun cherche son propre chemin vers le bonheur de manière empirique

Dans une première perspective, l’on peut partir du constat général qu’il n’y a pas de méthode a priori ou de science universelle qui dirait comment devenir heureux. En matière de bonheur, c’est plutôt le relativisme qui triomphe : chacun essaie de l’être à sa manière, comme il peut, avec ses moyens… mais sans savoir exactement comment s’y prendre, sans théoriser ce qu’il fait, comme s’il s’agissait d’une affaire de circonstances, de hasard et de chance. Ainsi Aristote s’étonne-t-il au début de l’ Éthique à Nicomaque du fait que, si c’est universellement que tous les hommes désirent être heureux, les moyens qu’ils utilisent pour le devenir varient considérablement, comme on peut l’observer devant la diversité des genres de vies qu’ils mènent : certains vivent une vie de plaisirs, d’autres cherchent la gloire ou la richesse, d’autres enfin semblent considérer que c’est en étant vertueux qu’ils pourront toucher au bonheur. N’existe-t-il pas cependant une voie d’accès au bonheur qui soit plus fiable que toutes les autres ? Pour répondre à cette question, explique Aristote, il faudrait d’abord déterminer s’il existe une «   fonction » de l’être humain, comme il en existe pour les parties du corps ou pour les différents métiers qui servent à quelque chose et répondent à un besoin précis.

2) La philosophie comme réflexion rationnelle sur le bonheur

La philosophie elle-même peut néanmoins, surtout pendant l’Antiquité, être conçue comme la réflexion visant à combler ce manque, pour s’efforcer de définir les conditions rationnelles d’un accès au bonheur.

Il en va ainsi de l’épicurisme en particulier, qui vise à éliminer les troubles de l’âme nous empêchant d’atteindre l’ ataraxie , grâce à une analyse logique du contenu de ces troubles. La crainte des dieux ou de la mort par exemple ? À bien y réfléchir, les dieux ont sans doute d’autres préoccupations que nos petites vies, et l’on peut donc rationnellement se convaincre qu’il n’y a pas de raison de les craindre ; en ce qui concerne la mort, il suffirait de comprendre qu’elle consiste dans l’absence de sensations pour en déduire qu’elle n’est donc rien pour nous. Quant aux désirs qui nous agitent, Épicure conseille de calculer rationnellement la satisfaction que nous pouvons en tirer pour décider s’il faut essayer de s’en débarrasser ou les conserver.

De même, le stoïcisme se fonde sur une réflexion sur les causes de notre malheur, que les stoïciens imputent, non aux événements qui nous arrivent mais aux jugements que nous portons sur ces événements. Dans ses Pensées pour moi-même ,  Marc Aurèle   écrit par exemple : « Si tu es en peine à cause d’une chose extérieure, ce n’est pas cette chose qui te trouble, c’est le jugement que tu portes sur elle. Il dépend de toi de le faire disparaître. »   Il s’agit donc, pour être heureux, de comprendre la nécessité d’infléchir sa disposition intérieure.

3) La raison nous enseigne comment être digne d’être heureux, mais pas comment être heureux

Ces différentes philosophies, toutefois, nous disent moins comment être heureux que comment cesser d’être malheureux. Or il n’est pas certain qu’il suffise de supprimer toutes les causes du malheur pour être  ipso facto heureux. Sans doute celui qui est malade, pauvre, solitaire et âgé estimera-t-il que le bonheur repose sur la santé, la richesse, l’amour et la jeunesse, mais l’expérience prouve que même cela ne suffit pas. C’est le tragique paradoxe du bonheur : on peut avoir tout pour être heureux et rester profondément malheureux, comme s’il y avait quelque chose dans le bonheur d’irréductible qui échappe à toute tentative d’enfermement dans une définition.

En effet, comme l’explique Kant dans les  Fondements de la métaphysique des mœurs  (1785), le bonheur n’est jamais qu’un idéal de l’imagination et pas de la raison. Autrement dit, il est impossible de concevoir rationnellement, c’est-à-dire de connaître précisément ce qui nous rendrait heureux, et nous ne pouvons que nous l’imaginer, mais d’une manière tout à fait incertaine. L’idée de bonheur est hors de portée de la raison théorique ; tout au plus la raison pratique peut-elle nous enseigner comment être digne du bonheur, à savoir en agissant de manière morale. Mais même en méritant le bonheur, il n’est pas acquis que nous le soyons pour autant.

Ce n’est donc pas en se comportant de manière rationnelle qu’on aura la garantie de trouver le bonheur : il existe même apparemment des « imbéciles heureux » qui nous prouvent le contraire. Or peut-être ceux-là ne savent-ils pas même qu’ils sont heureux. Car avoir la lucidité de comprendre ce qui nous rend heureux ou pourquoi nous ne le sommes pas constitue déjà un grand réconfort dans notre quête en direction du bonheur. En cela, et même si elle ne peut nous conduire jusqu’au bonheur plein et entier, la raison nous place au moins sur son chemin.

Retrouvez l’ensemble des corrigés de l’épreuve du Bac philo 2023 :

➤ filière générale :.

1.  Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?

2.  Le bonheur est-il affaire de raison ?

3.  Commentaire de texte : Claude Lévi-Strauss,  La Pensée sauvage

➤ Filière technologique :

1.  L’art nous apprend-il quelque chose ?

2.  Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?

3.  Commentaire de texte : Adam Smith,  Théorie des sentiments moraux

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  • Philosophie bac 2025
  • La morale et la politique, bac 2025

Le bonheur, philosophie- Peut-on être heureux sans être libre? En étant injuste? Pour trouver le bonheur,faut-il le chercher?

Qu'est-ce que le bonheur définir pour problématiser -l’eudémonisme antique -conception aristotélicienne , épicurienne,stoïcienne-le bonheur est-il la satisfaction de tous les désirs platon, gorgias-, faut-il préférer la vérité à son bonheur les lois peuvent-elles faire le bonheurprogramme bac de philosophie 2024.

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Qu'est-ce que le bonheur? Définir pour problématiser

Etymologiquement :

Etymologiquement,  bonheur  fait référence à  « la chance, au hasard. »   vient de l’expression « bon eür ». « Eür » est issu du latin augurium qui signifie  « chance », c’est l’appui des dieux.

Le bonheur, c'est en français la chance, mais aussi l'état de la conscience pleinement satisfaite. (Dictionnaire Le Robert).

On distinguera le bonheur de la joie ou du plaisir : le bonheur renvoie à un état de satisfaction durable (une joie peut être éphémère) et profond (un plaisir peut être superficiel).

Si l'on définit le bonheur par sa durée, quels problèmes pose cette définition? 

 Le bonheur est-il une illusion? 

Dépend t'-il de nous d'être heureux? 

Autrui peut-il faire mon bonheur? 

Le bonheur est défini comme un état durable de satisfaction de tous les désirs . Est heureux celui qui ne souffre plus d’aucun manque ou frustration ( désir insatisfait), ni d’aucune angoisse (peur qu’un désir se trouve insatisfait). (Voir la doctrine épicurienne du bonheur, selon laquelle le bonheur est un état de “plénitude”, où ne subsiste aucun trouble de l’âme ni du corps.)

Mais le bonheur est difficile à définir dans la mesure où il est une affaire individuelle voici ce qu’en dit le philosophe  Blaise Pascal  :  « Tous les hommes recherchent d’être heureux ; cela est sans exception ; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre, et que les autres n’y vont pas, est ce même désir, qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre »   Blaise Pascal, Pensées.

Quelques définitions du bonheur

Aristote  : “S’il est vrai que le bonheur est l’activité conforme à la vertu, il est de toute évidence que c’est celle qui est conforme à la vertu la plus parfaite, c’est-à-dire celle de la partie de l’homme la plus haute. C’est l’activité de cette partie de nous-mêmes, activité conforme à sa vertu propre qui constitue le bonheur parfait”

Kant : “Le pouvoir, la richesse, la considération, même la santé ainsi que le bien-être complet et le contentement de son état, est ce qu’on nomme le bonheur”

L’eudémonisme antique - La conception aristotélicienne , épicurienne et stoïcienne - Le bonheur est le Bien suprême selon l’eudémonisme

L’eudémonisme antique

Dans la philosophie antique, le bonheur est le souverain Bien, c’est-à-dire, la fin suprême à laquelle toutes les autres fins sont subordonnées. Le bonheur par conséquent n’est pas un don. Il est en notre pouvoir. Par opposition à la pensée commune, il est nécessaire d’opposer le plaisir et le bonheur. Le plaisir est éphémère tandis que le bonheur par opposition à l’agréable est durable. Donc le plaisir et l’agréable peuvent tout au plus en être l’accompagnement.

La conception aristotélicienne , épicurienne et stoïcienne

Selon Aristote , Épicure et les stoiciens, le bonheur est durable; il n’est pas dissociable d’une vie vertueuse fondée sur la raison ;La raison est le propre de l’homme, elle doit guider ses choix.

Une vie heureuse serait par conséquent une vie conforme à la raison .

le bien pour l’homme consiste dans une activité de l’âme en accord avec la vertu, et, au cas de pluralité de vertus, en accord avec la plus excellente et la plus parfaite d’entre elles. Mais il faut ajouter : « et cela dans une vie accomplie jusqu’à son terme », car une hirondelle ne fait pas le printemps, ni non plus un seul : et ainsi la félicité et le bonheur ne sont pas davantage l’œuvre d’une seule journée, ni d’un bref espace de temps.

Aristote , Ethique à Nicomaque, I, 6

Pour Épicure, il faut régler ses désirs sur la nature. Pour les stoiciens, l’homme doit accepter l’ordre du monde. Le bonheur est une absence de trouble. Pour Aristote, le bonheur est l’activité et la vertu propres à chaque être. Celle de l’homme est de penser; une vie heureuse est une vie pleinement humaine c’est-à-dire, délivrée du besoin et tournée vers l’intelligence.

Le bonheur est le Bien suprême selon l’eudémonisme

L’eudémonisme est donc une morale qui affirme que le bonheur est le Bien suprême. Selon Aristote , le bonheur est la fin anhypothétique, elle ne suppose aucune autre fin en dehors d’elle, vis-à-vis de la vie morale. Si nous désirons santé, beauté, richesse, c’est toujours en vue du bonheur. Pour savoir en quoi consiste le bonheur qui est la fin propre, il faut noter que tout homme vise sa fin propre lorsqu’il accomplit sa fonction propre. Aristote appelle vertu cet accomplissement d’une fonction, par exemple la vertu de l’œil est de voir. La fonction de l’homme, c’est la vie selon la raison; c’est par la vertu que l’on atteint le bonheur; elle nous pousse à rechercher la juste mesure; de cette orientation théorique de l’éthique découlent des impératifs en particulier celui-ci :

Une notion grecque , le kairos , le moment opportun

Cela suppose le respect du kairos : le moment opportun. Il faut savoir choisir le bon moment pour agir car il y a mille façons de mal faire tandis qu’il n’y en a qu’une pour bien faire. Le bonheur n’est pas le même pour tous car le choix de la juste mesure en quoi consiste la vertu dépend des circonstances dans lesquelles on se trouve et de la nature de chacun.

La conception épicurienne et stoicienne

L’ eudémonisme d ’ Épicure et des stoiciens est plus subjectif; le bonheur est la possession des biens mais il ne dépend pas de nous de les posséder. C ’ est pourquoi le stoïcisme conseille de vouloir ce qui arrive. Seul le sage est heureux, c ’ est un épicurien car il sait régler ses désirs. « ? Il faut changer ses désirs plutôt que l ’ ordre du monde ? », est la citation qui illustre le mieux la conception épicurienne du bonheur. Ne désirant que ce qu ’ il peut obtenir, l ’ homme ne manque pas d ’obtenir ce qui désire .  Pour les stoïciens, le sage est celui qui met en conformité ses actions avec l’ordre de la nature. Le stoïcisme vise lui aussi l’ataraxie mais par la vertu et la raison. 

Epicure, Texte 1

Il faut se rendre compte que parmi nos désirs les uns sont naturels, les autres vains, et que parmi les premiers il y en a qui sont nécessaires et d’autres qui sont naturels, seulement. Parmi les nécessaires il y en a qui le sont pour le bonheur, d’autres pour la tranquillité continue du corps, d’autres enfin pour la vie même. Une théorie non erronée de ces désirs sait en effet rapporter toute préférence et toute aversion à la santé du corps et à la tranquillité de l’âme, puisque c’est la perfection même de la vie heureuse. Car tous les actes visent à écarter de nous la souffrance et la peur. Lorsqu’une fois nous y sommes parvenus, la tempête de l’âme s’apaise, l’être vivant n’ayant plus besoin de s’acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni de chercher autre chose pour parfaire le bien de l’âme et celui du corps. C’est alors en effet que nous éprouvons le besoin du plaisir quand, par suite de son absence, nous éprouvons de la douleur ; mais quand nous ne souffrons pas, nous n’éprouvons plus le besoin du plaisir. Et c’est pourquoi nous disons que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. C’est lui en effet que nous avons reconnu comme bien principal et conforme à notre nature, c’est de lui que nous partons pour déterminer ce qu’il faut choisir et ce qu’il faut éviter, et c’est à lui que nous avons finalement recours lorsque nous nous servons de la sensation comme d’une règle pour apprécier tout bien qui s’offre. 

Epicure, Lettre à Ménécée

Epicure, texte 2

Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n’est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d’une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l’immortalité.(…) Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus d’horreur, la mort, n’est rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n’est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. Mais la multitude tantôt fuit la mort comme le pire des maux, tantôt l’appelle comme le terme des maux de la vie. Le sage, au contraire, ne fait pas fi de la vie et il n’a pas peur non plus de ne plus vivre : car la vie ne lui est pas à charge, et il n’estime pas non plus qu’il y ait le moindre mal à ne plus vivre. De même que ce n’est pas toujours la nourriture la plus abondante que nous préférons, mais parfois la plus agréable, pareillement ce n’est pas toujours la plus longue durée qu’on vent recueillir, mais la plus agréable. Quant à ceux qui conseillent aux jeunes gens de bien vivre et aux vieillards de bien finir, leur conseil est dépourvu de sens, non seulement parce que la vie a du bon même pour le vieillard, mais parce que le soin de bien vivre et celui de bien mourir ne font qu’un.

Texte  Epictète

Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l’opinion, la tendance, le désir, l’aversion, en un mot toutes nos oeuvres propres ; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considération, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos oeuvres propres. Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave ; celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves*, facilement empêchées, propres à autrui. Rappelle-toi donc ceci : si tu prends pour libres les choses naturellement serves, pour propres à toi-même les choses propres à autrui, tu connaîtras l’entrave, l’affliction, le trouble, tu accuseras dieux et hommes ;mais si tu prends pour tien seulement ce qui est tien, pour propre à autrui ce qui est, de fait, propre à autrui, personne ne te contraindra jamais ni ne t’empêchera, tu n’adresseras à personne accusation ni reproche, ni ne feras absolument rien contre ton gré, personne ne te nuira ; tu n’auras pas d’ennemi ; car tu ne souffriras aucun dommage.  Toi donc qui poursuis de si grands biens, rappelle-toi qu’il faut, pour les saisir, te remuer sans compter, renoncer complètement à certaines choses, et en différer d’autres pour le moment. Si, à ces biens, tu veux joindre la puissance et la richesse, tu risques d’abord de manquer même celles-ci, pour avoir poursuivi ceux-là, et de toute façon tu manqueras assurément les biens qui seuls procurent liberté et bonheur. Aussi, à propos de toute idée pénible, prends soin de dire aussitôt : « Tu es une idée, et non pas exactement ce que tu représentes. » Ensuite, examine-la, éprouve-la, examine-la selon les règles que tu possèdes, et surtout selon la première, à savoir : concerne-t-elle les choses qui dépendent de nous ou celles qui ne dépendent pas de nous ? Et si elle concerne l’une des choses qui ne dépendent pas de nous, que la réponse soit prête : « Voilà qui n’est rien pour moi. »

Épictète, Manuel I 

LE STOICISME ET L’EPICURISME :

Similitudes et différences : Le but de ces deux philosophies est le bonheur, la sérénité, la tranquillité de l’âme.

Le bonheur est-il la satisfaction de tous les désirs? Platon, Gorgias

Platon, disciple de Socrate, se détourne de sa carrière politique à la mort de son maitre. Pour lui, le monde sensible est faux et laid. Seul le monde intelligible, celui des Idées, mérite notre attention.  Platon dans le Gorgias utilise  le dialogue, comme dans la plupart de ses œuvres.

Dans ce dialogue extrait du Gorgias, Platon fait dialoguer Calliclès et Socrate qui s’opposent sur la conception du bonheur… C’est évidemment le point de vue de Socrate que défend Platon.

CALLICLÈS  – si on veut vivre comme il faut, il faut laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, au lieu de les réprimer. Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et son intelligence au service de si grandes passions  et de les assouvir, elles et tous les désirs qui les accompagnent. Mais cela n’est pas, je suppose, à la portée de tout  le monde. C’est pourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi, gênée qu’elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à le faire. La masse déclare donc bien haut que l’intempérance est une vilaine chose.  C’est ainsi qu’elle réduit à l’état d’esclave les hommes dotés d’une plus forte nature que celle des hommes de la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapables de se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louange de la tempérance et de la justice à cause de leur propre lâcheté. Car pour ceux qui ont hérité du pouvoir ou qui sont dans la capacité de s’en emparer (…), pour ces hommes-là, qu’est-ce qui serait plus mauvais que la tempérance ? ce sont des hommes qui peuvent jouir de leurs biens, sans que personne n’y fasse obstacle (…) La vérité, que tu prétends chercher, Socrate, la voici : si la vie facile, l’intempérance, et la liberté de faire ce qu’on veut, demeurent dans l’impunité, ils font l’excellence et le bonheur. Tout le reste, ce ne sont que de belles idées, des conventions faites par les hommes et contraires à la nature, rien que des paroles en l’air, qui ne valent rien.                                                                                          

SOCRATE — Ce n’est pas sans noblesse, Calliclès, que tu as exposé ton point de vue, tu as parlé franchement. Toi, en effet, tu as exposé clairement ce que les autres pensent  mais ne veulent pas dire. Je te demande donc de ne céder à rien, en aucun cas ! Comme cela, le genre de vie qu’on doit avoir paraîtra tout à fait évident. Alors expliques-moi : tu dis que, si l’on veut vivre tel qu’on est, il ne faut  pas réprimer ses passions, aussi grandes soient-telles, mais se tenir prêt à les assouvir par tous les moyens. Est-ce bien en cela que consiste [le bonheur et] l’excellence ?                                

CALLICLÈS-  Oui, je l’affirme !                                                                                                                                                                              

SOCRATE-  On a donc tort de dire que ceux qui n’ont besoin de rien sont heureux.                                                        

CALLICLÈS-  Oui, car, à ce compte, les pierres et les cadavres seraient très heureux.                                                               

SOCRATE  -Mais, tout de même, la vie dont tu parles, c’est une vie terrible ! 

(…) D’ailleurs, un sage  fait remarquer que, de tous les êtres qui habitent l’Hadès, le monde des morts, -là il veut parler du monde invisible- les plus malheureux seraient ceux qui, n’ayant pu être initiés, devraient à l’aide d’une écumoire apporter de l’eau dans une passoire percée. Avec cette écumoire, tou­jours d’après ce que disait l’homme qui m’a raconté tout cela, c’est l’âme que ce sage voulait désigner.  Oui, il comparait l’âme de ces hommes à une écumoire, l’âme des êtres irréfléchis est donc comme une passoire, incapable de rien retenir à cause de son absence de foi et de sa capacité d’oubli.

Ce que je viens de te dire est, sans doute, assez étrange; mais, pourtant, cela montre bien ce que je cherche à te faire comprendre. Je veux te convaincre, pour autant que j’en sois capable, de changer d’avis et de choisir, au lieu d’une vie déréglée, que rien ne comble, une vie d’ordre, qui est contente de ce qu’elle a et qui s’en satisfait.

Platon, Gorgias

Le bonheur, un idéal de l’imagination - Le christianisme et le kantisme - Le bonheur kantien est l’aboutissement historique du christianisme.

Le bonheur, un idéal de l’imagination

Nous devons pour répondre à la question, poser les difficultés pour définir ce concept de bonheur. Il n’y a pas de définition universelle possible car il n’est pas valable pour tous de la même façon. La définition est donc relative . Il échappe à la simple volonté. Pour Kant, c’est un idéal non de la raison mais de l’imagination donc il est impossible de le poser comme fin d’une action morale. Il est en conséquence impossible d’être heureux sans être vertueux et vertueux en étant malheureux. L’action morale n’est pas celle qui rend l’homme heureux mais celle qui le rend digne de l’être.

“[…] le malheur est que le concept* du bonheur soit un concept tellement indéterminé’ que, même si tout homme désire d’être heureux, nul ne peut jamais dire pourtant avec précision et en restant cohérent avec soi-même ce que vraiment il souhaite et veut. […]

[…] S’il veut la richesse, combien de soucis, quelle envie et que d’embûches ne risque-t-il pas d’attirer ainsi sur sa tête! S’il veut beaucoup de connaissances et de discernement, peut-être cela ne pourra-t-il que se transformer en un regard d’autant plus aiguisé pour lui montrer d’une façon seulement d’autant plus effrayante les maux qui jusqu’ici restent encore dissimulés à ses yeux et qui ne sauraient pourtant être évités, à moins que cela ne fasse que charger d’encore plus de besoins ses désirs, qu’il a déjà bien assez de difficulté à satisfaire. S’il veut une longue vie, qui va lui soutenir que ce ne serait pas là une longue misère ? S’il veut du moins la santé, combien de fois les ennuis physiques l’ont-ils préservé d’excès où l’aurait fait tomber une pleine santé, etc. Bref, il est incapable de déterminer selon un principe’ avec une complète certitude ce qui le rendrait vraiment heureux, — car pour cela l’omniscience serait indispensable. […J le bonheur est un idéal, non pas de la raison*, mais de l’imagination”.

Emmanuel KANT, Métaphysique des moeurs, t. I, Fondation (1785) 

Le christianisme et le kantisme

le christianisme condamne le bonheur et pose le salut de l’âme comme la seule fin digne d’un chrétien . St Just pose le bonheur comme un droit par opposition au christianisme . St Just considère que tous les hommes doivent être délivrés du besoin afin que chacun puisse rechercher son bonheur. C’est une exigence de justice que l’état doit satisfaire. Il s’agit de confier à l’état la charge du bonheur de chacun à travers la définition d’un bonheur commun : est-ce une utopie?

Avec le christianisme , l’idée grecque d’un bonheur assuré par la rationalité de l’action selon la juste mesure est éliminée; le bonheur n’est pas de ce monde; il faut s’occuper du salut de l’âme et non du bonheur concret de l’homme. L’homme ne tire pas le bonheur de lui-même mais d’une force en lui : la grâce divine . L’idéal chrétien ne recherche pas les impératifs du bonheur mais en fait une espérance, c’est le royaume des cieux.

Le bonheur kantien est l’aboutissement historique du christianisme.

Le bonheur est l’état dans le monde d’un être raisonnable à qui dans le cours de son existence, tout arrive selon son souhait et sa volonté. La moralité de nos actions ne peut consister en ce qu’elles nous procurent le bonheur. La diversité des mobiles est telle qu’il n’y aurait pas de loi morale. Pour cette raison , la moralité est indépendante des fins empiriques de l’action. A l’inverse, le bonheur ne peut pas découler de la moralité de nos actions, c’est-à-dire, de notre vertu puisque celle-ci ne consistant pas à vouloir quelque fin déterminée mais agis par respect de la loi morale, elle n’a aucun rapport nécessaire avec le bonheur dont la réalisation suppose qu’on agisse d’après la connaissance des lois naturelles. La seule possibilité de lier vertu et bonheur consiste à supposer l’immortalité de l’âme, l’existence de Dieu et un monde intelligible., il nous faut poser le royaume de Dieu dans lequel la sagesse divine rend possible l’harmonie de la volonté et de l’ordre des choses. Cela fait du bonheur la conséquence de la vertu.

La morale n’est pas la discipline qui nous enseigne comment être heureux mais comment nous devons nous rendre dignes du bonheur. Le point commun entre le kantisme et le christianisme est le suivant :

Ils font du bonheur une valeur morale

L'homme a le droit au bonheur, Déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique, 1776

Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu’une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l’abolir et d’établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l’organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur.

Déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique, 1776

Mais le bonheur n'est pas la seule valeur - Jean Anouilh, Antigone, 1944

ANTIGONE, doucement : – Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu’elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents sont petit lambeau de bonheur ? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre ? Qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ?

CRÉON hausse les épaules : – Tu es folle, tais-toi.

ANTIGONE : – Non, je ne me tairai pas. Je veux savoir comment je m’y prendrai, moi aussi, pour être heureuse. Tout de suite, puisque c’est tout de suite qu’il faut choisir. Vous dites que c’est si beau la vie. Je veux savoir comment je m’y prendrai pour vivre.

CRÉON : – Tu aimes Hémon ?

ANTIGONE : – Oui, j’aime Hémon. J’aime un Hémon dur et jeune ; un Hémon exigeant et fidèle, comme moi. Mais […] s’il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s’il doit apprendre à dire « oui », lui aussi, je n’aime plus Hémon !

CRÉON : – Tu ne sais plus ce que tu dis. Tais-toi.

ANTIGONE : – Si, je sais ce que je dis, mais c’est vous qui ne m’entendez plus. Je vous parle de trop loin maintenant, d’un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre sagesse, votre ventre. (Elle rit.) Ah ! je ris, Créon, je ris parce que je te vois à quinze ans, tout d’un coup ! C’est le même air d’impuissance et de croire qu’on peut tout. La vie t’a seulement ajouté tous ces petits plis sur le visage et cette graisse autour de toi.

CRÉON la secoue : – Te tairas-tu, enfin ?

ANTIGONE : – Pourquoi veux-tu me faire taire ? Parce que je sais que j’ai raison ? Tu crois que je ne lis pas dans tes yeux que tu le sais ? Tu sais que j’ai raison, mais tu ne l’avoueras jamais parce que tu es en train de défendre ton bonheur en ce moment comme un os.

CRÉON : – Le tien et le mien, oui, imbécile !

ANTIGONE : – Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent.

Jean Anouilh, Antigone, 1944

Avec ses théories sur l’inconscient, Freud montre que l’homme «n’est pas maître en sa propre maison»

La découverte de l'insconscient 

Ce qu’on nomme bonheur, au sens le plus strict, résulte d’une satisfaction plutôt soudaine des besoins ayant atteint une haute tension, et n’est possible de par sa nature que sous forme de phénomène épisodique. Toute persistance d’une situation qu’a fait désirer le principe de plaisir* n’engendre qu’un bien-être assez tiède ; nous sommes ainsi faits que seul le contraste est capable de nous dispenser une jouissance intense, alors que l’état en lui-même ne nous en procure que très peu. Ainsi nos facultés de bonheur sont déjà limitées par notre constitution. Or, il nous est beaucoup moins difficile de faire l’expérience du malheur. La souffrance nous menace de trois côtés : dans notre propre corps qui, destiné à la déchéance et à la dissolution, ne peut même se passer de ces signaux d’alarme que constituent la douleur et l’angoisse ; du côté du monde extérieur, lequel dispose de forces invincibles et inexorables pour s’acharner contre nous et nous anéantir ; la troisième menace enfin provient de nos rapports avec les autres êtres humains. La souffrance issue de cette source nous est plus dure peut-être que tout autre ; nous sommes enclins à la considérer comme un accessoire en quelque sorte superflu, bien qu’elle n’appartienne pas moins à notre sort et soit aussi inévitable que celle dont l’origine est autre.

Sigmund FREUD , Le Malaise dans la culture (1930) 

Nietzsche, le devenir éternel. Vivre chaque instant de notre vie avec l’idée suivante : accepterais-je de le revivre ?

Admettons que nous soyons destinés à revivre éternellement ce que nous vivons aujourd’hui: que penserions-nous de cette perspective? De notre réponse dépendra  notre présent. « Et si un jour ou une nuit, un démon se glissait furtivement dans ta plus solitaire solitude et te disait: «Cette vie, telle que tu la vis et l’a vécue, il te faudra la vivre encore une fois et encore d’innombrables fois; et elle ne comportera rien de nouveau, au contraire, chaque douleur et chaque  plaisir et chaque pensée et soupir et tout ce qu’il y a dans ta vie d’indiciblement petit et grand doit pour toi revenir, et tout suivant la même succession et le même enchaînement – et également cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et également cet instant et moi-même. Un éternel sablier de l’existence est sans cesse renversé, et toi avec lui, poussière des  poussières! » – Ne te jetterais-tu pas par terre en grinçant des dents et en maudissant le démon qui parla ainsi ? Ou bien as-tu vécu une fois un instant formidable où tu lui répondrais: « Tu es un dieu et jamais je n’entendis rien de plus divin!» Si cette pensée s’emparait de toi, elle te métamorphoserait, toi, tel que tu es, et, peut-être, t’écraserait; la question, posée à  propos de tout et de chaque chose, «veux-tu ceci encore une fois et encore d’innombrables fois?» ferait peser sur ton agir le poids le plus lourd! Ou combien te faudrait-il aimer et toi-même et la vie pour ne plus aspirer à rien d’autre qu’à donner cette approbation et apposer ce sceau ultime et éternel ?

  Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir

Citations sur le thème du bonheur pour un devoir type bac

Spinoza : « ? il n’ est pas de plus grand bonheur que de comprendre et de penser ? »

St Just : « ? le bonheur est une idée neuve ? »

Descartes : « ? il faut changer ses désirs plutôt que l’ ordre du monde ? »

Aristote : « ? le propre de l’ homme est l ’ activité de l ’ âme en conformité avec la vertu ? »

Épicure « ? la plaisir est la fin de la vie ? ».

Leibniz :“ Notre bonheur ne consistera jamais dans une pleine jouissance, où il n’y aurait plus rien à désirer; mais dans un progrès perpétuel à de nouveaux plaisirs et de nouvelles perfections ”

Sujets corrigés bac 

Peut-on être heureux sans être libre.

Le bonheur prime t’-il sur la liberté? L’homme peut préférer sa liberté au bonheur qui peut aussi en être la condition de possibilité. Les hommes veulent tous atteindre le bonheur, la liberté et le bonheur sont deux concepts difficiles à définir.

Peut-on être heureux sans être libre? Il semblerait que la liberté soit la condition de possibilité du bonheur.

1.Etre libre n'est pas vivre selon ses désirs. Le bonheur est absence de trouble

Selon Aristote, Épicure et les stoiciens, le bonheur est durable; il n’est pas dissociable d’une vie vertueuse fondée sur la raison;La raison est le propre de l’homme, elle doit guider ses choix.

Une vie heureuse serait par conséquent une vie conforme à la raison.

Pour Épicure, il faut régler ses désirs sur la nature. Pour les stoiciens, l’homme doit accepter l’ordre du monde. Le bonheur est une absence de

trouble. Pour Aristote, le bonheur est l’activité et la vertu propres à chaque être. Celle de l’homme est de penser; une vie heureuse est une vie pleinement humaine c’est-à-dire, délivrée du besoin et tournée vers l’intelligence.

L’eudémonisme d’Épicure et des stoiciens est plus subjectif; le bonheur est la possession des biens mais il ne dépend pas de nous de les posséder. C’est pourquoi le stoïcisme conseille de vouloir ce qui arrive. Seul le sage est heureux, c’est un épicurien car il sait régler ses désirs. «??Il faut changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde??», est la citation qui illustre le mieux la conception épicurienne du bonheur. Ne désirant que ce qu’il peut obtenir, l’homme ne manque pas d’obtenir ce qui désire.

II - Il est nécessaire d'être libre pour être heureux à condition que nous soyons maître de nous-même

L'homme peut-il être heureux en étant asservi? Privé de sa liberté, l'homme se voit démuni, défait de son humanité, privé de essence. Un prisonnier réduit à vivre sa condition ne peut ressentir le bonheur, le goût pour la vie dont il a été privé. Sans liberté, pas de bonheur possible. L'homme ne peut s'accomplir et réaliser son essence d'homme qu' en exercant sa liberté de choix.

Le bonheur prime t’-il sur la liberté? L’homme peut préférer sa liberté au bonheur qui peut aussi en être la condition de possibilité.

Sartre : Les Justes : l’idéologie peut-être notre raison de vivre, notre liberté au combat et pour l’idée : vivre libre ou mourir; Préférer rester fidèle en acte de nos convictions politiques et idéologiques. Préférer la mort au renoncement à ses idées.

Si la liberté est un moyen d’atteindre le bonheur, les conséquences nous éclairent sur la question :

Le travail devient un moyen d’atteindre le bonheur car il sert à être heureux

Il en va de même pour les valeurs morales : ne pas tuer autrui par exemple, aider son prochain : la solidarité, le partage l’entraide sont des valeurs valorisantes pour l’homme en quête de reconnaissance et d’accomplissement : il y a de l’épanouissement et du bien-être de l’homme.

La liberté devient un moyen d’être heureux

Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?

Les distinctions conceptuelles qu'il nous faudra travailler et développer dans notre dissertation :

Vivre / et Bien-vivre (Aristote)

Bonheur (durable) / plaisir (sur l'instant)

Besoins / désirs

Il serait intéressant d'analyser le terme « faut-il » qui renvoie à une nécessité, une exigence.

Le questionnement  s'organise donc autour de la relation entre l'Homme et le Bonheur.

Reformulation du sujet :

Pouvons-nous trouver le bonheur sans l'avoir cherché ?

Pour être heureux, doit-on rechercher le bonheur ?

Problématisation:

Le sujet de la dissertation interroge  le fait qu'il faille rechercher le bonheur pour le trouver . Cela questionne aussi l'élan de l'Homme dans sa recherche du bonheur. Il soulève les questions suivantes :

Est-il nécessaire de rechercher le bonheur pour être heureux ?

Est-on obligé de rechercher le bonheur pour l'avoir ?

Plan possible : Pour trouver le bonheur, faut-il le rechercher ?

I. La recherche du bonheur est propre à la vie Humaine

A. Les animaux connaissent l'agréable et le douloureux mais pas le bien et le mal. Alors que l'Homme est un être politique qui se fédère en Cité autour de valeurs comme le bien et le Mal , le juste et l'injuste . La fin de toute cité est le Bonheur comme la fin ultime de toutes les actions de l'Homme est le Bonheur. Ainsi nous pouvons dire que toute la vie de l'Homme a comme but la recherche du bonheur.

B. Pour la philosophie le « Souverain Bien » se travaille Les Stoïciens, pour trouver le bonheur, il faut atteindre la paix de l'âme ou « ataraxie »

II. Trouver le Bonheur, un travail sur ses désirs

A. L'Homme est un être de désirs. Le caractère illimité du désir fait qu'il est un obstacle pour le bonheur car il laisse l'Homme dans un état constant d'insatisfaction et de manque. Ainsi pour trouver le bonheur il est nécessaire de chercher à les maîtriser.

B. Par exemple, chez les Epicuriens, pour trouver le bonheur il faut satisfaire seulement ses désirs essentiels.

III. Le Bonheur est inatteignable mais...

A. Le Bonheur est inatteignable car nous sommes des êtres de désirs et nos désirs sont illimités. Platon l'illustre avec l'exemple du tonneau percé

B. Cependant, il faut distinguer plaisir et joie. La joie est un état durable. C'est selon Bergson, une création de soi par soi.

Peut-on être heureux en étant injuste ?

Définitions : 

"heureux" : le bonheur est un état de satisfaction prolongée, ce qui le distingue du plaisir, simplement momentané.

"injuste" : qui commet des injustices envers les autres.

"pouvoir" : possibilité accidentelle ou possibilité essentielle ?

Problématique : Est-il possible dans les faits d'être heureux tout en contrvenant à la loi, ou bien le bonheur nécessite-t-il le respect de la loi morale ?

I L'inquiétude résultant de l'infraction à la loi empêche le sujet d'être heureux.

A) Difficulté à s'accorder sur une définition de ce qu'est être injuste. Celle qui semble être la plus objectivement déterminable c'est l'infraction de la loi de son pays.

B) Or, l'infraction à la loi de son pays met le sujet au devant de sanctions. Le droit qui fonde l'institution judiciaire est en effet par essence contraignant. Cf Kelsen, Théorie pure du droit. La peur de la sanction empêche les hommes d'être heureux.

II Il est possible d'être heureux bien que l'on commette des actions injustes.

A) Le bonheur ne peut être défini comme la seule absence de sanctions extérieures, il doit posséder un contenu positif. Satisfaire ses désirs semble être un moyen d'accéder au bonheur.

B) Or, être injuste permettant de satisfaire ses désirs sans prendre garde à autrui qui pourrait limiter la satisfaction des désirs. Cf Calliclès dans le Gorgias de Platon.

III Seul la recherche de l'action juste mène nécessairement au bonheur. 

A) La satisfaction des désirs est elle-même infinie et ne peut pas conduire au bonheur. Le désir est toujours ou bien manqué ou bien nous étouffe. Cf Sénèque

B) La raison ne peut se contenter d'une voie d'accès accidentelle au bonheur. Seul la recherche de l'action juste permet une nécessité du bonheur, grâce à la satisfaction du respect de la loi morale. Cf Kant, Critique de la raison pratique.

L'Enracinement une philosophie morale et politique. L'Enracinement Simone Weil

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Date de dernière mise à jour : 01/08/2023

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Commentaire / Dissertation

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Dissertation, « Le bonheur est-il affaire de raison ? », sujet de métropole, juin 2023

Introduction, i. la raison ne saurait nous rendre heureux, 1.  le bonheur est une affaire d'imagination, 2. la raison nous empêche même d'être heureux, 3. le bonheur, une affaire de désir, ii. le bonheur est affaire de conditions matérielle, 1. de la raison au plaisir, 2. le bonheur, une affaire de conditions matérielles d'existence, 3. le bonheur est affaire d'organisation sociale de la vie, iii. la raison actualise le bonheur, 1. le bonheur est affaire d'un plaisir raisonné, 2. sans raison, pas de sagesse ; sans sagesse, pas de bonheur, 3. la raison permet de se juger heureux.

Tutoriel n°5 (étude de texte / Terminales STT-STI) : plan d’une dissertation, pour l’étude de texte

Dans le Tutoriel n°4 , je vous ai proposé une problématique, des définitions des termes, ainsi que des idées de réflexion, pour le sujet : « Sommes-nous responsables de notre bonheur ? » Dans ce Tutoriel, je vous montre comment rédiger une introduction, organiser vos idées, en fonction d’un plan et rédiger une conclusion sur ce sujet. J’en profite également pour vous rappeler les principales consignes à respecter, pour faire une dissertation de philosophie.

L’introduction de votre dissertation

Consignes générales.

Même si la dissertation proposée dans l’étude de texte est nécessairement moins longue qu’une « vraie » dissertation en quatre heures, il vous faut rédiger une introduction, selon la même structure : – une amorce (pour introduire le sujet, c’est-à-dire justifier pourquoi on se pose cette question);

– le sujet (réécrivez le bien tel quel, sans changer un mot) – votre problématique (nous sommes bien d’accord qu’il s’agit d’une question différente du sujet, au cas où cela ne serait pas encore clair pour vous !)

Introduction proposée

Dans l’ Odyssée Ulysse, de retour de la guerre de Troie, est retenu loin de sa patrie Ithaque, par la colère du Dieu Poséidon. En même temps, il a pour protectrice la déesse Athéna, qui l’aide dans son retour. Les Anciens considéraient que le bonheur humain était dépendant de la volonté des dieux ou même du Destin. Cependant, les progrès de la raison nous font aujourd’hui penser que « la destinée » n’y est pour rien dans notre bonheur et que cet état de pleine satisfaction se construit par notre propre volonté. Sommes-nous alors responsables de notre bonheur ? La réalisation de cet état dépend tout d’abord de notre volonté. Toutefois, nous pouvons rencontrer des obstacles, que nous n’avions pas prévus ou que nous ne pouvons pas surmonter. Le problème qui se pose est donc le suivant : comment pouvons-nous nous estimer maîtres de notre bonheur, alors qu’il repose, en partie, sur ce qui ne dépend pas de nous ?

Le plan de la dissertation

Principales consignes à respecter.

Là encore, la rédaction du développement de votre dissertation sera moins longue que celle d’une « vraie » dissertation en 4 heures. Cependant, il vous faut en respecter les principales règles du jeu :

Dans chaque partie : – Proposez au moins trois idées différentes par parties (pour qu’il y ait du « contenu »); – Faites toujours suivre vos idées par un ou plusieurs arguments qui la justifie; – Analysez un exemple, pour illustrer une idée (mais ne donnez jamais un exemple pour chaque idée, car cela alourdirait trop votre propos); – Pensez à bien articuler vos idées entre elles, selon une logique qui fasse progresser la réflexion, pour éviter de les juxtaposer.

Structure du plan global Faites attention à ne pas faire la caricature d’un plan, en proposant le pour et le contre (Certains pensent que … D’autres pensent que…). Quand vous commencez à rechercher votre plan, en fonction des idées que vous avez trouvées, demandez-vous à quelle conclusion vous voulez aboutir. Allez-vous plutôt répondre OUI à la question posée ou NON ? Quand vous avez déterminé votre opinion à ce sujet, alors vous pouvez procéder de deux manières, pour l’organisation de votre plan.

1) Le plan « de base » (à choisir, si vraiment vous avez des difficultés avec la dissertation de philosophie !) I. Définition des termes du sujet II Le bonheur semble dépendre de circonstances indépendantes de nous. III Néanmoins, nous sommes bien responsables de notre bonheur.

Entre nous, pour m’exprimer familièrement, mais selon une image que vous comprendrez facilement : ce plan « ne casse pas trois pattes à un canard ». Seulement mon expérience de correctrice au Baccalauréat Technologique m’indique que peu de copies vont jusque là. Si vous faites l’effort de rédiger des définitions précises, de mettre différentes idées avec leurs arguments et d’analyser un exemple, en fonction de votre réflexion, alors le correcteur le remarquera et valorisera la notation de votre copie.

2) Le plan « plus subtil » (à recommander)

Si vous arrivez à bien voir que les termes du sujet ont plusieurs sens (ce qui arrive très souvent), alors vous pouvez faire jouer votre plan, sur ces sens, en réfléchissant au sujet, dans les différentes parties, selon les différents sens des termes.

I. Si le bonheur se définit comme un état où tous nos désirs sont comblés, alors nous ne pouvons pas en être responsables, car il dépendra toujours de circonstances extérieures à nous (Remarque : j’utilise ici le premier sens du terme « bonheur »)

II Par contre, si le bonheur se définit comme la satisfaction de désirs toujours nouveaux, alors (à condition certes de rester mesurés), nous en sommes bien responsables. (Remarque : j’utilise ici le deuxième sens du terme « bonheur »)

III Cependant, il est facile de rejeter la responsabilité de notre malheur, sur autrui : comment faire alors pour garder la pleine responsabilité de notre bonheur, quoi qu’il nous arrive ? (Remarque : ici je prends le terme « responsabilité » en son deuxième sens.)

Plan proposé (attention il ne s’agit pas d’un développement entièrement rédigé)

§1 Le bonheur est défini comme un état de pleine satisfaction. Cette pleine satisfaction est obtenue, quand nous ne ressentons plus aucun manque. Tous nos désirs sont alors satisfaits. En règle générale, ces désirs portent sur des biens matériels, comme l’argent, ou sur ce qui satisfait notre ego (comme la gloire, le pouvoir). Dans ce cas, pouvons-nous être responsables de notre bonheur ?

§2 Affirmer que nous sommes responsables de notre bonheur, c’est dire que nous en sommes tout d’abord les auteurs, la cause. Notre bonheur est créé par nous-mêmes, il ne dépend pas des autres ou de circonstances extérieures.

§3 Cependant que désigne exactement le pronom « nous », dans la question posée ? Ce pronom, qui est à la première personne du pluriel, peut désigner un « je » (bonheur personnel) ou bien un groupe de personnes (bonheur collectif).

§4 Or, si nous faisons reposer notre bonheur sur des biens matériels, qui sont censés combler nos manques, pouvons-nous vraiment atteindre un état de plénitude ? En effet, ces derniers dépendent, en grande partie, des autres. Exemple de la gloire qui dépend de la renommée que nous avons, auprès d’un certain public et qui peut donc disparaître très vite.

§5 De plus, nous pouvons objecter que satisfaire tous nos désirs est impossible. Ainsi, ne faut-il pas redéfinir ce qu’est le bonheur, si nous voulons en être responsables ?

§1 Le bonheur ne peut pas être un état, dans lequel nous ne ressentons plus aucun manque. Mais, la pleine satisfaction ressentie dans le bonheur vient du fait que nos manques (nos désirs qui restent à satisfaire) ne nous font pas souffrir, mais au contraire, nous stimulent pour progresser.

§2 En général, une telle conception du bonheur repose sur la recherche de biens immatériels, comme l’amour, l’amitié, les vertus morales.

§3 Nous sommes alors bien responsables de notre bonheur, car nous pouvons choisir de ne pas tomber dans des plaisirs, qui peuvent facilement conduire à des excès, pour nous tourner vers la recherche de satisfactions, qui font en même temps progresser notre être. Exemple de l’épicurisme qui rejette les désirs vains, pour nous limiter à la satisfaction des besoins nécessaires, mais nous invite aussi à cultiver l’amitié.

§4 De même, les hommes sont responsables de leur bonheur collectif, car celui-ci dépend du comportement individuel et donc des choix de chacun.

§5 Cependant, notre recherche du bonheur semble être compromise, par des événements que nous qualifions de « malheureux » et qui ne dépendent pas de nous (comme la mort d’un proche ou la maladie). Comment alors garder la pleine responsabilité de notre bonheur, quoi qu’il nous arrive ?

§1 La notion de « responsabilité » contient une nuance, par rapport à la simple notion de « cause ». « Etre responsable de », c’est devoir rendre des comptes, dans le cas où notre action manquerait son but et causerait du tort, notamment à autrui. Ainsi, être responsable de notre bonheur revient à ne pas nous chercher d’excuses ou à ne pas rejeter la faute sur autrui ou sur la « malchance », si nous ne parvenons pas à atteindre ce but.

§2 Nous sommes acteurs de notre bonheur, dans la mesure où il n’est pas produit par le destin, et dans la mesure où la chance n’y joue qu’une part minime. En effet, nous devons surtout savoir la saisir et l’utiliser, quand elle arrive.

§3 Sur le plan moral, il faut nous considérer responsables de notre bonheur (et donc aussi de notre malheur), pour ne pas chercher des excuses, quand nous tombons dans le malheur. En effet, si nous tombons dans cette facilité, alors nous perdons la maîtrise de notre bonheur.

§4 Le même raisonnement vaut sur le plan collectif : un peuple ne doit pas rendre un autre responsable de ses « malheurs », s’il veut tirer les enseignements de ce qui lui est arrivé et ainsi progresser dans la recherche de son bonheur.

§5 Bien plus, nous sommes vraiment responsables de notre bonheur, car celui-ci ne repose pas sur ce qui nous arrive ou sur ce que nous faisons, mais sur l’interprétation que nous faisons de ce qui nous arrive ou de ce que nous faisons. Exemple de Viktor Frankl, qui a été prisonnier dans un camp de concentration.

La conclusion

La conclusion de votre dissertation doit clairement répondre à la question posée et à votre problématique. Bien entendu, vous aurez sûrement à nuancer votre réponse, car les questions posées en philosophie n’admettent que rarement des réponses vraiment tranchées !

Conclusion proposée

Ainsi, nous pouvons dire que nous sommes bien responsables de notre bonheur. Autrement dit, nous pouvons et même nous devons nous estimer maîtres de notre bonheur, bien qu’il repose, en partie, sur ce qui ne dépend pas de nous. En effet, certaines circonstances qui échappent à notre maîtrise ne doivent pas être considérées comme des obstacles irrémédiables à notre bonheur. Mais, c’est à nous d’apprendre à les accepter ou de nous y adapter le mieux que nous pouvons.

Voir le sommaire de l’ensemble des tutoriels sur l’étude de texte

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